Connaissez-vous cette histoire très peu banale ayant touchée l’un des emblèmes de Paris dans les années 1920 ? Non ? Et si vous disait revente, escroquerie, et Poisson. Vous l’avez ? Toujours pas ? Alors lisez cet article car on vous conte une aventure rocambolesque pendant laquelle la tour Eiffel aurait pu être vendue… Deux fois !
Un loustic à Paris…Â
Une histoire à dormir debout qui se passe en 1925, dans notre très chère capitale. En plein boom économique et culturel des années Folles. Paris est prisée de toutes les stars internationales. Reconnue comme la ville où l’on peut s’amuser dans l’excès : de l’autre côté de l’Atlantique, la prohibition fait rage. Le ton est donné pour l’histoire qui va suivre, considérée par certains comme l’une des plus grandes escroqueries de Paris.
L’histoire débute en mars de cette année quand Victor Lustig, récemment arrivé à Paris, est interpellé par un article qu’il lit dans le journal. La tour Eiffel serait un véritable gouffre financier et l’État aurait du mal à la rénover : ses réparations constantes sont extrêmement chères. Elle aurait d’ailleurs dû être démontée à plusieurs reprises après sa création en 1889 pour l’Exposition Universelle, mais son utilité dans le domaine militaire l’a sauvée. L’article se termine par la phrase humoristique “Devra-t-on vendre la tour Eiffel ?” Une graine est aussitôt plantée dans la tête de cet escroc…
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Un plan machiavélique
Avec un complice, Victor Lustig se lance alors dans une escroquerie hors-norme. Pour se faire passer pour un fonctionnaire d’État, il se fabrique des faux papiers à en-tête de la ville de Paris et du ministère des Postes, Télégraphes et Téléphones. Il envoie alors une lettre à cinq des plus riches ferrailleurs parisiens, leur donnant rendez-vous au Crillon, ce luxueux hôtel parisien place de la Concorde. Avec une éloquence hors-norme, il leur explique que la tour Eiffel devra être démolie et que l’État compte revendre ses morceaux. Le mensonge est né, il ne manque plus que la cible.
Manipulateur jusqu’au bout, Victor Lustig fait jouer la concurrence et promet la transaction au plus offrant. Le plus offrant, et le plus naïf, sera André Poisson, un jeune entrepreneur qui débute dans les affaires et pense flairer le bon filon. Notamment car Lustig lui fait comprendre qu’il préférerait une vente “sous la table” : assez commun du gouvernement de l’époque, rendant encore plus crédible la transaction. Ni une, ni deux, un serrage de mains plus tard et le tour est joué : la tour est vendue ! Enfin, “vendue”, car ne n’est que du vent…
Poisson mort à l’hameçonÂ
Ayant fuit à Vienne avec son complice, Victor Lustig baigne dans l’argent. Le pigeon – Poisson – découvre le pot aux roses, mais bien trop honteux il n’en parle à personne : l’escroc est sain et sauf et riche. Si bien qu’un mois plus tard, rêvant toujours plus, il revint à Paris afin de mener exactement la même opération. Malheur pour lui, son subterfuge est démasqué et il est dénoncé à la police. N’empêche que, notre très chère tour Eiffel a failli être vendue deux fois !
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Photo à la Une : La tour Eiffel © TheParisPhotographer / Adobe Stock