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Le passé sanglant de l’Église Saint-Germain-l’Auxerrois

Par Cyrielle

Installée au coeur de Paris depuis le XIIe siècle, l’église Saint-Germain-l’Auxerrois fait partie des lieux de culte les plus emblématiques de la capitale et peut se targuer d’avoir pour voisins d’illustres monuments tels que le Musée du Louvre ou le Pont Neuf, mais aussi la Mairie du 1er arrondissement, construite à ses côtés au milieu du XIXe siècle. Mais saviez-vous que cette sublime église de style gothique a été le point de départ de l’un des épisodes les plus sanglants de l’Histoire de France ?

Le massacre de la Saint-Barthélemy : un massacre entre Français pour des questions religieuses

En effet, c’est ici que, dans la nuit du 23 au 24 août 1572, a sonné le tocsin (les fameuses cloches que personne n’aime entendre car elles alertent d’un danger imminent pour la population) annonçant l’une des journées les plus tragiques de l’Histoire de France : celle du massacre de la Saint-Barthélemy.

Ce jour-là au coeur de la capitale, le conflit social, politique et religieux qui déchire les catholiques et les protestants français depuis des décennies atteint son paroxysme. En ce 24 août, l’Amiral de Coligny, l’une des figures majeures du protestantisme que l’on a tenté d’assassiner deux jours plus tôt, est éliminé par un commando de gardes royaux et de miliciens dans des circonstances pour le moins barbares : l’Amiral de Coligny sera poignardé, éviscéré et décapité à son domicile. Son corps sera par la suite traîné dans les rues de Paris et pendu au Gibet de Montfaucon, une potence à ciel ouvert où l’on exhibait les corps des suppliciés condamnés à mort.

Cet assassinat, ainsi que celui de plusieurs autres chefs protestants, aurait été décidé par le Conseil du roi Charles IX au soir du 23 août 1572 par crainte d’un complot protestant contre le souverain et son régime… Charles IX se devait, précisera-t-il trois jours plus tard, d’ordonner leur assassinat pour « prévenir l’exécution d’une malheureuse et détestable conspiration faite par ledit amiral [de Coligny], chef et auteur d’icelle et sesdits adhérents et complices en la personne dudit seigneur roi et contre son État ».

L’Église Saint-Germain-l’Auxerrois capturée en 1859 par Edouard Baldus.

Les cloches qui  déclenchèrent le massacre

Mais pendant ce temps-là dans les rues de Paris, la situation se complique : au coeur de la nuit, le tocsin de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois sonne et réveille les Parisiens. Ils se pressent dans les rues de la capitale et prennent connaissance des événements qui viennent d’avoir lieu. Dehors, les Parisiens tombent sur des dizaines de miliciens massacrant les nobles protestants, les déshabillant et traînant leurs corps à travers les rues de la capitale. Du meurtre de quelques chefs protestants, nous sommes déjà passés au meurtre aveugle de dizaines de personnes.

Rapidement, toutes les cloches des églises parisiennes prennent le pas et sonnent le tocsin : le peuple de Paris sort alors dans les rues de la capitale, prenant une part active à ce que l’on appelle aujourd’hui le massacre de la Saint-Barthélemy. Dans une cohue invraisemblable, des dizaines, puis des centaines d’hommes, femmes ou enfants protestants sont sortis de leur sommeil et massacrés à leur domicile ou dans les rues de la capitale. En quelques jours, du 24 au 28 août 1572, près de 3000 protestants seront tués à Paris, leurs corps étant ensuite déshabillés, traînés dans les rues de Paris et jetés dans la Seine. La folie qui s’est emparée des Parisiens cette nuit-là se propagera à toute la France dans les jours qui suivront, menant à la mort de 20 000 à 30 000 protestants en seulement quelques jours. Encore aujourd’hui, ce massacre est considéré comme l’un des épisodes les plus sombres de l’Histoire de France.

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