Si aujourd’hui les rues sont nommées par les mairies et conseils municipaux, cette tâche a longtemps été laissée aux habitants. Parce que cela permettait de savoir où on mettait les pieds, les noms des rues faisaient souvent référence à un monument ou un commerce situé sur la voie, voire au type de population qui arpentait ses pavés.
C’est le cas des rues de la Grande et de la Petite Truanderie dont le seul nom n’a pas manqué de faire la légende. Ces deux rues étaient-elles vraiment un repaire à malfrats ? Pas forcément.
Un quartier marchand animé et une population misérable
Nommées ainsi au milieu du XIIIe siècle, les rues de la Grande et de la Petite Truanderie se sont toujours trouvées dans un quartier très animé. Ces deux voies se trouvent juste à côté du tout premier marché des Halles, mis en place en 1137 par Louis VI et agrandi sous Philippe Auguste. Elles se trouvent également à deux pas du pilori des Halles, là où des milliers de Parisiens venaient lyncher, insulter ou jeter des ordures sur les malfrats parisiens condamnés au pilori.
Mais nous sommes également aux portes de la ville : il n’en faut pas moins pour qu’un quartier peuplé de mendiants, vagabonds et autres âmes en déshérence naisse à cet endroit. De là viendrait, selon une première théorie, l’insolite nom de ces deux rues. Car, à l’époque, être un « truand » ne signifie pas forcément être un malfaiteur ou un criminel, mais simplement un gueux, un va-nu-pieds. Le quartier était donc bel et bien pauvre, mais était-il forcément un coupe-gorge ?
Rien n’est moins sûr, car une autre explication à ce nom peut également être donnée : les noms des rues de la Grande et de la Petite Truanderie viendraient du terme « truage », signifiant impôt ou tribut. Ces deux rues étaient en effet situées aux portes de la ville et non loin d’un bureau de perception d’impôts sur les marchandises.