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Savez-vous pourquoi il n’existe aucune rue Napoléon à Paris malgré l’impact considérable de l’Empereur sur la capitale ?

Napoléon Invalides © Adobe Stock
Par Alexandre M

C’est une question que l’on s’est forcément posée au moins une fois dans sa vie : pourquoi une rue s’appelle-t-elle ainsi et qui en a décidé ainsi ? Depuis 1982, ce sont les communes qui décident : n’importe quel habitant peut faire une proposition et, si le maire décide de l’inscrire à l’ordre du jour, elle sera soumise au vote des conseillers. Animal, arbres, lieu, personnalité, événement… le choix est vaste. Sauf exception, on ne donne pas le nom d’une personnalité vivante. Victor Hugo fait en effet partie des rares privilégiés à avoir bénéficié, les quatre dernières années de sa vie, d’une avenue en son nom à Paris. Des hommes d’influence, on en retrouve énormément sur les plaques parisiennes. Et pourtant, il en est un, qui a grandement œuvré pour Paris, qui est mystérieusement absent…

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Façonner Paris, l’un des grands projets de Napoléon

En se baladant dans les rues de la capitale, on constate que ses maréchaux et ses victoires sont célébrés à travers les plus grandes artères de Paris. Pourtant, Napoléon lui-même n’a pas de rue ou d’avenue à son nom dans la capitale. Un fait assez étonnant quand on connaît l’impact considérable qu’a eu l’Empereur sur la Ville Lumière. À l’image de l’Arc de Triomphe, ce monument emblématique de Paris construit sur ordre de Napoléon Ier pour célébrer ses victoires et devenu depuis symbole de la puissance militaire française. Mais la ville de Paris doit bien plus au natif d’Ajaccio. Ville chère au cœur de l’Empereur, ce n’est pas un hasard si le tombeau de Napoléon repose sous le dôme des Invalides, puisqu’il s’agit d’ailleurs d’une de ses dernières volontés. S’il n’est resté au pouvoir qu’entre 1799 et 1815, ce laps de temps lui a cependant suffi pour changer considérablement la physionomie de la capitale. Pour que la capitale reflète sa gloire, il fait ordonner la création de nouvelles artères, de marchés, de ponts, d’hôpitaux ou encore de fontaines, dont certaines ont bien des histoires à raconter. À ses yeux, Paris se doit également d’être un haut lieu culturel et intellectuel. Autre décision majeure : si le numérotage de rues nous semble aujourd’hui banal, il n’en était rien avant les décisions de Napoléon Ier. Parmi les monuments emblématiques, impossible de ne pas citer la colonne Vendôme, érigée pour rendre hommage à l’armée napoléonienne et commémorer la bataille d’Austerlitz, la Bourse ou la Madeleine, qui était à l’origine un temple visant à célébrer à nouveau la gloire des armées de Napoléon.

Un siècle riche en révolutions et décisions majeures

Si Napoléon a laissé une trace majeure de son passage partout dans la capitale, il n’a toutefois laissé aucune rue à son nom, en exceptant la rue Bonaparte du 6ème arrondissement, qui n’inclut toutefois ni son prénom ni son nom de sacre. Une absence étonnante qui s’explique en fait par les chamboulements politiques du XIXe siècle, notamment trois révolutions et un Second Empire après le règne de Napoléon. Après la Révolution de 1789, les rues de la Liberté ou de la Nation remplacent celles de l’Église. Vient ensuite le Premier Empire, qui consacre ses grandes figures, mais que la Révolution de 1848 se charge aussitôt d’effacer. Dès 1853, le Second Empire pousse Paris à renouer avec les figures liées à Napoléon. Mais un événement majeur du XIXe siècle vient à nouveau bousculer le souvenir de l’Empereur. Après la défaite de Sedan et la chute du Second Empire en 1870 puis la Commune de Paris de 1871, il est décidé de “supprimer quelques noms politiques dont le maintien blesse le sentiment public”. Pour marquer son avènement, la Troisième République veut gommer toute trace des précédents régimes impériaux. Napoléon Ier évidemment, mais aussi Napoléon III, pourtant grand instigateur de la transformation de Paris, qui n’a pour lui qu’une place.

Des Parisiens envahissant l’Hémicycle au Palais-Bourbon le 4 septembre 1870 pour exiger la déchéance de Napoléon III et la fin du Second Empire © Josse/Leemage
Des Parisiens envahissant l’Hémicycle au Palais-Bourbon le 4 septembre 1870 pour exiger la déchéance de Napoléon III et la fin du Second Empire © Josse/Leemage

Un personnage que l’on ne cherche plus vraiment à honorer 

Les guerres napoléoniennes ne sont pas reconnues comme “républicaines”, tandis que les guerres coloniales de la IIIème République le sont. Un point qui explique pourquoi un personnage comme Jules Ferry ait plus de rues à son nom que Napoléon Bonaparte. D’ailleurs, au sujet de la fameuse rue Bonaparte du 6ème arrondissement, celle-ci est au nom du général révolutionnaire et non à celui de l’Empereur des Français. Tout ce qui touche à Napoléon est ainsi gommé. En 1873, “l’avenue projetée sous le nom d’avenue Napoléon” devient avenue de l’Opéra tandis que les avenues du Prince-Jérôme et de l’Impératrice sont débaptisées en 1879 pour devenir respectivement l’avenue Mac-Mahon et l’avenue Marceau. Même sort pour le quai de la Corse, sur l’Île de la Cité. D’abord connu comme quai Napoléon, il devient quai de la Cité en 1816, à nouveau quai Napoléon en 1834, puis encore quai de la Cité en 1873, avant de devenir le quai aux Fleurs en 1879. Coupé en deux en 1929, une partie reste le quai aux Fleurs, tandis que l’autre devient le quai de la Corse, comme un clin d’œil assez discret. Si de nombreuses pétitions pour nommer au moins une rue Napoléon à Paris sont restées lettres mortes, il faut toutefois s’éloigner de la capitale et prendre la direction de Rueil-Malmaison, Compiègne ou Sarrebourg pour arpenter solennellement une rue Napoléon ou Napoléon Ier.

Au croisement du Boulevard Saint-Germain et de la Rue Bonaparte avec le café Les Deux Magots en arrière-plan © Flickr
Au croisement du Boulevard Saint-Germain et de la Rue Bonaparte avec le café Les Deux Magots en arrière-plan © Flickr

 

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Image à la une : Napoléon Invalides © Adobe Stock

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