Indépendante, hors des écoles, Suzanne Valadon est l’une des grandes artistes modernes ayant vécu sur la butte Montmartre au tournant du XXe siècle. Influencée par l’impressionnisme, elle est désormais connue pour ses portraits de femmes libres.
Elle a été acrobate de cirque et modèle
Née en 1865 à Bessines-sur-Gartempe, Marie-Clémentine Valadon est élevée par sa mère, Madeleine Valadon, une blanchisseuse qui emménage dans le quartier populaire de Montmartre. À l’âge de 15 ans, elle se lance dans une carrière d’acrobate de cirque, et gagne sa vie durant quelque temps avant de faire une mauvaise chute qui met fin à son activité. Elle rebondit alors en devenant modèle sous le nom de Maria pour de nombreux artistes, tels que Pierre Puvis de Chavannes, Auguste Renoir, Théophile Alexandre Steinlen, Henri de Toulouse-Lautrec, Jean-Jacques Henner, Gustav Wertheimer ou Federico Zandomeneghi. C’est Henri de Toulouse-Lautrec qui lui donne finalement le nom de Suzanne Valadon en référence à l’épisode biblique de “Suzanne et les Vieillards“.
Elle se forme auprès des artistes
C’est en étant modèle qu’elle apprend peu à peu les rythmes du trait, les associations de la palette. Fréquentant des artistes modernes, Valadon admire la liberté de leur touche, et commence dès les années 1880, à dessiner des portraits à la mine de plomb, au fusain et à la sanguine. Toulouse-Lautrec, qui devient son amant, l’encourage après avoir découvert plusieurs de ses dessins et lui conseille de les montrer à Edgar Degas. Ce dernier devient en effet un ami proche, lui apprend la gravure en taille-douce, et sera l’un des plus importants collectionneurs de Valadon, qui se met à la peinture dès 1892.
Des portraits de la femme moderne
À partir du XXe siècle, la désormais nommée Suzanne Valadon gagne en renommée avec ses toiles. Elle est parmi les premières femmes admises au Salon de la Société nationale des beaux-arts, et expose régulièrement au Salon des Indépendants ou encore au Salon d’Automne, dont elle devient membre en 1920. L’artiste se spécialise alors dans le portrait, et renouvelle l’image des femmes en les représentant dans des scènes du quotidien, émancipées, avec un corps réaliste et désérotisé. La chambre bleue (1932) est l’exemple le plus caractéristique de cette modernité, tout comme Adam et Eve (1909), qui est le premier nu masculin réalisé par une femme. En tout, Valadon réalise près de 500 toiles et 300 oeuvres sur papier.
Elle a vécu dans l’actuel musée de Montmartre
Suzanne Valadon aura un fils avec l’ingénieur et peintre Miquel Utrillo, qui n’est autre que le peintre Maurice Utrillo. Avec lui et son ami André Utter, elle s’installe dans une ancienne maison située tout en haut de la butte Montmartre, au 12 rue Cortot, et y aménage son atelier. Celle-ci se marie alors avec Utter en 1914. Dans ce ménage, les relations houleuses du couple et l’instabilité du jeune Maurice vont rendre la cohabitation difficile. Aujourd’hui, ce lieu peut être visité, puisqu’il s’agit du musée de Montmartre, qui a reconstitué l’aménagement de leur appartement et le splendide atelier de Valadon.
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Image à la une : Atelier de Suzanne Valadon reconstitué – © Elwin van Eede