De la rue, rien ne laisse présager ce que l’intérieur nous réserve. L’Église Notre-Dame du Travail, située à quelques encablures de la Gare Montparnasse, nous montre en effet une façade en pierre de taille, inspirée du style roman et relativement sobre. Jolie certes, mais finalement peu originale si on la compare à d’autres lieux de culte parisiens, comme Notre-Dame-de-Compassion ou Saint-Jean-de-Montmartre. Et pourtant, l’intérieur nous réserve quelques surprises !
Une église dédiée aux travailleurs
Construite entre 1897 et 1902, l’Église Notre-Dame-du-Travail est née de la volonté du nouveau prêtre de la paroisse, l’abbé Soulange-Bodin, d’ériger un lieu qui puisse unir la religion aux travailleurs de toutes les classes, du plus humble des ouvriers à l’industriel riche et prospère. L’église devait remplacer celle de Notre-Dame-de-Plaisance, devenue trop petite pour accueillir comme il se doit les nombreux habitants venus s’installer dans ce quartier pauvre de la capitale. Tous les vitraux, tableaux et sculptures présents au sein de cette étonnante église rendent ainsi hommage aux travailleurs et à la condition ouvrière.
Une église “industrielle” construite avec des matériaux de récupération
En plus d’être la seule église parisienne construite à destination de la classe ouvrière, l’Église Notre-Dame-du-Travail a la particularité d’être érigée autour d’une insolite construction en fer. Les murs latéraux et ceux du presbytère sont en moellons, une pierre calcaire tendre et légère qui provient de l’ancien abattoir de Grenelle, tandis que la charpente, elle, est entièrement métallique.
L’Église Notre-Dame-du-Travail reflète ainsi l’époque durant laquelle elle a été construite. Nous sommes à la fin du XIXe siècle, la tour Eiffel vient de voir le jour, tout comme la nouvelle Gare d’Orsay. Chacun de ces deux édifices donne une place prépondérante au fer et utilise des techniques qui permettent d’aérer et d’alléger les constructions. L’architecture intérieure de l’église reprend le même principe : une toiture légère, des poutrelles apparentes et des arceaux en fer.
Les 135 tonnes de fer qui ont servi à la construction proviennent principalement du Palais de l’Industrie, ancien édifice construit pour l’exposition universelle de 1855 et détruit en 1896, au début de la construction de l’église, pour laisser place aux Petit et Grand Palais. L’utilisation du métal permet non seulement d’aérer l’espace, mais, selon l’abbé Soulange-Bodin lui-même, il offre également aux ouvriers de la paroisse un cadre familier, plus proche de celui qu’ils connaissent dans leurs usines, halles et autres édifices utilitaires de l’époque. Une étonnante architecture qui sert un singulier dessein, l’Église Notre-Dame-du-Travail mérite clairement le détour !
Église Notre-Dame du Travail – 59 rue Vercingétorix, 75014
Métro : Pernety (ligne 13)
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Cyrielle Didier