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Découvrez l'histoire de cet hôtel particulier parisien ayant appartenu à un prince maudit condamné à mort...

Hôtel de Salm © Adobe Stock
Par Alexandre M

Bien entendu, il y a les monuments, comme la Tour Eiffel ou l’Arc de Triomphe, les parcs, qu’il s’agisse de Monceau ou des Buttes-Chaumont ou les églises, que l’on préfère Saint-Eustache ou l’emblématique Saint-Sulpice. Mais Paris est une ville aussi célèbre pour accueillir de fastueux hôtels particuliers, témoignages de glorieux rêves de richissimes propriétaires. Sur les 2 000 hôtels particuliers que la capitale comptait à l’époque, un peu moins de 400 hôtels particuliers sont aujourd’hui conservés. Si certains sont restés de mystérieuses demeures privées, d’autres ont su trouver une seconde jeunesse en devenant un musée…

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Une collection titanesque sur les décorations militaires

Si l’on connaît la longue histoire de l’hôtel Cluny, devenu le parfait recueil des plus belles œuvres médiévales, ou de l’hôtel Carnavalet, qui permet aujourd’hui de tout savoir sur l’histoire de Paris, on a parfois tendance à oublier d’autres monuments aussi exceptionnels. Sur la rive gauche de la Seine, à quelques mètres seulement du musée d’Orsay, se trouve en effet le musée national de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie qui, comme son nom l’indique, est consacré aux ordres de chevalerie et de mérite, décorations et médailles, tant français qu’étrangers. Inauguré en 1925 sur l’emplacement des anciennes écuries de l’hôtel de Salm, le musée présente ses collections permanentes dans des espaces thématiques consacrés à l’histoire du palais et à la création du musée, aux ordres chevaleresques et religieux, aux ordres royaux français, à la Légion d’honneur, ordres impériaux et souvenirs du Premier Empire, aux ordres étrangers et, enfin, aux ordres, décorations et médailles françaises de 1789 à nos jours. Véritable référence mondiale en matière de décorations, ce sont pas moins de 5 000 objets d’art et insignes qui retracent l’évolution des distinctions françaises et étrangères du Moyen Âge au XXIe siècle que l’on peut admirer.

Près de 5000 objets et insignes à découvrir dans ce majestueux musée © C. LACENE
Près de 5000 objets et insignes à découvrir dans ce majestueux musée © C. LACENE

Le chantier catastrophique d’un prince maudit

Mais avant d’être un musée, cet imposant bâtiment classé aux Monuments Historiques depuis 1985 était donc un palais édifié par l’architecte Pierre Rousseau pour le compte du prince allemand Frédéric de Salm-Kyrbourg. Tout juste marié et peu satisfait par l’étroitesse des deux hôtels parisiens que le prince loue alors rue de Varenne, il devient propriétaire en 1782 d’un grand terrain d’une superficie de 1362 toises carrées, au lieu-dit de la Grenouillère. Voyant les choses en grand, le prince va, sans le savoir, dans un chantier colossal et, surtout, un gouffre financier. Le palais n’est en effet pas complètement achevé quand débute la Révolution de 1789 et, face aux difficultés, Frédéric de Salm-Krybourg songe même à marier son neveu à la fille de son entrepreneur, Thévenin, pour que cela constitue un paiement suffisant. L’échec est tel que l’architecte rachète l’hôtel pour se payer pour ses travaux et le prince n’y est plus que locataire. Décidément, rien ne réussit à Frédéric III : s’il devient commandant du bataillon de la Garde nationale de la section de la Fontaine-de-Grenelle, il est arrêté le 13 germinal an II et condamné à mort le 5 thermidor par le tribunal révolutionnaire. Il sera guillotiné le même jour en même temps qu’Alexandre de Beauharnais, l’amant de sa sœur, et tous deux reposent au cimetière de Picpus.

inscription

L’Empereur des Français à l’origine du renouveau de l’hôtel

L’après Frédéric III n’est guère rayonnant pour l’hôtel de Salm, qui demeure pourtant l’une des plus belles demeures construites à Paris dans le style néo-classique. Reprenant un schéma traditionnel entre cour et jardin,la particularité de cet hôtel est que le corps de logis est rejeté à l’arrière pour jouir de la vue sur la Seine. Le style architectural est quant à lui conforme aux canons du néo-classicisme revisitant les temples antiques et les seuls éléments décoratifs sont les bas-reliefs antiquisants présents sur les deux pavillons sur rue et sous le portique. Après la Révolution, l’Hôtel particulier est rayé de la liste des biens nationaux, de nombreux locataires se succèdent et autant de solutions pour assurer l’équilibre financier du monument. Maudit comme depuis toujours, le bâtiment sera dévasté par un gigantesque incendie aux derniers jours de la Commune, en même temps que le palais des Tuileries, la Cour des comptes ou encore l’Hôtel de Ville. Mais l’hôtel de Salm a trouvé depuis plusieurs décennies déjà sa nouvelle vocation. Il a en effet été acquis en 1804 pour la Légion d’honneur sur ordre de Napoléon Bonaparte, qui a lui-même reçu l’instigation de son épouse Joséphine. Après l’incendie, le palais est restauré à l’identique par l’architecte Anastase Mortier et le décor intérieur est exécuté dans le style de la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, c’est donc un formidable musée sur l’histoire de France que l’on peut découvrir. L’occasion d’admirer de nombreux souvenirs napoléoniens, dont le grand collier de l’Empereur Napoléon Ier, signe distinctif depuis le Second Empire du grand maître de l’ordre, le chef de l’État. Entre ces objets emblématiques, l’architecture et la décoration de ce palais néoclassique du XVIIIe siècle, c’est une visite que l’on n’oublie pas de sitôt. 

Une décoration des plus fastueuses © David Bordes
Une décoration des plus fastueuses © David Bordes

Hôtel de Salm
64 rue de Lille
75007 Paris

 

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Image à la une : Hôtel de Salm © Adobe Stock

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