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Albert Soleilland : l’affaire qui déchaîna la presse en 1907

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Du fait divers macabre au feuilleton national, l’affaire Albert Soleilland a occupé la majorité des unes de la presse au mois de février 1907. Au delà de l’indignation et de l’émoi face à l’horreur du crime commis, l’opinion publique a rugi face à la position abolitionniste du Président Fallières alors en place et a suscité un vif débat national autour de la peine de mort. On dit même que c’est cet évènement qui a retardé l’abolition de la peine capitale à 75 années plus tard.

Albert Soleilland : les faits accablants de l’affaire

L’affaire Soleilland a tout du fait divers glacial, l’homme âgé de 26 ans, est ouvrier d’un atelier automobile en 1907. Le 31 janvier de cette année, un couple d’ami confie leur fille, Marthe Erbelding, à Julienne Soleilland, la femme d’Albert. Chargée d’emmener la fillette assister à un spectacle au Bataclan, elle est finalement prise par un imprévu professionnel, elle choisit alors de confier la tâche à son mari, mais ce dernier reviendra seul devant les parents Erbelding, prétextant penser que la fille était revenue d’elle-même après s’être absentée aux toilettes. Rapidement, des contradictions dans les faits couplés au passif sulfureux de Soleilland (il avait déjà été condamné pour abus de confiance, tentative de viol et de proxénétisme), rattrapent l’homme. Dos au mur, il finira par avouer son crime le 8 février : le criminel n’a jamais emmené la petite Marthe au Bataclan mais l’a étranglée, violée et poignardée avant de se débarrasser de son corps à la Gare de l’Est.

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Une du Petit Journal du 24 février 1907

Torrent médiatique et grâce présidentielle

Ne serait-ce qu’en réaction à la violence et à la gratuité de ce meurtre, l’opinion publique, alimentée par la presse, a vivement réagi. Aux funérailles de Marthe Erbelding, entre 50 000 et 100 000 personnes feront le déplacement au cimetière de Pantin, en hommage à la jeune fille. Au procès de Soleilland, 20 minutes de délibération suffiront pour condamner l’homme à la peine capitale. Seulement voilà, le Président Fallières, fervent abolitionniste, offre la grâce présidentielle au condamné et lui évité ainsi l’échafaud. L’annonce fait alors l’effet d’une bombe et la presse s’enflamme, au même titre que les Français. Le Petit Parisien organise alors un sondage sans précédent autour du sujet de la peine de mort. Sur 1 500 000 sondés, 74% déclarent vouloir la maintenir. Désormais, la Chambre des Députés se joint au peuple dans le mécontentement et la critique de la politique de Fallières jugée irresponsable. Le Président, après avoir échoué à faire passer une loi sur l’abolition de la peine capitale, doit céder. Les condamnations à mort poursuivront alors l’année suivante.

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Soleilland, lors de son départ au bagne

Quant à Solleilland, il sera envoyé au bagne de l’Île Royale, près de la Guyane, et y sera esseulé et passé à tabac par ses co-détenus. Affaibli et infirme, il mourra de la tuberculose 12 ans après son arrivée.

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