On croit tout connaître de Paris et alentour et puis, au détour d’une énième promenade, on tombe sur un monument complètement insolite, que l’on avait jamais vu auparavant ! Preuve que l’on n’a jamais fini d’être surpris ! Et, en se renseignant un peu, on découvre qu’en plus de sa forme étonnante et intrigante, ce superbe bâtiment possède une autre spécificité étonnante ! On vous emmène juste à côté de Paris pour le découvrir…
Une construction hors-norme
Construit en plein centre de la ville, à côté de l’hôtel de ville, sur la Place des Droits de l’Homme et du Citoyen, ce bâtiment en impose. Ce qui frappe, à première vue, outre sa couleur due à l’utilisation pour sa construction de briques de Toulouse, c’est sa forme circulaire très originale et audacieuse, avec son toit en biseau couronné de 24 tilleuls !
Mais attention, si pas moins de 670 000 briques rouges artisanales recouvrent l’ossature du monument, celle-ci est constituée d’un double cylindre en béton armé de 38 mètres de diamètre, qui culmine à 34 mètres de hauteur. Un édifice massif dont la construction s’est déroulée sur trois ans, de juillet 1992 à avril 1995, et qui a reçu en 2013 le label “Patrimoine du XXème siècle” attribué par le Ministère de la Culture et de la Communication.
La naissance d’une ville nouvelle
Située au cÅ“ur de la préfecture de l’Essonne, c’est à l’architecte suisse Mario Botta, notamment connu pour le musée d’art moderne de San Francisco, que l’on doit la réalisation de ce bâtiment. Chargé par la ville d’aménager le nouveau centre-ville, il décida de relier ce bâtiment aux autres afin de créer un lien, une unité, et l’inséra donc entre l’Hôtel de ville et l’Université, à proximité immédiate d’un groupe d’habitations, et non loin de la Chambre de Commerce ainsi que de l’École Nationale de Musique et de Danse.
Pour comprendre le rôle de ce nouvel édifice, il faut s’intéresser au contexte de l’époque. En 1964, l’Essonne est l’un des cinq nouveaux départements à voir le jour en ÃŽle de France. Pour chacun d’eux, une ville nouvelle est donc créée, et parmi elles, c’est Évry qui devient le chef-lieu de son département. L’évêque du diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes, Monseigneur Guy Herbulot, souhaite alors que cette ville nouvelle dispose d’un lieu de culte à sa hauteur. Le mardi 11 avril 1995, ce sera chose faite et les fidèles pourront y assister à la messe chrismale, tandis que la première messe dominicale y sera donnée le jour de Pâques, le 16 avril.
Une construction loin des codes habituels
La fonction de ce surprenant édifice peut difficilement être devinée à première vue, d’autant que le campanile soutenant ses cinq cloches et sa croix métallique est relativement discret. Pourtant, c’est bel est bien d’une cathédrale dont il s’agit, c’est à peine croyable ! En effet, on est bien loin de la forme traditionnelle en croix latine des églises ! Un choix d’autant plus audacieux que l’Église catholique de France prônait, à l’époque, “la pastorale de l’enfouissement”, qui consistait à invisibiliser au maximum le culte et les lieux qui lui étaient consacrés, comme en témoigne l’église aux airs de hangar de Notre Dame de l’Espérance.
Inspiré par les constructions byzantines et romanes d’Italie du Nord, Mario Botta, justifie la forme circulaire choisie par les symboliques de rassemblement, mais aussi de perfection divine et d’alliance entre Dieu et les hommes, du cercle. Mais ce n’est pas la seule originalité de la cathédrale de la Résurrection Saint-Corbinien d’Évry, pour laquelle l’architecte a d’ailleurs également conçu le mobilier, en chêne de Bourgogne. En effet, son chÅ“ur n’est pas orienté à l’est, comme c’est habituellement le cas, mais au nord-ouest ! De plus, elle dispose de trois portails différents par lesquels les fidèles peuvent y accéder pour rejoindre les quelques huit cent places assises. Autant dire, une cathédrale qui ne fait rien comme les autres !
On s’interroge aussi, forcément, sur ce toit étonnant surmonté par vingt-quatre tilleuls argentés, solidement plantés. Si cette majestueuse couronne symbolise avant toute chose la vie et la résurrection, on peut également y voir, en fonction des interprétations, les vingt-quatre heures du jour, ou le passage de l’Ancien au Nouveau Testament avec les douze apôtres complétés par les douze tribus d’Israël.
La cathédrale d’Évry fait parler d’elle !
Au sein même de la cathédrale, surplombant son chÅ“ur, le Centre d’Art Sacré, réparti sur cinq niveaux reliés entre eux pas un escalier en forme d’hélice, fait l’objet d’une véritable polémique au moment de sa construction puisqu’il a permis à l’État de financer la construction de la cathédrale sans que cela en ait l’air. En effet, bien que se trouvant dans un lieu de culte, cet espace indépendant, à vocation culturelle, était considéré comme “laïc” et pouvait donc, à ce titre, faire l’objet de subventions. Il est aujourd’hui aujourd’hui divisé en deux parties distinctes. L’une abrite le musée Paul Delouvrier, où l’on trouve les collections de tableaux contemporains et objets religieux appartenant au diocèse, l’autre accueillant des concerts ou expositions temporaires.
Mais si la cathédrale d’Évry fait parler d’elle, c’est aussi parce qu’elle est la seule cathédrale construite en France métropolitaine au XXème siècle. En effet, si la construction de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille de Lille s’est achevée en 1999, elle a en revanche débuté en 1854. Quant à celles de Saint-Étienne et de Créteil, elles furent bel et bien édifiées au XXème siècle mais en tant qu’églises, avant d’être, plus tard, élevées au rang de cathédrale.
La cathédrale d’Évry est complétée, face à elle, de la maison diocésaine ainsi que du couvent de la croix et de la miséricorde, et est entourée d’un centre pastoral et d’un square. Si la forme carrée de l’ensemble rappelle celle d’un cloître, elle permet aussi de fondre l’édifice dans le quartier où la plupart des bâtiments publics sont recouverts des mêmes briques, formant un paysage surprenant, mais harmonieux, en plein centre de la ville.
La cathédrale de la Résurrection Saint-Corbinien d’Évry
21 Cours Monseigneur Romero
91000 Évry-Courcouronnes
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Image en Une : Cathédrale de la Résurrection d’Évry © Flickr Vin’s91
Mélina Hoffmann