Lorsqu’on parle de Notre-Dame, dans la capitale, on pense évidemment tout de suite au chef d’œuvre universel et monument emblématique de la capitale, la cathédrale Notre-Dame de Paris. Et pourtant, une autre “Notre-Dame” vaut elle aussi le détour. Elle se situe dans le 14ème arrondissement et possède une structure métallique unique et époustouflante, impossible à deviner de l’extérieur !
L’église la plus insolite de Paris
Insolite est le mot juste pour parler de ce monument solidement planté dans le quartier de Plaisance, dans le 14ème arrondissement. De l’extérieur, une charmante église romane semblable à d’autres, sans extravagance particulière. Un édifice construit entre 1899 et 1902 par l’architecte Godefroy Astruc, à qui l’on doit également l’église Saint-Hippolyte dans le 13ème, pour remplacer l’Église Notre-Dame-de-Plaisance, devenue trop petite tandis que la population ne cesse de s’accroître dans ce quartier modeste de la capitale.
En effet, l’apparition de la Gare Montparnasse au milieu du 19ème siècle, suivie de l’annexion à Paris du village de Vaugirard, entraîne un développement important du quartier de Plaisance, qui n’était jusqu’alors qu’un hameau. En quelques années, les 2000 habitants se changent en 35000. Il s’agit essentiellement d’une population d’ouvriers. Une information qui, vous allez le voir, a toute son importance pour comprendre les raisons d’une construction si unique…
Un hommage à la classe ouvrière
Ces ouvriers étaient en effet en charge de l’installation des expositions universelles organisée à Paris au début du 20ème siècle. Un évènement d’envergure mondiale duquel profita l’abbé Soulange-Boudin, prêtre de la paroisse connu pour avoir dénoncé les injustices sociales et soutenu la création des premiers syndicats de travailleurs, pour faire un appel à souscription afin de bâtir une église permettant d’accueillir tous les habitants du quartier. Son souhait était que l’église rappelle à l’ouvrier son environnement de travail quotidien, de sorte qu’il s’y sente à l’aise.
Un autre monument emblématique de la capitale venant d’achever sa construction inspira alors Jules Astruc : la tour Eiffel. L’architecte était, par ailleurs, un ancien élève de Victor Laloux, à qui l’on devait la gare d’Orsay, en 1900, et qui était connu pour son utilisation des structures métalliques permettant d’aérer les constructions. C’est ainsi qu’une structure très inhabituelle pour une église a pris forme derrière une façade en pierre de taille traditionnelle.
Notre-Dame-du-Travail : une église aux airs de hangar !
De l’extérieur, rien de particulier à signaler donc. Mais à l’intérieur, l’effet est tout autre. Attendez-vous à être surpris ! Ce sont en effet de surprenantes poutrelles métalliques et arceaux en fer qui se dressent le long de la nef et remplacent les arcs et colonnes traditionnels, donnant à l’édifice un côté industriel véritablement inattendu. Et pour cause, pas moins de 135 tonnes de fer et d’acier ont été utilisés pour la construction de cette ossature insolite ! Des matériaux provenant en grande partie du Palais de l’Industrie, construit pour l’Exposition Universelle de 1855 et détruit 41 ans plus tard pour céder la place au Petit Palais et au Grand Palais.
Mais l’hommage ne s’arrête pas à la structure de l’édifice. En effet, l’église Notre-Dame-du-Travail, classée Monument historique depuis 2016, abrite en effet des éléments de décoration faisant écho aux métiers ouvriers, comme les toiles ornant les chapelles latérale, ou la statue de Notre-Dame du Travail conçue par Joseph Lefèvre, artiste de la paroisse, en 1898, disposée dans la chapelle de la Vierge. Chapelle qui, comme le chœur du monument, est quant à elle de style néo-roman. Un mélange des styles lui aussi étonnant. La prochaine fois que vous passerez à côté de cette église, située à deux pas de la jolie place de Catalogne, n’hésitez donc pas à en pousser la porte pour admirer l’un des monuments les plus insolites de la capitale.
Église Notre-Dame du travail
59 rue Vercingétorix
75014 Paris
À lire également : Le quartier de Montparnasse au début du XXe siècle
Mélina Hoffmann