C’est une place que nous connaissons tous. La place de la République est, depuis plus d’un siècle, le lieu où se rassemblent les Parisiens pour manifester, célébrer ou rendre hommage. Il y a deux raisons à cela : avec ses 33 000 m², c’est l’une des plus grandes esplanades parisiennes et son Monument à la République en fait un lieu on ne peut plus symbolique.
Inaugurée en 1883, cette immense statue représente une allégorie de la République. Constituée d’une sculpture en bronze de 9,5 mètres et d’un piédestal élevé sur 15,5 mètres, cet ensemble statuaire nous présente quelques uns des symboles les plus éminents de la République Française. Marianne est accompagnée d’un bonnet phrygien, d’une tablette des “Droits de l’Homme” et d’un rameau d’olivier, représentant la paix. Un lion en bronze, symbolisant le suffrage universel, et trois statues servant d’allégorie à la devise française viennent compléter ce monumental ouvrage. Mais la grande particularité de cette statue se trouve autour de son piédestal : 12 hauts-reliefs en forme de tableaux. Chacun d’eux représente une date importante de l’Histoire de France, et plus particulièrement de la République Française. On les découvre.
Les prémices de la RévolutionÂ
Le premier relief illustre la date du 20 juin 1789. En ce jour-là , les députés réunis pour les États-Généraux entraient en résistance contre le roi et rédigeaient le premier texte de la révolution : le Serment du Jeu de Paume. Le relief reprend le tableau inachevé du peintre David et nous montre le député Jean-Sylvain Bailly, futur premier maire de Paris, lisant le texte au reste de l’assemblée. Vient ensuite la date du 14 juillet 1789 et son illustration de la prise de la Bastille, puis le 4 août 1789, jour qui a vu l’intégralité des privilèges féodaux être supprimée. Le 14 juillet 1790 complète ce premier ensemble et représente la Fête de la Fédération, célébrée sur le Champ-de-Mars pour le premier anniversaire de la prise de la Bastille. Le marquis de La Fayette, le grand héros de cette journée, est représenté au centre du relief, symbole d’une France unie et réconciliée.
Au cÅ“ur de la RévolutionÂ
Les quatre reliefs suivants évoquent des dates importantes de la période révolutionnaire. Le 11 juillet 1792,  l’Assemblée législative proclame « la Patrie en danger » suite à  de multiples défaites des troupes françaises contre le Saint-Empire romain germanique. Le relief suivant semble lui répondre. Le 20 septembre 1792 illustre la fameuse bataille de Valmy, première victoire de l’armée française contre les troupes prussiennes. Enfin, la date du 21 septembre 1792 ne pouvait être que présente sur le piédestal du Monument de la République puisqu’elle correspond à l’abolition de la royauté et, de facto, à la naissance de la République.
Ils nous a fallu chercher un peu plus longtemps pour comprendre à quoi correspond le huitième relief. La raison n’est pas tant que la date est écrite en calendrier républicain, mais parce que nous ne l’avons jamais apprise à l’école. Le 13 prairial an 2, soit le 1er juin 1794, correspond à une bataille navale qui a eu lieu près d’Ouessant entre les flottes britanniques et françaises. Seule spécificité de cette bataille, sa victoire a été revendiquée par les deux camps… Une façon de clamer notre supériorité face à nos amis d’outre-Manche ?
Le siècle républicain
Avec les quatre derniers reliefs, nous entrons de plain-pied au XIXe siècle. Un saut dans le temps de presque quarante ans et nous arrivons au 29 juillet 1830, date qui voit le peuple parisien triompher sur les forces armées du roi Charles X.  En ce troisième jour d’insurrection que l’on appellera les « Trois Glorieuses », le peuple a remporté sa victoire dans la rue et l’option républicaine est encore envisagée. Dès le lendemain cependant, l’on pense plutôt à mettre un nouveau roi sur le trône et les espoirs républicains s’effondrent. La monarchie de Juillet sera proclamée dix jours plus tard.
18 années passent, la révolution est à nouveau en marche. Le 24 février 1848, après trois jours d’insurrection, la Deuxième République est proclamée. Ce n’est pourtant pas cette date qui figure sur le dixième relief, mais bien celle du 4 mars 1848. Cette dernière correspond à l’une des premières dispositions prise par ce nouveau régime : l’adoption du suffrage universel masculin.
Les deux dernières dates, enfin, sont contemporaines de l’édification du monument. La première, le 4 septembre 1870, correspond à la proclamation de la Troisième République. La seconde, le 14 juillet 1880, est la date de la première Fête Nationale qui s’est déroulée 90 ans après la Fête de la Fédération dont elle en est la célébration.
Cette douzaine de tableaux sculptés est représentative des idéaux et du point de vue qu’avait la Troisième République sur son histoire. On ne s’étonnera pas que la Révolution Française soit l’époque la plus représentée sur les hauts-reliefs. Elle est en effet considérée par la Troisième République comme l’événement fondateur du mouvement républicain en France.
Néanmoins, des dates importantes comme l’exécution de Louis XVI, la chute de Robespierre ou encore la Commune de Paris ne sont pas représentées, sans doute trop controversées. Des époques entières manquent également à l’appel, telles que l’Empire ou la Restauration, logiquement discréditées tout au long de la Troisième République. Le monument à la République reste néanmoins un bel aperçu des événements qui ont marqués nos ancêtres du XIXe siècle.
Cyrielle Didier