« La Seine a de la chance / Elle n’a pas de soucis / Elle se la coule douce / Le jour comme la nuit » : avec ses vers, Jacques Prévert personnifie la Seine comme l’un des principaux organes de la capitale. Ce fleuve, dont on entend tant parler, a vu défiler bien des paysages au cours de ses millénaires, que l’on propose de parcourir à travers une douzaine d’escales.
La Seine est née en 12 000 av. J.-C
La Seine serait apparue en 12 000 av. J.-C. Dans l’actuel Paris, celle-ci suivait déjà un parcours similaire, bien qu’elle traversait davantage le nord de Bercy et que certains bras secondaires ont désormais disparu, à l’instar de celui qui a été recouvert par le boulevard Saint-Germain-des-Prés.
Une étymologie encore mystérieuse
L’origine du nom « Seine » est encore bien mystérieuse. La première évocation du fleuve est retrouvée dans des écrits de Jules César datant du Ier siècle av. J.-C, avec le terme latin « Sequana ». Celui-ci résulterait d’un mélange de plusieurs mots préceltiques, ayant pu signifier « verser », « couler », ou encore « eau ». Mais, l’oralité et le brassage des langages de cette époque ne permettent pas d’attester cette historicité.
La Seine est protégée par une déesse
Si l’étymologie de la Seine reste incertaine, on sait tout de même que « Sequana » renvoie à une déesse gauloise. On peut d’ailleurs découvrir une statue à son effigie dans le nymphée construit à la source du fleuve à Source-Seine, lieu où était autrefois érigé un sanctuaire gallo-romain. Si aucune trace écrite ne permet d’estimer l’importance de la déesse Sequana chez les Gaulois, les fouilles réalisées sur le site permettent d’affirmer que le sanctuaire était un grand édifice public orné de nombreuses sculptures la représentant.
Le long de 12 départements
Lorsque l’on parle de la Seine, on songe principalement à Paris. Mais il faut savoir que ce fleuve traverse tout de même 12 départements français sur ses 777 kilomètres de long ! En réalité, la capitale est seulement abreuvée par 13 km de ce cours d’eau, qui prend sa source sur le plateau de Langres (Côte-d’Or), poursuit sa trajectoire vers l’Aube, la Marne ou l’Eure, avant de se jeter dans la Manche.
C’est l’Yonne qui traverse Paris
En suivant la trajectoire de la Seine depuis la Côte-d’Or jusqu’à la Manche, il faut aussi compter ses nombreux affluents. Or, c’est à Montereau-Fault-Yonne, dans le département de la Seine-et-Marne, que les fleuves de la Seine et de l’Yonne ont leur confluence. Dans ce cas, selon l’hydrographie, le fleuve ayant le plus fort débit est celui qui impose son nom : puisque l’Yonne détient davantage d’eau à cet endroit, on devrait donc nommer le fleuve parisien par son nom. Il faut croire que la déesse Sequana a fait une entorse à la règle !
Des rives classées à l’Unesco
Une partie des rives de la Seine a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 1991 : il s’agit des 365 hectares compris entre le pont de Sully et le pont d’Iéna, qui incluent 23 des 37 ponts de Paris donnant sur la Seine, ainsi que les îles de la Cité et Saint-Louis. Cela va de soi lorsque l’on sait que cette portion traverse plus de 2 000 ans d’histoire avec la cathédrale Notre-Dame de Paris, le Pont-Neuf ou la tour Eiffel.
La Seine a déjà atteint 8,96 mètres
C’est en 1658 que la Seine a connu la plus importante crue de son histoire, ses eaux grimpant jusqu’à 8,96 mètres de haut. Un autre épisode plus récent s’est déroulé en 1910, lorsqu’en une dizaine de jours, la Seine a atteint 8,62 mètres sur l’échelle hydrométrique du pont d’Austerlitz, ce qui a causé d’importants dégâts dans différents quartiers de la capitale. Selon la tradition parisienne, la sculpture du Zouave du pont de l’Alma est un indicateur de la montée des eaux : lorsque « le zouave a les pieds dans l’eau », la Seine est en crue – sachant qu’en 1910, elle lui montait jusqu’aux épaules. À cette époque, les pieds de la tour Eiffel étaient aussi mouillés, et les députés de l’Assemblée nationale se rendaient à leur travail… en barque !
Les Parisiens s’y baignaient
Avec l’arrivée des Jeux olympiques en 2024, le projet d’un espace de baignade dans la Seine est remis sur la table par la Ville de Paris. En effet, autrefois, les Parisiens se baignaient fréquemment dans le fleuve lors de fortes chaleurs. Des compétitions de natation y étaient organisées, tandis que certaines guinguettes proposaient de s’y rafraîchir lors de soirées arrosées. Ce n’est qu’en 1923 que la baignade est devenue interdite, pour des raisons d’hygiène et de sécurité face au trafic des bateaux.
On y lavait les chiens
De nombreux petits métiers parisiens ont été balayés par la révolution industrielle, et parmi eux, certains étaient liés de près à la Seine. Sur les quais, on pouvait voir des blanchisseuses ou des matelassières, mais aussi des laveurs de chiens ! En effet, l’ancêtre du toiletteur se trouvait au bord du fleuve, où ils lavaient, tondaient et coiffaient toute sorte de canidés, selon les souhaits de leurs propriétaires.
Elle abrite un riche écosystème
Bien que les changements climatiques, la pollution et les aménagements de la Seine modifient considérablement sa biodiversité, on compte encore une grande diversité d’espèces sauvages vivant dans ses eaux. Parmi ses oiseaux, on peut voir des hérons cendrés, des martins-pêcheurs, des canards colverts ou des mouettes rieuses, ainsi que plusieurs dizaines d’espèces de poisson, comme les anguilles, les carpes, ou les perches soleil. Plus rares, des serpents, des amphibiens et des invertébrés, tels que l’écrevisse à pieds blancs, font aussi partie de ce fragile écosystème.
Elle symbolise le temps
De nombreuses références à la Seine se retrouvent dans la littérature moderne, souvent écrite par des auteurs parisiens. Dans L’Éducation sentimentale, Gustave Flaubert l’évoque tout au long de sa narration comme une métaphore de l’écoulement inévitable du temps à travers les flots. De même, Guillaume Apollinaire en parle dans Le Pont Mirabeau pour traiter de la fugacité d’une histoire d’amour : « L’amour s’en va comme cette eau courante / L’amour s’en va / Comme la vie est lente / Et comme l’Espérance est violente ».
Elle joue sur les numéros des rues
On l’ignore souvent, mais la numérotation des rues parisiennes est directement liée à la Seine. En effet, si elles sont perpendiculaires ou obliques au fleuve, elles ont leur premier numéro à l’entrée de la rue la plus proche de la Seine. De plus, si elles sont parallèles, les numéros s’accroissent selon le sens de son courant.
Romane Fraysse
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Image à la une : © Guilhem Vellut