fbpx

« L’Enfer » : l’exposition collective qui titille nos tabous

Par Romane Fraysse

Depuis quelques années, les discours moralisateurs sont de plus en plus prégnants dans notre société, si bien que le moindre écart de parole est condamné dans les médias et sur les réseaux sociaux. Face à cette vogue du politiquement correct, qu’est-ce que l’artiste contemporain s’interdit de représenter ? N’a-t-il pas au contraire le devoir de défier coûte que coûte la morale ? C’est ce que questionne le peintre Olivier Masmonteil qui invite une cinquantaine d’artistes à réfléchir sur l’ « Enfer » du 27 novembre 2021 au 15 janvier 2022 dans la galerie Sabine Bayasli.

Gare à la censure !

Peut-on parler de liberté artistique dans une ère comme la nôtre, gouvernée par nombre de discours répressifs ? En interrogeant les tabous contemporains, 45 artistes sont invités à imaginer leur « Enfer », en référence aux anciennes sections de bibliothèques dédiées aux livres et aux œuvres immorales. Dessins érotiques, peintures obscènes, sculptures blasphématoires ou photographies apocalyptiques, chaque œuvre de petit format, créée spécialement pour l’exposition, aborde la notion de l’interdit jusqu’à la redoutable autocensure. Selon la galeriste Sabine Bayasli, « les artistes s’interdisent certains sujets de nus, plus qu’avant. On entre dans une censure qui n’est pas verbalisée ».

Mû par sa curiosité, le visiteur pénètre secrètement derrière des rideaux feutrés, dans une atmosphère proche de celle d’un boudoir intimiste. On croise les photographies d’Hélène Marcoz qui jouent à un jeu dangereux en dévoilant partiellement des magazines pornographiques dans un effet de transparence et de superposition. Plus loin, Lionel Sabatté illustre une sexualité obscure avec ses dessins érotiques faits de poussières, Laurence Bonnel mélange la Descente de Croix au nu descendant l’escalier de Duchamp, tandis qu’Elise Morin sonde notre futur écologique comme un véritable Enfer sur Terre.

Par ces œuvres transgressives, l’exposition met à mal les préceptes moraux de notre époque et souhaite ainsi lever le voile sur les désirs inavoués de l’art actuel.

Galerie Sabine Bayasli
99 Rue du Temple, 75003 Paris
Du 27 novembre 2021 au 15 janvier 2022

Romane Fraysse

À lire également : Le scandale de l’Olympia

 Image à la Une : Thierry Carrier, Sans-titre (Série L’Enfer), 2021