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Sur les traces de la franc-maçonnerie au Père-Lachaise

Le Père Lachaise, photo par Jose Hernandez, Shutterstock
Par Pauline

Le célèbre cimetière du Père-Lachaise à Paris est non seulement la dernière demeure de nombreuses personnalités historiques, mais aussi le théâtre de mystères et d’histoires intrigantes… Parmi les tombes qui auront peut-être attiré votre attention, se trouvent sûrement celles de francs-maçons, empruntes d’un symbolisme cryptique.

Des équerres aux compas, des étoiles à cinq branches aux inscriptions mystérieuses, elles interrogent et fascinent les visiteurs curieux. Aujourd’hui, on se penche sur le sujet des hommes derrière ces sépultures pas comme les autres ! Voilà qui devrait pimenter un peu votre prochaine promenade dans ce bel endroit…

1. François Arago

Tombe Emmanuel Arago au Père-Lachaise, à Paris
© Pierre-Yves Beaudoin

On commence avec la tombe de François Victor Emmanuel Arago, tout de même l’un des pères fondateurs de la Troisième République. Cette figure de la politique française du XVIIe siècle a été député à trois reprises dans son existence (de 1848 à 1871, des Pyrénées-Orientales et de la Seine), puis Sénateur de 1876 à 1896. Arago était considéré comme un maçon éclairé, profondément engagé dans les principes et les idéaux de la franc-maçonnerie. Il était d’ailleurs haut dignitaire du Suprême Conseil de France et aurait participé activement aux activités de sa loge, contribuant ainsi à la diffusion des idées maçonniques dans la société de son temps. Son implication dans la franc-maçonnerie a probablement influencé ses convictions politiques et sa manière de concevoir le monde. Un héritage qu’il devait aussi à son père, un républicain aguerri.

2. Jean-Jacques Régis de Cambacérès

Tombe de Jean-Jacques Régis Cambacérès au Père Lachaise, à Paris
© Pierre-Yves Beaudoin

Figure emblématique de la Révolution française et du Premier empire, Jean-Jacques Régis de Cambacérès était un franc-maçon actif. Il a occupé successivement plusieurs rôles importants au sein de l’organisation et a contribué à son renouveau après la Révolution. Initié à la franc-maçonnerie en 1786, il a fait parti de la célèbre loge des Neufs Sœurs à Paris, rattachée au Grand Orient de France (la plus ancienne obédience maçonnique française et la plus importante d’Europe). Il se verra d’ailleurs confier son administration.La franc-maçonnerie est alors profondément liée à la politique, et Napoléon consent à la laisser exister s’il peut avoir la main dessus. Il place donc Joseph Bonaparte aux côtés de Cambacérès.

3. Eugène Pottier

Tombe Eugène Pottier, poète et compositeur de l'Internationale
© Pierre-Yves Beaudoin

Poète, écrivain et homme politique, on connaît surtout Eugène Pottier pour avoir composé les paroles du chant révolutionnaire L’Internationale en 1871. Ayant participé à la Semaine sanglante pendant la Commune de Paris, il est contraint de s’exiler en Angleterre, puis se fait condamner à mort en 1873. Il fuit cette fois aux Etats-Unis, où il s’implique d’autant plus au sein des communards, et développe un réseau de solidarité pour accueillir les réfugiés du mouvement, dans une situation similaire à la sienne. C’est tout naturellement qu’il rejoint alors la franc-maçonnerie, ainsi que le parti ouvrier socialiste d’Amérique. Après l’amnistie de 1880, il rentre en France blessé et ruiné, mais en paix. Il s’illustrera encore avec plusieurs chansons avant de décéder en 1887.

4. Oscar Wilde

Tombe de l'auteur Oscar Wilde au Père Lachaise
© Shutterstock – Huang Zhen

C’est une figure sulfureuse que celle du célèbre Oscar Wilde, écrivain irlandais de génie, mais aussi journaliste et essayiste d’opinion émérite. Grande figure de son époque, il continue de rayonner sur les générations actuelles à travers ses œuvres littéraires, d’ailleurs à maintes reprises adaptées au cinéma. Le Fantôme de Canterville, Le Crime de Lord Arthur Saville, ou encore le Portrait de Dorian Gray : c’est un bel héritage qu’il laisse derrière lui. Oscar Wilde a connu une existence tumultueuse, en grande partie en raison de son homosexualité qui lui a valu accusations et emprisonnement. Cependant, on ignore souvent un pan de sa vie antérieure, lorsqu’il était en études. Plusieurs indices nous mettent alors sur la voie, dont sa tenue vestimentaire, caractéristique de la franc-maçonnerie. Il n’aurait fait qu’un bref passage dans une loge irlandaise en 1875, introduit par le Prince Léopold, lui-même franc-maçon, avec qui il aurait entretenu des liens amicaux dans sa jeunesse. Les idéaux qu’entretenait alors Wilde concordent bien avec les principes de la franc-maçonnerie ; cependant, il semble qu’une affaire de dépenses excessives l’ait fait prendre ses distances. Il décède en 1900 à Paris, après s’être exilé en France pour échapper à la condamnation en Grande-Bretagne.

Ces quelques tombes sont bien loin d’être les seules concernées : si le sujet vous intéresse, ouvrez-l’œil, peut-être rencontrerez-vous d’autres symboles disséminés ça et la ? Et pour tout savoir sur le cimetière du Père-Lachaise, vous pouvez aussi suivre notre prochaine visite guidée insolite dans cet incroyable labyrinthe de sépultures !

À lire également : La petite histoire du Père-Lachaise