Voici encore une bizarrerie architecturale parisienne comme on les aime : sur une grande avenue de la capitale, une porte en pierre du XIXe siècle s’est retrouvée coincée entre des immeubles modernes, interrogeant les passants… Savez-vous où elle se situe, et surtout, comment elle s’est retrouvée dans cette position incongrue ? On vous emmène en balade dans le 19ème arrondissement de Paris pour vous raconter cette histoire insolite !
Une cité ouvrière
Peut-être avez-vous déjà remarqué cet ancien portail en pierre, car il ne passe pas inaperçu au milieu des hauts immeubles des années 1970 qui l’entourent… En regardant de plus près, on aperçoit l’inscription “Porte des Flamands” sur l’encadrement supérieur, un indice concernant son origine ! Il s’agit effectivement de l’entrée d’une cité ouvrière, construite à cet emplacement vers 1850 et aujourd’hui disparue : la Cité des Flamands. Elle était constituée de plusieurs petits édifices de 5 ou 6 étages, abritant des logements destinés aux travailleurs des abattoirs de la Villette et aux cheminots exerçant sur le réseau de la Petite Ceinture.
Une rénovation nécessaire
Mais un siècle après sa construction, les habitations sont malheureusement devenues vétustes, insalubres et presque dangereuses pour ses locataires… On décide donc de rénover entièrement la cité ouvrière au début des années 1970, pour améliorer leurs conditions de vie. En effet, ces dernières sont encore difficiles à l’époque : les habitants ne sont que 3 % à disposer d’une douche ou d’une baignoire, seulement 5 % à bénéficier du chauffage et à peine 20 % à avoir leurs propres toilettes ! Les anciens bâtiments de la cité sont donc détruits, et remplacés par les hautes tours modernes de l’architecte Martin Van Treeck, appelées les Orgues de Flandre.
Un nouveau visage pour le quartier
Abritant des logements sociaux, ces tours se nomment Sonate, Fugue, Cantate et Prélude qui culmine à 123 mètres, faisant d’elle la plus haute tour résidentielle de Paris et le 6ème plus haut bâtiment de la capitale ! Pour leur style, l’architecte a choisi des formes très géométriques en gradins rentrants ou sortants. Quant à l’historien de l’art François Loyer, il s’est battu pour que l’ancien portail en pierre soit conservé. Ce dernier a donc été déplacé d’une quarantaine de mètres et trône désormais au milieu de deux grands immeubles… et de deux pylônes de ventilation ! Pour voir ce mélange hétéroclite, rendez-vous au 67-69 avenue de Flandre, métro Riquet.
Crédit photo à la une : La porte des Flamands © ArchDaily – Laurent Kronental
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A. C.