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La petite histoire du théâtre Mogador

Par Lisa B

Lieu incontournable des amateurs de comédies musicales, le théâtre Mogador est devenu au fil du temps une institution mythique de la capitale. Cadeau d’un amoureux transi, drame romantique, incendie ravageur : on vous raconte les – parfois noirs – secrets de cette salle de spectacle. 

Le théâtre d’un amour tragique

L’histoire de la naissance du théâtre Mogador est aussi romantique que tragique. Digne des spectacles présentés sur scène ! Alfred Butt, impresario et riche propriétaire de théâtres londoniens, tombe follement amoureux d’une jeune française du nom de Régine Flory. Pour faire plaisir à son amante, comédienne et chanteuse, Alfred Butt décide de lui offrir un cadeau inestimable : un théâtre ! Par amour mais aussi pour s’implanter outre-manche, le gentleman anglais acquiert donc des écuries situées dans la rue de Mogador, à Paris. Il fait construire son théâtre à cet emplacement et demande qu’il soit similaire à une autre de ses salles : le Palladium. C’est ainsi qu’en 1919, le Palace Théâtre voit le jour. Le président américain Woodrow Wilson vient même l’inaugurer en personne, alors qu’il se trouve à la capitale pour signer le traité de Versailles. Pour célébrer cette ouverture, Régine Flory interprète sur scène une revue intitulée Hello Paris. 

Si les débuts du théâtre se déroulaient sous les meilleurs auspices, cette success story va rapidement prendre un tournant dramatique. Malgré ses airs de music-hall et l’entrain de ses artistes, la revue ne plaît guère et le théâtre ne connaît pas le succès escompté par son créateur. Lassé, Alfred Butt quitte Régine Flory et s’en retourne à Londres. Désespérée, la jeune femme tente par tous les moyens de faire changer d’avis son amant. En dépit des supplications et du désarroi de Régine, Alfred reste intraitable. La jeune femme sort alors un révolver et se tire une balle dans la tête, sous les yeux de l’impresario. 

Régine Flory et Alfred Butt. Crédit : Licence Creative Commons

L’ascension de Mogador

Depuis sa création, pas moins de douze directeurs et directrices ont tenu les rênes de cet établissement. Lors de son rachat par Odette et Fernand Lumbroso au début des années 80, le théâtre Mogador (rebaptisé par le nom de sa rue) est en piteux état. Le plancher de la scène est très abîmé, des arbres poussent même entre les pierres de la façade… C’est grâce à la ténacité du couple pour redonner à ce lieu de sa superbe que le théâtre a pu être classé à l’inventaire des patrimoines des monuments historiques. Une célèbre artiste n’y est d’ailleurs pas étrangère… Barbara, qui a commencé sa carrière comme chanteuse d’opérette au théâtre Mogador, a également joué un rôle actif dans ce classement. 

Depuis 2005, le théâtre Mogador appartient à la société Stage Entertainment de Joop Van Der Ende, également propriétaire d’Endemol. L’édifice fait l’objet de nombreuses rénovations pour un montant colossal de 20 millions d’euros. Mais en 2016, la scène et la salle sont considérablement endommagés par un violent incendie qui se déclare dans les sous-sols. Quelques jours après devait avoir lieu la première du Fantôme de l’Opéra. Cette comédie musicale adaptée du roman de Gaston Leroux raconte l’histoire d’un jeune pianiste inconsolable après le décès de sa chère et tendre, une jeune danseuse tuée dans un incendie. Malédiction ou coïncidence ? À chacun d’en décider ! 

Des spectacles cultes

À son ouverture, le théâtre Mogador proposait majoritairement des ballets russes de Diaghilev comme Petrouchka ou La Belle au Bois Dormant. Les opérettes ont également fait la renommée du lieu, notamment grâce à Mistinguett dans son spectacle auréolé de succès “Ça, c’est parisien”. C’est dans le tournant des années 70 que le genre de la comédie musicale va s’installer au théâtre Mogador, pour ne plus jamais le quitter. Des dizaines de shows cultes dignes de Broadway se succèdent : Les Misérables (1991), Starmania (1993), Notre-Dame de Paris (2001), Mamma Mia ! (2010), La Belle et la Bête (2013), Grease (2017) ou encore Chicago (2018) pour ne citer qu’eux. 

Crédit photo de Une : Théâtre Mogador via Instagram

Lisa Back

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