Que faire à Paris ce week-end ? Que faire à Paris ce week-end ?

Cet étonnant parc à 1h de Paris nous fait voyager entre les “folies” du XVIIIe siècle, les pagodes chinoises et les pyramides !

Par Alexandre M

Mis en place en 2004 par le ministère de la Culture, le label “Jardin remarquable” distingue, comme son nom l’indique, des jardins mais aussi des parcs présentant un intérêt culturel, esthétique, historique ou botanique, qu’ils soient publics ou privés. Preuve de la richesse du patrimoine français, on dénombrait plus de 450 jardins labellisés en France en 2022. Un chiffre qui est bien entendu appelé à augmenter dans les années à venir. Y candidater demande un certain nombre de modalités à respecter mais, en attendant, il n’est jamais trop tard pour découvrir les merveilles qui se cachent près de chez vous. Encore plus quand celles-ci sont si proches d’une ville telle que Paris…

Un melting-pot d’inspirations architecturales de toutes les époques

31 hectares de verdure, c’est ce qui attend les curieux à l’ouest de la capitale, plus précisément dans la commune de Montfort-l’Amaury. C’est ici que se trouve un havre de paix autour d’un château construit au début du XIXe siècle. Le parc du château de Groussay, labellisé “Jardin Remarquable”, est composé de grandes étendues où se succèdent un jardin anglo-chinois, des fabriques et des folies, le tout pour offrir aux curieux une véritable déambulation romantique. Mais il s’agit aussi d’une charmante invitation à découvrir le monde, que l’on doit à Charles de Beistegui. Désireux de renouer avec l’esprit des jardins du XVIIIe siècle, ce dernier fait appel à l’architecte et décorateur Emilio Terry et au peintre d’intérieur Alexandre Serebriakoff pour édifier entre 1950 et 1970 plusieurs ouvrages atypiques et extraordinaires dans le parc de Groussay. C’est ainsi que fut imaginée la pagode chinoise, édifiée en 1963, qui nécessita de creuser un petit étang pour lui offrir un écrin afin de la poser sur un miroir d’eau, mais également la tour de l’observatoire, le pont palladien ou encore la tente tartare. Cette dernière, conçue en tôle peinte et abritant 10 000 carreaux de Delft, s’inspire de celle que le roi Gustave III de Suède a élevé en 1781 à Drottningholm. De quoi contraster avec le Temple du Labyrinthe en pierre ou la Colonne Observatoire, inspirée de la colonne Vendôme de Paris. Et que dire de cette pyramide de briques roses inspirée de celle de Caïus Cestius à Rome ? Un dépaysement total pour l’un des jardins les plus étonnants de France !

L’étonnante pyramide en brique du parc © Flickr

Le projet fou et ambitieux d’un esthète

De quoi ajouter un peu plus de crédit à un parc qui peut déjà se vanter d’accueillir un château, qui n’a rien à voir avec une fabrique. Construit de 1815 à 1823 pour la Duchesse de Charost, fille de Madame de Tourzel, à savoir la gouvernante des enfants du Roi Louis XVI et de la Reine Marie-Antoinette, le château sera ensuite la propriété d’une comtesse russe, avant de parvenir jusqu’à l’esthète Charles de Beistegui. En plus de la création des “Folies”, ce dernier fait ajouter une salle de bal dite Salle hollandaise et deux ailes au château, dont l’une conduit au théâtre et aux “Folies” conçues avec la complicité d’Emilio Terry et Alexandre Serebriakoff. Le petit théâtre privé sera d’ailleurs le lieu de rendez-vous des grands noms de l’Europe durant plusieurs années. À l’intérieur, certains éléments de la décoration intérieure choisis par lui ont été conservés, notamment dans le théâtre, où la Comédie-Française a pu se produire. Mais d’autres pièces remarquables sont également conservées, comme la Galerie des Goya, le grand salon, le Salon russe, le billard, la Galerie hollandaise, le Grand Salon hollandais ou la salle à manger. Tandis que le souvenir de Charles de Bestegui est omniprésent, à commencer par les chaises en acajou ornées de son monogramme doré, la bibliothèque témoigne également de son projet de transformer Groussay en petit paradis. Dans cette pièce, il fit en effet supprimer un plafond et deux chambres pour lui donner plus de hauteur.

L’un des plus beaux parcs de la région parisienne immortalisé à l’écran

Passée la découverte de toutes ces étonnantes mais non moins sublimes bâtisses, il reste heureusement du temps pour profiter de l’incroyable richesse naturelle de ce parc. Un vaste espace qui abrite des arbres remarquables comme des érables sycomores, un chêne cécile, un chêne rouge d’Amérique, un cèdre du Liban, un ginkgo ou encore des tulipiers de Virginie. Autant d’arbres majestueux qui sont entourés par des merveilles plus “classiques” comme des pommiers, des poiriers ou des cerisiers, sans oublier cet étonnant alignement de platanes taillés en têtes de chat. Un véritable paradis qu’on ne pourrait imaginer qu’au cinéma. Et cela tombe bien, puisque les charmes de Groussay n’ont d’ailleurs pas échappé au 7ème Art. Après un premier tournage en 1969, pour le film Le Bal du comte d’Orgel, de nombreuses scènes de films, téléfilms et documentaires ont par la suite été tournées à Groussay. Lors de sa vente en 1999 au producteur de télévision Jean-Louis Remilleux, le château fut d’ailleurs transformé en une sorte de studio de télévision, où furent enregistrées un certain nombre d’émissions télévisuelles, dont Plaisir de France, présentée par Frédéric Mitterrand. À partir de 2012, le parc devient également le décor de rêve pour le tournage du Meilleur Pâtissier. Actuellement fermé au public pour cause de travaux, il ne reste plus qu’à espérer que le domaine de Groussay n’ait pas fini de nous surprendre et de nous régaler.