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Le Gibet de Montfaucon : quand l’horreur s’exposait aux yeux de tous

Gibet de Montfaucon

Des cris, du sang et des larmes. Dans un quartier devenu aujourd’hui hipster, se dressait autrefois le gibet de Montfaucon, qui a vu défiler les pires bourreaux de l’histoire de Paris. C’est à une centaine de mètres de l’actuelle place du Colonel Fabien que se trouvait cette salle des tortures à faire pâlir les plus courageux… Retournons quelques siècles en arrière à la découverte de l’un des lieux les plus sordides de Paris.

Une potence à ciel ouvert

Il ne s’agit pas d’une salle secrète ou d’une sombre légende urbaine. Cette potence construite pour pendre et exhiber les condamnés à mort a bel et bien existé. Il se tenait à ciel ouvert, au niveau de l’actuelle rue de la Grange-aux-Belles dans le 10e arrondissement.

Les origines de cette construction qui, selon les différentes illustrations, prenait la forme d’un immense parallélépipède remontent au début du XIe siècle. Volontairement imposant, le gibet devait à la fois servir à pendre les condamnés et à dissuader les autres de commettre des actes répréhensibles. Deux siècles plus tard, l’édifice surplombant la butte de Montfaucon était déjà le plus grand et le plus ancien gibet du royaume de France.

Souvent remodelé et régulièrement agrandi, cet édifice que l’on surnommait les “fourches de la grande Justice de Paris” pouvait accueillir, au plus fort de son activité (aux XIVe et XVe siècles), près de cinquante cadavres. L’on dit que certains corps restaient plusieurs mois exhibés aux yeux de tous.

Gibet de Montfaucon
Coupe et plan du gibet de Montfaucon selon Viollet-le-Duc.

Si Victor Hugo le décrit parfaitement à la fin de Notre-Dame de Paris, il nous donne surtout un aperçu des horreurs qui s’y déroulaient : « Qu’on se figure, au couronnement d’une butte de plâtre, un gros parallélépipède de maçonnerie, haut de quinze pieds, large de trente, long de quarante, avec une porte, une rampe extérieure et une plate-forme ; sur cette plate-forme seize énormes piliers de pierre brute, debout, hauts de trente pieds, disposés en colonnade autour de trois des quatre côtés du massif qui les supporte, liés entre eux à leur sommet par de fortes poutres où pendent des chaînes d’intervalle en intervalle ; à toutes ces chaînes, des squelettes ; aux alentours dans la plaine, une croix de pierre et deux gibets de second ordre qui semblent pousser de bouture autour de la fourche centrale ; au-dessus de tout cela, dans le ciel, un vol perpétuel de corbeaux. Voilà Montfaucon. »

Gibet de Montfaucon

Les pendaisons y étaient faites quasiment à la chaîne, en public, et surtout en spectacle. Cette démonstration d’horreur dura pendant plus de six siècles, le gibet de Montfaucon n’ayant été définitivement rayé de la carte qu’en 1760. Malgré sa disparition, les atrocités qui s’y sont déroulées restèrent longtemps gravées dans la mémoire des Parisiens.

À tel point qu’à son emplacement, rue de la Grange-aux-Belles, certains prétendent encore entendre des bruits de chaînes et des cris de douleurs… Aujourd’hui il ne reste de ces pratiques barbares que leur évocation et une plaque commémorative, et c’est mieux ainsi.

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