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Le "dernier moulin en pierre" de Paris aurait pu devenir la sépulture d'un artiste célèbre !

Moulin de la Charité © Wikimedia Commons
Par Julien Mazzerbo

Saviez-vous qu’un moulin se trouve au cœur du cimetière du Montparnasse (XIVe) à Paris ? Parmi les 35 000 sépultures, l’édifice côtoie les tombes de personnalités illustres de France : Charles Baudelaire, Guy de Maupassant, Serge Gainsbourg, Simone Veil… Remontons aux origines de cette tour mystérieuse.

L’influence d’un ordre religieux

C’est au XVIIe siècle que la bâtisse voit le jour. A l’époque, pas de cimetière à l’horizon : dans la plaine de Montrouge, une trentaine de moulins à farine font partie intégrante du paysage parisien. Ils sont un point de repère pour les habitants et un emblème de la rive gauche. L’ordre hospitalier des frères de Saint-Jean-de-Dieu, dit de la charité, s’installe dans la capitale. Pour répondre aux besoins de la communauté religieuse, ils construisent une ferme dans la plaine de Montrouge.

Plan de Roussel (1730)
Plan de Roussel (1730)

Progressivement, un moulin en pierre est érigé avec un toit en poivrière. On n’y cultive pas le blé : la tour sert plutôt de guinguette après la Révolution. Un meunier-cabaretier sert du vin clairet et des galettes tandis que l’argent récolté sert aux fonds de l’ordre religieux. Le moulin de la Charité devient le repère des partisans molinistes qui se réunissent plusieurs fois par semaine dans la plaine de Montrouge. On mange, on boit, on débat, on harangue jusqu’à ce que le moulin change de vocation.

De menuiserie à sépulture privée ?

En 1824, le cimetière du Sud s’installe que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de cimetière du Montparnasse. Les sépultures se multiplient et le moulin (situé dans la neuvième division du domaine) devient la demeure du gardien des lieux. Atelier de menuiserie, dépôt d’archives, remise à outils… Le temps de la guinguette semble déjà bien lointain. Au début des années 1900, le moulin en pierre est restauré avant de faire l’objet d’une curieuse polémique scrutée par la presse locale.

Moulin de la Charité © Wikimedia Commons
Moulin de la Charité © Wikimedia Commons

L’épouse du sculpteur Antoine Bourdelle, décédé en 1929, demande à faire du moulin une sépulture privée pour son défunt mari. Les instances de la ville s’y opposent, invoquant le caractère pratique de l’édifice. Cléopâtre Bourdelle finit par renoncer et enterre son mari dans les parties communes du cimetière. En 1931, le moulin de la Charité est inscrit au titre des monuments historiques. Depuis, il est considéré comme le dernier moulin de pierre encore debout à Paris : le dernier en date a disparu en 1917.

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Image à la une : Moulin de la Charité © Wikimedia Commons

Sources : actu.fr, Office de Tourisme de Paris, Retronews, Routard.com

Julien Mazzerbo