Avez-vous déjà remarqué cette sublime et artistique façade à Paris, qui a reçu un prix en 1900 ?
A première vue, ce bâtiment ne semble pas se démarquer du reste des belles constructions haussmanniennes qui pullulent dans le centre de la capitale. Pourtant, celui-ci a été construit avec un matériau encore peu employé à la fin du XIXe siècle : saurez-vous deviner lequel ?
Un projet novateur
L’immeuble Hennebique, situé rue Danton dans le 6e arrondissement de la capitale, a été bâti avec… Du béton armé ! Cette invention attribuée à l’inventeur français Joseph Monier dans les années 1850 a été employée pour un projet spécifique à la fin du XIXe siècle. Cet alliage de béton et de barres d’acier devient le fer de lance d’un certain François Hennebique, un maçon et chef de chantier qui va généraliser son usage. Dans le secteur du bâtiment, le béton armé s’impose progressivement comme le matériau qui permet de construire rapidement et capable de s’adapter à la plupart des chantiers.
François Hennebique sollicite l’architecte Edouard Arnaud pour ériger son propre immeuble. La construction débute en 1898 sur un terrain triangulaire acheté à la ville et s’achève début 1900. Ladite structure devient le premier bâtiment en béton armé de la capitale et le siège de François Hennebique qui fait la promotion de son procédé dans tout Paris. Si les premiers étages sont destinés aux particuliers, les derniers sont consacrés aux bureaux de la société qui rassemblent quotidiennement de nombreux ingénieurs. En 1900, l’immeuble est primé au prestigieux concours des façades de la Ville de Paris.
L’art de l’illusion
François Hennebique a un autre objectif : s’éloigner des constructions haussmanniennes en pierre de taille omniprésentes dans la capitale. Pour ce faire, le chef de chantier imagine des immeubles qui donnent l’impression d’utiliser des matériaux onéreux. Sculptures, encorbellements, moulures, balustres… Les prouesses techniques fleurissent sur l’immeuble Hennebique et rappellent l’Art nouveau très en vogue à la fin du XIXe siècle. De larges baies en demi-cercle, des colonnettes ou encore des tourelles d’angle viennent parsemer l’immeuble Hennebique. Son créateur n’hésite d’ailleurs pas à faire appel au céramiste Alexandre Bigot pour réaliser des mosaïques qui participent à l’esthétique du bâtiment. Le chef de chantier rajoute une dernière subtilité : la mention d’un “système Hennebique” sur la façade qui garantit que sa construction peut résister à n’importe quel incendie !
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Image à la une : Immeuble Hennebique © Wikimedia Commons
Sources : ACPresse, BnF Passerelle(s), Les Maçons Parisiens, Patrimoine de France
Julien Mazzerbo