Fils et petit-fils de jardinier, André Le Nôtre était prédestiné à briller dans ce domaine. S’il a débuté une bêche à la main aux Tuileries et au Palais-Royal, lui permettant d’acquérir une connaissance pratique des techniques de son époque, le Parisien de naissance est reconnu pour avoir été le jardinier de Louis XIV de 1645 à 1700. Grand ordonnateur de Versailles, André Le Nôtre est le premier architecte de jardin à avoir conçu ou supervisé, tant la structure d’ensemble d’un parc que le détail des parterres ou des ouvrages maçonnés. Fort heureusement pour les passionnés, son travail ne se limite pas au “simple” château de Versailles…
Un savoir-faire qui n’est plus à démontrer
Tout comme les plus grands peintres ou romanciers, la liste des “chefs d’œuvre” réalisés par Le Nôtre, outre Versailles, est tout simplement exceptionnelle : les jardins des Tuileries, Vaux-le-Vicomte, Chantilly, Saint-Germain-en-Laye, Meudon, et Saint-Cloud, sans oublier de possibles interventions à Trianon, Clagny, Maintenon, Saint-Cyr, Saint-Maur, Saint-Martin de Pontoise, Chaville, Louvois, Pontchartain, Conflans, Gaillon, Guermantes ou encore Castries. Tout comme les prestigieux châteaux de Versailles et Vaux-le-Vicomte, une autre merveille signée Le Nôtre se trouve aux portes de Paris, pour une virée paradisiaque dans un écrin de verdure. Direction le sud de Paris, entre la Roseraie du Val-de-Marne et l’Arboretum de la Vallée aux Loups. Bienvenue au domaine départemental de Sceaux, vaste de 184 hectares et classé aux Monuments historiques. Un site dont l’histoire commence réellement au XVe siècle, alors que le terrain n’est qu’un modeste domaine agricole. Acquis par Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des Finances du Roi-Soleil, le domaine va alors se transformer en un lieu de prestige. Ce dernier fait restaurer et agrandir la demeure, construire le Pavillon de l’aurore et aménager un jardin. Charles Le Brun, le grand peintre et décorateur de Louis XIV, participe au projet, tandis que le parc reflète quant à lui la vision d’André Le Nôtre, créateur des principaux jardins classiques du XVIIe siècle.
Une résidence privée devenue le parc idéal pour se balader
Profitant de sa position élevée, le château propose un parti paysager autour d’une double perspective, l’une dans l’axe du château, la seconde perpendiculaire, réservant la découverte d’une grande cascade qui se prolonge par le bassin de l’Octogone. L’un des meilleurs moyens d’en profiter est d’accéder par la petite entrée latérale Coysevox, non loin de la gare RER Parc de Sceaux. De là, on peut admirer la belle perspective qu’offrent le bassin octogonal et la partie centrale du grand canal. Lorsque le jet d’eau est au repos, on peut également apercevoir au loin le petit pavillon de Hanovre, un ancien hôtel particulier construit au milieu du XVIIIe siècle à l’emplacement de l’actuel boulevard des Italiens et déplacé dans le parc au début des années 1930. Une époque à laquelle le parc a subi un vaste projet de restauration, lui qui avait été notamment endommagé par la Révolution puis la Première Guerre mondiale. Sous la direction de Léon Azéma, architecte et concepteur des jardins du Trocadéro, le parc a subi une profonde modification en interne : si les bâtiments, ainsi que les grandes perspectives et les plans d’eau sont conservés, une nouvelle cascade dans un style art déco ornée de mascarons en bronze de Rodin voit le jour. De plus, le tracé des allées est simplifié et, petit à petit, le Domaine privé des XVIIe et XVIIIe siècles laisse place à un parc public, idéal pour la détente et la promenade.
Cascades, bassins, château et siestes à l’ombre… tant de possibilités !
C’est donc à 5 km de Paris que les plus curieux peuvent profiter d’un véritable espace de nature, de détente et de promenade aux ambiances paysagères variées. Inattendu pour un espace aux portes de Paris, le domaine offre tout simplement de vastes étendues de forêts et de plaines et des atmosphères plus champêtres, le tout formant un parfait terrain de vie pour la faune sauvage. Élément essentiel des jardins dit “à la française”, l’eau est à l’honneur, notamment à travers les 9 bassins historiques avec jets d’eau, ainsi que les Cascades se déversant dans le bassin de l’Octogone. Tous les jours à partir de 11h, les jets animent d’ailleurs le bassin de l’Olympe et les fontaines en rocaille du Petit Château, les deux bassins du Château, ceux des Pintades, des Enfants, des Taureaux, de l’Octogone, ainsi que celui du Jardin de l’orangerie. 350 ans après sa création, le parc du domaine de Sceaux a su conserver son prestige, témoin vivant du génie d’André Le Nôtre. En complément de cette pause en pleine verdure, difficile de ne pas faire un stop par le château du domaine. Datant du milieu du XIXe siècle et se tenant à la place de l’ancienne demeure de Jean-Baptiste Colbert, ce château est une bâtisse de prestige, où la symétrie est là encore le maître-mot. Doté d’une façade en briques et pierres apparentes et d’une toiture en ardoise, l’édifice accueille aujourd’hui le Musée de l’Île-de-France, où près de 9 000 estampes, 2 500 dessins et 80 000 photographies sont exposés dans le château et dans le Pavillon de l’Aurore. Preuve que histoire, culture et nature font toujours un parfait assemblage.
Domaine départemental de Sceaux
8 avenue Claude Perrault
92330 Sceaux
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Image à la une : Parc de Sceaux © Adobe Stock