Se balader dans Paris lorsque l’on est passionné d’histoire et de détails insolites est un véritable régal, tant la capitale regorge de points d’intérêts fascinants. La statue d’un célèbre pont à l’histoire méconnue, une inscription qui nous renvoie plusieurs siècles en arrière ou une façade qui sort de l’ordinaire à juste titre… la Ville Lumière est finalement un formidable musée à ciel ouvert de monuments fascinants. Car pas besoin de s’appeler Tour Eiffel ou Arc de Triomphe pour être considéré comme un monument riche d’histoires. Certains sont plus discrets et l’on passe même devant sans s’en rendre compte…
Une décoration étonnante pour un tel monument
S’il est souvent cité comme étant l’un des plus luxueux, force est de constater que le 7ème arrondissement de Paris abrite de nombreux trésors qui font le patrimoine et la fierté de la capitale. Si l’on ne peut nier la présence des incontournables Tour Eiffel et hôtel des Invalides, les passionnés d’art sont aussi vernis grâce à la présence du musée du Quai Branly ou du Musée d’Orsay, tandis que les amoureux de belles architectures peuvent admirer l’église du Dôme ou le magnifique hôtel de Salm, qui abrite l’étonnant Musée gratuit de la Légion d’Honneur. Et parmi toutes ces bonnes adresses, il en est une qui ne nécessite pas de faire la queue ou de payer un billet, puisqu’elle se trouve en pleine rue. Direction pour cela la rue Saint-Dominique, et plus précisément au numéro 129. C’est là que l’on tombe nez-à -nez avec un joyau néoclassique : la Fontaine de Mars. Aussi connu sous le nom de Fontaine du Gros-Caillou, ou rebaptisée “Fontaine Neptune” par les éditeurs de cartes postales, cet édifice est l’œuvre de l’ingénieur et architecte François-Jean Bralle et fut érigé entre 1806 et 1809. La décoration est quant à elle signée Pierre-Nicolas Beauvallet, représentant la déesse de la santé Hygie en train de soigner Mars, le dieu de la guerre. Une image utilisée à l’époque pour rappeler la proximité de l’hôpital militaire du Gros-Caillou, démoli en 1895. Au bas de la fontaine, on peut également repérer quatre mascarons du même modèle que ceux de la Fontaine des Quatre Saisons, située un peu plus loin dans le 7ème arrondissement.
Un monument né d’un décret majeur pour la vie des Parisiens
Parfait représentant du style néoclassique voulu à l’époque napoléonienne, cette fontaine était initialement entourée d’un hémicycle de peupliers, qui sera remplacé en 1859 par la petite place à arcades que l’on peut encore arpenter de nos jours. Sous le Premier Empire, un décret de 1806 ordonne la création de douze fontaines monumentales conçues par les meilleurs architectes. Napoléon Ier décrète alors que “l’eau coulera dans toutes les fontaines le jour et la nuit, de manière à pourvoir non seulement aux services particuliers, mais encore à rafraîchir l’atmosphère et les rues… Ce sera un beau réveil pour Paris”. Aujourd’hui reconnu comme non-potable, ce réseau de distribution de l’eau basse pression puise sa source dans l’Ourcq, affluent de la Marne, et est aménagé et détourné vers le grand bassin de la Villette, se prolonge avec le canal Saint-Martin et aboutit au bassin de l’Arsenal. Cette infrastructure hydraulique peu entretenue et abandonnée dans les années 1850 inspirera néanmoins Haussmann et ses ingénieurs lors de la Transformation de Paris sous le Second Empire.
Une fontaine qui a eu, comme les Parisiens, les pieds dans l’eau
Si la Fontaine de Mars est aussi fascinante, ce n’est pas seulement pour son histoire, mais aussi pour ces détails. Certes, cette décoration d’Hygie et Mars étonne autant qu’elle attire l’œil et le fait qu’elle soit située en face à la rue de l’Exposition, baptisée en l’honneur de l’Exposition Universelle de 1867, est un autre clin d’œil intéressant au passé de Paris. Mais le détail le plus fascinant de cette Fontaine de Mars se trouve au pied de l’édifice. En se rapprochant, on peut en effet remarquer un repère de crue. Cette petite plaque marque tout simplement le niveau atteint par les eaux de la Seine lors de la célèbre crue de 1910, événement historique qui a vu les eaux inonder les rues de Paris. Un élément qui permet de mieux se rendre compte de cette crue exceptionnelle, le lit du fleuve étant situé à 570 m de là . Pas de quoi fragiliser le monument, qui a survécu silencieusement à cet épisode majeur de l’histoire de Paris. En plus d’être un symbole de résilience, la Fontaine de Mars demeure avant tout un joyau de l’architecture, inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1926, qu’on ne se lasse pas de prendre en photo le temps d’une balade dans le 7ème arrondissement.
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Image à la une : Fontaine de Mars © Flickr