Connaissez-vous cette incroyable bibliothèque fondée il y a près de 1000 ans, tout droit sortie d’un conte de fées ?

Bibliothèque Abbaye d’Admont © Adobe Stock

Par Alexandre M

Où aller pour un court séjour en Europe ? Le choix est tellement vaste que la réflexion pourrait durer des heures. Profiter d’un climat plus ensoleillé en Espagne ou au Portugal, admirer les longues étendues vertes et escarpées de Grande-Bretagne ou s’aventurer en terres nordiques, il y a tellement à faire ! Si l’on veut profiter d’une nature foisonnante et d’un décor de carte postale avec des montagnes à perte de vue, direction pour cela l’Autriche. Avec ses paysages pittoresques, une richesse exceptionnelle en monuments et musées ainsi que des complexes de loisirs sportifs hivernaux et estivaux, l’Autriche se dresse comme une destination touristique par excellence. Mais le pays regorge aussi de trésors plus discrets, comme cette incroyable abbaye…

Bienvenue dans l’une des abbayes les plus importantes d’Autriche, voire d’Europe !

C’est en plein cœur de l’Autriche, à l’entrée du parc national de Gesäuse dans la région de Haute-Styrie que se trouve l’historique abbaye d’Admont. Nichée entre les montagnes, cette abbaye bénédictine est d’ailleurs l’une des plus importantes d’Autriche puisque sa fondation remonte à l’an 1074. Parmi les piliers de la domination des dynasties de Babenberg et de Habsbourg, ce monastère de moines bénédictins est remanié dans le style baroque au XVIIe siècle, avant qu’un incendie en 1865 ne détruise la quasi-totalité de l’abbaye, à l’exception de la bibliothèque. L’année suivante, une reconstruction s’opère, en privilégiant cette fois le style néogothique. Par la suite, la Grande Dépression des années 1930 met l’abbaye dans une situation économique très compliquée, puis vient l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, de 1939 à 1945, où l’abbaye est expropriée par le régime national-socialiste. Baigné de lumière, cet immense édifice abrite de nombreux trésors qui attirent les curieux, à commencer par ses sept coupoles qui laissent admirer de somptueuses fresques allégoriques baroques dont Bartolomeo Altomonte se réclame être l’auteur. Aussi étonnant que cela puisse paraître, un musée d’art contemporain se trouve également à proximité de l’abbaye, témoignage exceptionnel de la sensibilité des moines bénédictins d’Admont pour l’art de leur époque.

Une salle majestueuse qui n’est pas sans rappeler un célèbre dessin animé…

Mais si l’on se presse dans cette abbaye reconnue à travers le monde, c’est bien pour une pièce en particulier : la bibliothèque de l’abbaye d’Admont. Grande rescapée de l’incendie de 1865, cette pièce de style baroque est assurément l’attraction principale de l’abbaye, et cela se comprend très vite à peine les portes franchies. Bienvenue dans la plus grande bibliothèque monastique du monde, où près de 180 000 ouvrages reposent depuis plusieurs siècles, dont des œuvres rares comme l’édition originale de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1758) ou la Bible de Martin Luther. Si la collection a de quoi impressionner, c’est en termes de dimension que la bibliothèque d’Admont donne le tournis. Mesurant 79 m de long, 14m de large et 13m de haut, l’endroit fascine d’emblée par ses décors : entre les étagères de livres, le sol et les colonnes en marbre se déploient de vastes décors peints en trompe-l’œil. Le plafond comprend quant à lui 6 espaces voûtés et une grande coupole au milieu, arborant chacun un thème richement illustré se rapportant au contenu de la bibliothèque. S’il n’est pas avéré que le film d’animation se soit grandement inspiré de l’endroit, l’impression d’être dans la bibliothèque du château de La Belle et la Bête est on ne peut plus impressionnante, tant la ressemblance est frappante.

Une caverne aux trésors qui abrite des œuvres littéraires majeures

Incroyablement riche, en termes de détails et de décorations, la bibliothèque est une salle à examiner méticuleusement sous tous les angles. À commencer par le sol de marbre en damier, parsemé de sculptures figurant les Quatre Dernières choses que sont La Mort, Le Jugement dernier, le Paradis et l’Enfer. Parmi les éléments décoratifs les plus marquants, les groupes sculptés par Josef Stammel dans du tilleul, dont la couleur rappelle le bronze, comme pour rappeler l’alliage si cher à l’Antiquité et à la Renaissance. On peut par exemple admirer un diablotin cherchant dans son livre des péchés à attribuer à un beau jeune homme lors du Jugement dernier. De plus, c’est ici qu’est conservée la première recette de la Linzer Torte, spécialité nationale, sous la forme d’un manuscrit de 1653. En plus des traditionnels ouvrages de théologie et de droits canon, la bibliothèque comprend également une impressionnante collection d’ouvrages consacrés aux sciences et à l’histoire. Ce sont d’ailleurs pour ces précieux livres que les nazis avaient réquisitionné plus de 2 000 ouvrages médicaux pour des expériences sur des cobayes humains dans les camps de concentration de Dachau. Des livres qui ont toutefois été récupérés à la fin de la guerre. Pour terminer cette visite sur une note plus poétique, direction le parc extérieur où le simple fait de contempler l’étang apprécié des canards, avec les majestueuses montagnes en arrière-plan, est un nouveau spectacle à couper le souffle.