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Un mystérieux monastère, où il est impossible d'entrer, caché en pleine montagne…

Monastère de la Grande Chartreuse © Divine Box
Par Alexandre M

Chaque semaine, Paris ZigZag ne vous emmène pas qu’aux quatre coins de la capitale, mais vous fait visiter toute la France. Paysages insolites, monuments riches en histoire, activités à découvrir entre amis ou en famille… tous les moindres recoins à visiter n’auront bientôt plus de secrets pour vous. Parmi les monuments d’intérêts, impossible de ne pas citer les abbayes, qu’elles soient royales ou plus discrètes, tant il y en a de sublimes. Et lorsqu’il ne s’agit pas d’une abbaye, c’est un autre monument religieux qui peut attirer l’œil. Encore plus quand celui-ci est vraiment unique…

Un lieu coupé du monde et interdit au public

Loin d’être en plein cœur d’un village, le monastère de la Grande Chartreuse étonne en premier lieu de par son emplacement. Appartenant à la commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse, le bâtiment se situe tout de même au pied du Grand Som, le quatrième plus haut sommet du massif de la Chartreuse (2026m). C’est donc à 850 m d’altitude que 35 cellules de pères, 4 hectares de toitures et 8 clochers forment un monastère vieux d’un millénaire, où la contemplation et le grand silence règnent en maître. Un monastère qui est toujours en activité avec une trentaine de moines y vivant, mais qui ne se visite pas. Pour y voir plus clair sur la vie des moines retirés dans la solitude et sur l’histoire de ce lieu emblématique, il est plutôt conseillé de visiter le musée de la Grande Chartreuse, situé à proximité du monastère.

Vue aérienne Grande Chartreuse © L’Ordre des Chartreux
Vue aérienne Grande Chartreuse © L’Ordre des Chartreux

Une communauté existante depuis près de 1000 ans

Pour la petite (et grande) histoire, c’est d’ailleurs dans cette volonté de recherche de silence et de solitude pour se donner à Dieu que Bruno le Chartreux et 6 compagnons s’installent en Chartreuse en 1084. C’est ici que les futurs moines vont ériger leurs premières cabanes, puis un véritable monastère. Le premier monastère est érigé à Notre Dame de Casalibus, en 1084 et sera emporté par une avalanche en 1132. L’église et le monastère actuel furent consacrés en 1133, le même que l’on peut admirer aujourd’hui : la Grande Chartreuse, maison mère de l’Ordre. Les Chartreux sont un ordre amoureux des livres, allant jusqu’à appeler la pratique de la lecture  comme “l’aliment de l’âme”. Le monastère dispose durant toute son existence d’une grande collection d’ouvrages, détruite régulièrement à cause des avalanches, incendies et pillages. Dès la fin du XIVe siècle, les guerres ne cessent de faire des ravages et le monastère de la Grande Chartreuse lui-même subit de nombreux incendies. Et même si le monastère a toujours été reconstruit à l’identique, les moines ont souvent dû quitter les lieux pour se protéger. Passées les périodes difficiles, la vie du monastère a repris en 1940, après un exil de 37 ans en Italie ! Aujourd’hui, les moines suivent toujours les “Statuts” de 1127, se retrouvent en communauté pour la messe, les vêpres (à 18h) et les matines (à 1h du matin !), sans oublier l’étude et le travail, que ce soit dans le jardin ou pour la fabrication de coffrets de Chartreuse !

Moine de l'Ordre des Chartreux © RCF
Moine de l’Ordre des Chartreux © RCF

La liqueur, autre grand précepte du monastère

Car si le nom de Grande Chartreuse est reconnu, c’est aussi grâce à la liqueur qui porte le nom du monastère, fabriquée à proximité de l’abbaye, à Voiron. Une production qui se fait sous la supervision des moines, et qui constitue leur principale source de revenus. Un breuvage dont l’histoire remonte tout de même au XVIIe siècle. En 1605, le maréchal d’Estrées remet aux moines de la Chartreuse de Vauvert un manuscrit révélant la formule d’un “élixir”, dont nul ne connaît l’origine. À cette époque, seuls les moines et les apothicaires possèdent les connaissances nécessaires au travail des plantes. Le Monastère de la Grande-Chartreuse décide par la suite d’en faire une étude poussée et l’apothicaire de la Grande-Chartreuse, Frère Jérôme Maubec, parvient à fixer définitivement la formule de ce qui devient l’Elixir Végétal de la Grande-Chartreuse. Vendu sur les marchés de Grenoble et de Chambéry, cet élixir se démarque par un très haut degré d’alcool (69°), tandis que la Chartreuse Verte est mise au point en 1764 (55°). Aujourd’hui, la recette exacte de la chartreuse demeure secrète et n’est connue que des trois moines qui préparent le mélange végétal.

Un massif aux mille paysages pour en prendre plein les yeux

Si le monastère reste interdit au public, on peut toujours venir admirer le spectacle sublime de ce vaste bâtiment logé entre les montagnes. Pour ce faire, il faut enfiler ses meilleures chaussures de marche et partir pour une randonnée contemplative dans la zone de silence du Désert de Chartreuse, sur les traces des fondateurs de l’Ordre des Chartreux. Depuis le monastère, on peut également rejoindre le site où avait été construit le premier monastère, situé 2km plus loin. C’est là que les plus curieux pourront notamment trouver une chapelle construite sur un rocher au XVe siècle. Pour arriver à cette chapelle, il suffit de longer le monastère et suivre le sentier balisé direction Notre-Dame-de-Casalibus, puis prendre la direction de la Chapelle Saint-Bruno. On peut aussi opter pour une découverte plus poussée du massif de la Chartreuse, où se côtoient des petits villages typiques de montagne et des lacs couleur Émeraude. Sans oublier les campagnes verdoyantes avec vue sur les sommets. Classé “Parc naturel régional” depuis 1995, le massif offre une quantité de marches incroyables en pleine nature, placées sous le signe de la méditation et du calme… que demander de plus ?

Hiver Grande Chartreuse © Chartreuse Tourisme
Hiver Grande Chartreuse © Chartreuse Tourisme

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Image à la une : Monastère de la Grande Chartreuse © Divine Box