Moins connu que ses camarades, Camille Pissarro (1830-1903) est pourtant surnommé le “père de l’impressionnisme” pour le rôle fédérateur qu’il a eu dans le mouvement moderne.
Une histoire qui démarre aux Antilles
C’est le 10 juillet 1830 que Camille Pissarro voit le jour sur l’île Saint-Thomas aux Antilles, gouvernée par le Danemark. Né d’un père français et d’une mère créole, tous deux juifs, il garde toute sa vie la nationalité franco-danoise. Sa famille possède alors une entreprise de quincaillerie dans le port de Charlotte-Amélie. C’est à l’âge de 12 ans que le jeune garçon part étudier en France, avant de retourner en 1847 sur son île natale pour travailler dans le commerce familial. Après plusieurs années d’exercice, il décide de rompre entièrement avec la “vie bourgeoise” et le négoce, et s’installe définitivement à Paris en 1855.
Le “père de l’impressionnisme”
Arrivé à Paris, il fréquente différentes académies et rencontre Camille Corot, Claude Monet, Ludovic Piette, Armand Guillaumin ou Paul Cézanne. Ses toiles étant refusées au Salon officiel, il participe au fameux Salon des refusés de 1863, et s’inscrit ainsi dans l’histoire comme l’un des pionniers de l’impressionnisme. Surnommé le “père de l’impressionnisme”, il est l’aîné du groupe moderne, et joue un rôle de fédérateur pour l’organisation de ses expositions et de ses réunions. Il est d’ailleurs le seul à avoir participé aux huit expositions impressionnistes organisées de 1874 à 1886.
Un intérêt pour la vie rurale
Pissarro est désormais moins connu que ses confrères, sûrement parce qu’il s’intéresse principalement au calme de la vie rurale, à ses paysages colorés, à l’activité de ses paysans, loin des extravagances de la ville industrielle. Lors de l’exposition impressionniste de 1874, la critique ironise d’ailleurs sur ses oeuvres en le qualifiant de “peintre des choux”. Admirateur de Millet ou Corot, il poursuivra ses recherches sur la lumière et les touches colorées au sein de la nature, s’essayant même durant un temps au divisionnisme.
Camille Pissarro anarchiste
Pissarro fait aussi partie du mouvement anarchiste. Proche d’artistes libertaires comme ceux de la Nouvelle-Athènes, ainsi que Paul Gauguin, Paul Signac, Georges Seurat et Maximilien Luce, il fait aussi la connaissance des militants Émile Pouget, Louise Michel et Jean Grave. Il s’engage contre l’antisémitisme lors de l’Affaire Dreyfus, et contribue également au journal anarchiste Les Temps nouveaux. Défenseur de l’art pour l’art, il y écrit : “Y a-t-il un art anarchiste ? Oui ? Décidément, ils ne comprennent pas. Tous les arts sont anarchistes – quand c’est beau et bien ! Voilà ce que j’en pense”.
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Image à la une : Camille Pissarro, Effet de lumière du soleil du matin, Éragny, 1899