“Toutes ces tours seront différentes de façon que l’enfant sache, d’en bas, qu’il habite dans ce morceau de nuage ou dans ce bout de branche”. Les tours Aillaud (aussi connus sous le nom de tours Nuages) font partie du paysage nanterrien depuis plus de quarante ans, situées non loin de l’arche de la Défense. Cet épicentre du logement dans les années 70 et 80 connaît actuellement une transformation de grande ampleur qui vise à réhabiliter le site pour en faire un lieu plus moderne d’ici à 2030.
De l’enjeu démographique à la création architecturale
Les tours Aillaud représentent un projet démographique d’envergure à leur construction : la demande est pressante et de nombreux habitants de la banlieue parisienne, anciens ou nouveaux, attendent de trouver un logement. En 1971, les architectes Emile Aillaud et Jacques Kalisz sont choisis pour concevoir et superviser le projet. La construction débute en 1973 et s’achève en 1981 : durant ce laps de temps, un grand ensemble de 1600 logements sociaux voit le jour. Emile Aillaud souhaite s’éloigner des standards de construction qui débouchent irrémédiablement sur des bâtiments uniformes et déshumanisés : pour ce faire, il imagine 18 tours à la forme ondulée et à la taille différente. Deux d’entre elles sont plus élevées et culminent à 105 mètres au-dessus du sol, composées de 38 étages.
Une dimension artistiqueÂ
Les façades des tours Aillaud sont garantes de ce projet monumental : elles sont composées de mosaïques en pâte de verre qui inspirent le nom de “tours Nuages”, réalisées par l’artiste italien Fabio Rieti (le gendre d’Emile Aillaud). Les fenêtres, elles, se parent de formes rondes, carrées ou en goutte d’eau pour éviter une impression d’homogénéité. En 2017, les tours Aillaud sont labellisées “architectures contemporaines remarquables“. La surface du grand ensemble est conçue pour être majoritairement piétonne afin de transformer le lieu en parc paysager. Au centre se trouve une voie sinueuse destinée aux piétons et des sculptures (serpent, tortue) ont été réalisées par Laurence Rieti, la fille d’Emile Aillaud. Les parkings, eux, se trouvent en souterrain.
Les tours Aillaud à l’heure du modernisme
En 2018, une concertation réunissant près d’un millier d’habitants des tours Aillaud enclenche les changements à venir. Les immeubles d’origine perdent progressivement leurs mosaïques qui se dégradent au fil du temps et finissent par tomber au sol. En termes d’isolation, des pertes énergétiques de plus de 40 % sont recensées parmi l’ensemble du complexe. En 2023, un projet de rénovation avec un budget de 230 millions d’euros est lancé : destruction d’une tour, vente de six d’entre elles pour permettre l’arrivée de logements privés et de commerces… Les tours Aillaud sont en voie de modernisation. Au total, onze immeubles seront recouverts de nouvelles façades en inox. D’ici à 2030, 1170 logements sociaux seront réhabilités et 490 d’entre eux seront reconvertis. La fin de rénovation de la tour pilote est attendue à l’été 2024.
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Image à la une : Tours Aillaud © Flickr
Sources : defense-92.fr, Histoire & Patrimoine, Office de Tourisme de Nanterre, Ville de Nanterre
Julien Mazzerbo