Peut-être les avez-vous déjà remarqués en vous promenant dans Paris, si vous êtes un peu attentifs. En tout cas, maintenant que vous connaissez leur existence vous ouvrirez sans doute l’œil un peu plus grand. Nous vous parlons de ces mystérieux Médaillons Arago disséminés ça-et-là sur les trottoirs parisiens. On en compte pas moins de 135 ! Mais connaissez-vous leur origine ? Leur fonction ? On s’y est intéressé, et on vous dit tout !
Une chasse au trésor dans les rues de Paris !
Ils font partie du patrimoine culturel parisien et sont pourtant assez méconnus. Ces petits médaillons en bronze d’environ 12 centimètres de diamètre, incrustés dans les trottoirs de Paris, ne sont pas ainsi dispersés par hasard. En effet, s’ils sont des éléments décoratifs qui savent attirer l’œil des visiteurs, ils sont en réalité bien plus que cela. D’ailleurs, il suffit de les regarder de plus près pour constater les lettres “N” et “S” ainsi que le nom “ARAGO” qui y sont inscrits.
Pour les observer, il faut vous rendre à l’entrée des jardins du Palais Royal, dans la Cour Napoléon du Louvre, sur le Quai Conti, dans le Jardin du Luxembourg, dans la Cour de l’Observatoire de Paris, au Parc Montsouris ou encore sur le boulevard Arago, forcément, pour ne citer bien-sûr que quelques-uns des spots de cette chasse au trésor ! Ils sont alignés sur une distance d’environ 9 kilomètres et traversent six arrondissements (le 1er, 2ème, 6ème, 9ème, 14ème et 18ème) depuis la porte de Montmartre, au Nord de Paris, jusqu’à la Cité universitaire, au Sud. Un tracé qui ne doit rien au hasard…
Les Médaillons Arago, sur leur ligne imaginaire…
En effet, les Médaillons Arago suivent un tracé particulier : celui du Méridien de Paris. Il s’agit d’une ligne imaginaire reliant le Pôle Nord au Pôle Sud, qui a permis aux révolutionnaires de définir notre système métrique actuel. Le Méridien de Paris a toutefois été abandonné en 1911 au profit de celui de Greenwich, comme méridien 0. Le Méridien de Paris n’en demeure pas moins d’une véritable importance historique et scientifique.
Il fut défini officiellement le 21 juin 1667, jour du solstice d’été, par un physicien, astronome et homme politique français du XIXe siècle, qui fut également directeur de l’Observatoire de Paris en 1843, où il mourut d’ailleurs le 2 octobre 1853 : François Arago. Il repose, depuis, au cimetière du Père Lachaise. Rien de tout cela n’explique toutefois l’origine de ces fameux médaillons…
Une œuvre d’art insolite
Il s’agit en réalité d’une œuvre d’art public conçue en 1994 en hommage à cet homme qui a marqué à la fois son époque et la science. Un projet réalisé en 1994 par l’association des amis d’Arago d’après l’idée de l’artiste néerlandais Jan Dibbets. Il s’agissait alors de réaliser un monument commémoratif évoquant le travail de François Arago et utilisant un matériau traditionnellement utilisé pour les statues, sans qu’il s’agisse toutefois d’un monument. C’est ainsi que sont apparus ces 135 médaillons de bronze, incrustés dans l’asphalte sur le tracé du méridien de Paris.
Enfin… pour être très précis, ce sont en réalité 134 médaillons qui furent fixés dans le sol du pavé parisien. Le 135ème se trouve quant à lui sur le socle d’une statue en bronze d’Arago, qui se dressait entre 1893 et 1942 là où le méridien de Paris coupe le boulevard Arago. Jusqu’à ce qu’elle ne connaisse le triste sort réservé à de nombreuses statues pendant la Seconde Guerre mondiale, à savoir être fondue et démontée par les allemands pour fabriquer des canons. Le socle est toutefois toujours visible à l’endroit d’origine, aujourd’hui appelé place de l’Île-de-Sein.
Avant de vous lancer dans cette chasse au trésor, sachez toutefois que plusieurs de ces médaillons ont malheureusement été abimés, volés ou même déplacés lors de travaux au fil du temps. Certains ont cependant été restaurés, d’autres remplacés par des répliques. Vous aurez en tout cas une bonne raison de regarder vos pieds désormais, la prochaine fois que vous vous promènerez dans l’un de ces arrondissements de la capitale !
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Mélina Hoffmann