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Onze artistes urbains nous mènent en immersion dans 3 000 m2 à Paris

Expo Super Terram

Jusqu’au 19 mars 2023, l’espace Voltaire se transforme en une immense grotte obscure, dans laquelle onze artistes urbains mènent une réflexion collective sur notre monde déraciné.  Sculptures, peintures, installations et oeuvres numériques embarquent librement le visiteur dans une longue exploration intellectuelle et sensible.

Reprendre racine

Dès notre entrée dans SUPER TERRAM, on est plongé dans une atmosphère étrange qui nous déstabilise : l’espace, obscur et clos, est recouvert de plusieurs tonnes de terre au sol. Là, une petite télévision projette une vidéo en boucle, accompagnée par le claquement répétitif des diapositives de la salle suivante. Sur ces images, un clown nous interpelle comme un mendiant désenchanté en recherche d’un nouvel idéal : « Mesdames et Messieurs, soyez charitables, offrez-moi une âme ». Le ton est donné.

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A.L. Crego, Lumen, 2023 – © Romane Fraysse

Sur les 3 000 m2 de l’exposition, onze artistes internationaux provenant de l’art urbain vont développer une réflexion autour du déracinement de notre monde contemporain. Des légumes qui poussent hors-sol, une végétation cloisonnée par l’aménagement urbain, des communications réduites à des échanges virtuels… la liste est longue, tant la problématique est bien réelle. Avec des diapositives glanées, le collectif CELA présente dans la deuxième salle des bribes de souvenirs, projetés dans des bacs d’eau dont les vagues effacent les images. Par cette référence à la « société liquide », les artistes dénoncent un manque de repère et une intimité fragilisée.

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Michael Beitz, This is what I would do, 2023 – © Romane Fraysse

Si la multiplicité des réflexions est enrichissante, et si certains artistes font recours aux matières organiques, on aurait aimé sentir un brin de vie dans ce parcours particulièrement sombre, qui finit par évoquer la guerre ukrainienne avec l’artiste Seth. On remercie néanmoins l’artiste Michael Beitz pour sa mise en scène pleine d’ironie des objets du quotidien, nouveaux fétiches de notre vie confortable. Heureusement, pour ne pas tomber dans un pessimisme pur, le collectif CELA conclut le parcours avec une œuvre tout en contraste : une salle d’un blanc immaculé, ouverte sur l’extérieur,  nous invite à la méditation. Avec un ensemble de microphones, de plaques et de haut-parleurs, Le chant des sirènes capte la présence des visiteurs par les vibrations, et lance un signal sonore à notre sensibilité profonde.

Une exploration interactive

Si toutes les œuvres ne réveillent pas notre curiosité, il est certain que cette atmosphère caverneuse ne peut laisser le visiteur insensible. Bien sûr, il faut s’accommoder à ce romantisme noir, qui ne nous quitte pas durant les deux étages de visite. Bien qu’il ne soit pas question d’une exposition « immersive », SUPER TERRAM convoque nos sens. Par le noir, par la terre, mais aussi par la vague impression de s’être lancé dans une exploration solitaire, sans bien savoir où l’on se dirige.

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Amir Roti, Le chant du vide, 2023 – © Romane Fraysse

Ainsi, au fil des salles, le visiteur est invité à toucher une sculpture en marbre d’Amir Roti, à contribuer à la destruction d’un immense QR code réalisé par Germain Ipin, mais aussi participer à une performance avec Axel Void. Tout le long de l’exposition, ils pourront communiquer virtuellement avec l’artiste, isolée dans une petite maison avec des outils numériques.

La défense d’un « art contextuel »

À travers cette exposition, le commissaire et artiste Gaël Lefeuvre a à cœur de défendre un « art contextuel », qui renouvelle la pratique urbaine. Qu’il s’agisse de Gonzalo Boron, A. L. Crego ou Know Hope, tous mettent leurs œuvres en dialogue avec l’environnement, tout comme avec le visiteur.

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Axel Void, Rétro-Éclairé, 2023 – © Romane Fraysse

L’espace lui-même a été repensé pour accueillir cette exposition : plusieurs angles ont été cassés, les plafonds ont été effacés, et les lumières ajustées. Et c’est ainsi que le bâtiment et les Å“uvres vont évoluer ensemble jusqu’en mars prochain. En effet, l’espace Voltaire disparaîtra lui aussi, pour être entièrement restauré en 2023.

SUPER TERRAM
Par la Fondation Desperados pour l’Art Urbain
Espace Voltaire
81 boulevard Voltaire, 75011 Paris
Jusqu’au 19 mars 2023

Romane Fraysse

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Visuel à la une : Gonzalo Borondo, Èter, 2021 – © Romane Fraysse

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