Nous vous l’avons annoncé la semaine dernière : la brasserie alsacienne Chez Jenny fermera définitivement ses portes en 2020… Fondée en 1932, cette institution du quartier de la place de République a fait pendant longtemps vibrer la scène culturelle parisienne. Retour sur sa passionnante histoire.
Un symbole du Paris années 30
Fondée par Robert Jenny, un traiteur alsacien ayant fait ses gammes à l‘exposition coloniale de 1931, la brasserie Jenny tire d’abord sa réputation de la spécialité qu’elle sert encore aujourd’hui : la choucroute artisanale ! Sur le modèle du winstub (une auberge alsacienne servant une cuisine du terroir) la brasserie devient rapidement un lieu de rendez-vous du tout Paris.
On vient y savourer outre la choucroute des charcuteries fines de chez Hurst, des pâtés de foie gras de chez Burger, ou encore des fromages de la fromagerie Rentz, sans oublier les gouleyants vins d’Alsace du clos Saint-Odile ou du domaine Preiss. Aujourd’hui, la choucroute demeure encore fameuse, mais la carte s’est également enrichie d’autres spécialités de l’Est de la France : kouglof façon baba, flammekueche…
La bonne chère, c’est une chose. La fête en est une autre ! Car chez Jenny, on venait aussi pour l’ambiance. Situé à proximité de théâtres populaires, notamment le Cirque d’Hiver ou l’ancien Alhambra (détruit en 1967), de nombreux artistes viennent s’encanailler au restaurant après les spectacles : Minstinguett, Django Rheinart, Lucienne Boyer ou encore Ray Ventura font partie des grandes figures ayant festoyé chez Jenny. Après-guerre, on voit arriver une nouvelle génération qui continue de faire vivre la brasserie comme un incontournable : Michel Galabru, Jean-Paul Belmondo, Léo Ferré, Silvia Kristel, Johnny Hallyday, Marina Vlady, Bertrand Tavernier… La liste est longue !
Un décor d’époque exceptionnel
Attardons-nous un instant sur le décor du restaurant, qui vaut le détour ! L’artisan d’art alsacien Charles Spindler est notamment à l’origine de la première version du décor de la brasserie. On retient notamment les 10 grandes compositions de la salle du premier étage, représentant une vue sur Strasbourg dominée par des cigognes.
En 1953, le sculpteur Albert Erny enrichit le restaurant de boiseries ornées de personnages représentant des métiers traditionnels ainsi que des portes sculptées. Du côté de la salle “Colmar”, on remarque la présence de grands personnages alsaciens, du sculpteur Auguste Bartholdi au général Rapp. Un vrai hommage au patrimoine de la région !
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