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Les frères Perret : un trio qui révolutionne l’architecture parisienne au début du XXe siècle

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Par Colombe

Originaires de Bruxelles, Claude, Gustave et Auguste Perret proviennent d’une famille de constructeurs. Grâce à leur formation, dispensée par leur père, ils deviennent des maîtres en la matière et couplent ce savoir-faire avec l’architecture. À l’origine de plusieurs chefs d’œuvres parisiens notamment, ils révolutionnent l’architecture de leur temps. Rencontre avec de véritables pionniers parisiens !

Le destin lié de la famille Perret

Auguste Perret, figure la plus connue des trois frères, est né en 1874. Il suit son père, tailleur de pierre et propriétaire d’une entreprise générale de construction. Menant une vie modeste, Auguste se passionne progressivement pour Paris. Tous trois se forment auprès de leur père dans la construction. Auguste, et plus tard son grand frère Gustave, intègre en 1891 la prestigieuse École des Beaux-Arts de Paris, mais la quitte avant l’obtention de son diplôme. Le diplôme est pourtant nécessaire pour exercer officiellement la profession d’architecte, mais Auguste souhaite conserver son indépendance. Cette décision ne lui portera finalement pas préjudice puisque Auguste devient à la fois constructeur, entrepreneur et architecte ce qui lui permet de suivre les chantiers du début à la fin. Pour lui, c’est la clé du métier : « l’architecte est un poète qui pense et parle en construction ».

L’architecture n’allant pas sans la construction, Auguste décide à la mort de son père en 1905 de créer une entreprise familiale, « Perret et fils », en s’associant avec ses deux frères. Il s’agit de la première entreprise de béton armé qui fait office en parallèle d’agence d’architecture, structure dans laquelle un certain Le Corbusier effectuera son stage en 1909 ! Auguste est le concepteur, Gustave gère l’agence et Claude est chargé de la filiale qu’ils ont développée à Alger. Commence alors une aventure fraternelle particulièrement fructueuse.

Portrait d’Auguste Perret de profil sur la terrasse de l’immeuble de la rue Franklin ©CNAM

Innovants dans la capitale

Le contexte dans lequel les trois frères évoluent est prospère, la Belle Époque donnant lieu à de profonds progrès techniques et à de multiples révolutions artistiques et architecturales dont Auguste Perret va être un des leaders. Lors de l’Exposition Universelle de 1900, ces frères et lui visitent les chantiers des Petit et Grand Palais dont l’exception réside dans l’utilisation inédite du béton armé.

Auguste Perret va peu à peu s’approprier ce matériau, qui reste aujourd’hui le symbole de l’esthétique architecturale qu’il adopte. Ce matériau était jusque-là utilisé pour la construction d’usine ou de gares et Auguste Perret va s’en emparer pour l’intégrer dans des immeubles d’habitation ou des édifices de prestige. L’exemple-phare reste le 25 bis rue Franklin, au cœur du 16e arrondissement, profitant d’une vue panoramique sur la tour Eiffel. Le chantier, commencé au début des années 1900 fait office de laboratoire expérimental du béton armé. La parcelle, trop étroite pour accueillir une construction traditionnelle en maçonnerie sera édifiée en béton, et la structure sera pour la première fois à la fois visible et cachée. Avec un seul appartement par niveau, 9 étages et 33 mètres de haut, l’immeuble de la rue Franklin est aujourd’hui un joyau de l’architecture moderne inscrit à l’inventaire des Monuments historiques depuis 1966.

© Franck Deletang

Avec ses œuvres architecturales, Auguste Perret et ses frères créent un nouvel ordre, celui du béton armé et s’en suivent des chantiers monumentaux, à l’image du Théâtre des Champs Élysées, construit entre 1911 et 1913 et composé de deux ponts supportés par quatre pylônes.

Théâtre des Champs-Élysées, avenue Montaigne, Paris 8e, Chevojon, non daté ©CNAM
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La pureté des lignes, la simplification des formes géométrique, la blancheur des façades, caractéristiques de l’Art Déco, se retrouvent dans le théâtre des Champs Elysées construit par Auguste Perret en 1913.

De la même manière, l’église du Raincy, édifiée en 1922, suit les codes très imposants du béton armé. Surnommée « la sainte chapelle du béton armé », elle est commentée comme suit par son auteur : « j’ai mis tant de ma pensée et de mon cœur dans cette église, que je suis gêné pour en parler. Elle est celle de nos œuvres dont je suis le plus fier ».

Église Notre-Dame-de-la-Consolation, Le Raincy, Maquette de Hernan Tobon et Céline Corthay (2001) © GastonBergeret, Cité de l’architecture et du patrimoine

Enfin, le dernier grand édifice emblématique d’Auguste Perret et de ses frères à Paris est le palais d’Iéna. Aujourd’hui siège du Conseil économique, social et environnemental et de la Chambre de commerce internationale, cet édifice typique de la fin de l’Art déco, a été réalisé sur la colline de Chaillot à l’occasion de l’Exposition universelle de 1937. À l’origine, il accueillait un musée consacré aux travaux publics.

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