Nous vous emmenons aujourd’hui découvrir un lieu parisien tellement caché que nous en ignorions nous-même l’existence il y a encore quelques jours ! Niché à côté du Parc Monceau, dans un ancien hôtel particulier, ce lieu insolite et secret abrite des choses surprenantes… dont certaines peuvent d’ailleurs être mortelles ! Nous sommes allés le visiter, on a adoré ! Alors on vous raconte…
Le Parc Monceau et ses hôtels particuliers
Vous avez probablement souvent traversé le Parc Monceau, ce havre de paix niché entre le 8e et 17e arrondissement de la capitale, sans même soupçonner l’existence de ce lieu qui le borde. Il faut dire que rien ne l’indique, et qu’hormis des visites guidées organisées de temps en temps, il n’est pas possible d’y accéder. Le Parc Monceau est connu pour être entouré d’hôtels particuliers. Et pour cause, à la fin du 19ème, La Plaine Monceau voit s’installer la haute bourgeoisie de la Belle Époque.
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C’est justement dans l’un de ces hôtels particuliers que nous nous rendons, ou plutôt dans deux d’entre eux, situés aux 4 et 6 de l’avenue Ruysdaël, et réunis en un seul. Le premier fut construit par l’architecte Henri Parent en 1867, l’autre par l’architecte Jules Pellechet en 1875. Et c’est surtout celui-ci qui nous intéresse, car il fut acquis en 1879 par Gaston Menier. Pour ce qui de l’avenue en revanche, ne vous attendez pas aux Champs Élysées, car celle-ci, située à l’intersection de la rue de Monceau et de la rue de Lisbonne, est minuscule et ne compte que 6 adresses !
Le chocolat comme vous ne l’imaginiez pas !
Si le nom de Menier vous dit quelque chose, c’est assez normal car on lui doit l’invention de la première tablette de chocolat et la création de la plus grande chocolaterie du monde ! En d’autres termes, on lui doit d’avoir fait de cet ingrédient une véritable gourmandise. Car jusque là, figurez-vous qu’il n’était utilisé que pour… la préparation des médicaments ! Qui l’eut crû !
En effet, le goût intense du chocolat permettait de masquer le goût des produits comme c’est aujourd’hui le cas des arômes fraise, banane et autres. Il était aussi utilisé comme aliment de santé, pour ses vertus fortifiantes Mais ce n’est pas tout. Avant d’être fabriqués avec de la glycérine, c’est le beurre de cacao qui était utilisé pour préparer… les suppositoires ! Le chocolat avait donc encore un peu de chemin à faire avant d’arriver à nos papilles !
Un lieu insolite et méconnu
Mais revenons à notre visite, qui n’a pas grand chose à voir avec le chocolat, encore que. Pour visiter l’endroit où nous nous rendons, nous traversons une cour intérieure au fond de laquelle se tient le charmant Pavillon mauresque de Gaston Menier. Entre autres anecdotes, on apprend que celui-ci abrita les écuries, une remise pour voitures au rez-de-chaussée, ou encore une salle de théâtre ! De tout cela ne reste évidemment rien hormis le superbe escalier de bois de style Renaissance décoré de mosaïques italiennes menant aux étages.
Escalier que nous n’emprunterons pas puisque notre lieu de destination se trouve juste là, derrière une devanture d’officine du XVIIIème siècle. Ce qui frappe immédiatement dès que l’on passe cette porte en bois ce sont ces centaines de bocaux en verres disposés les uns à côté des autres sur toute la longueur du mur et jusqu’au plafond ! Ce qu’ils contiennent est aussi intrigant par ses formes et couleurs que ce qui est inscrit sur les étiquettes…
Bienvenue dans le très confidentiel Musée de la Pharmacie
Prêle ou queue de cheval, Sang de Dragon, Os de Cœur de Cerf, Os Calcinés, Yeux d’écrevisses, Crème de tartre, ou encore Prussiate de Potasse Jaune (‘Cyanure’ pour les intimes) : de quoi préparer de bien “drôles” de cocktails ! Parmi ces quelques 800 pots, on découvre également toutes sortes d’épices, d’aromates, de plantes utilisées pour la teinture et bien sûr du cacao. En les observant de plus près, on distingue sur chacun d’eux le serpent s’enroulant autour de la coupe d’Hygie, célèbre caducée pharmaceutique.
C’est à dire que les Menier ne sont pas seulement connus pour avoir bâti un véritable empire du chocolat. Jean-Antoine Brutus Menier fut en effet le fondateur de la Droguerie Menier à Paris en 1816. Et c’est donc en présence de son incroyable collection, dont la vocation était essentiellement pédagogique, que nous nous trouvons, dans un lieu des plus atypiques. Certaines de ces drogues, comme le millepertuis, sont encore utilisées aujourd’hui dans la préparation des médicaments, tandis que d’autres ne sont plus que des objets de curiosité. Voilà qui nous rassure un peu !
Niché au sein des bâtiments de l’Ordre national des pharmaciens, le Musée de la Pharmacie est un lieu unique, petit mais aussi curieux que charmant avec ses superbes boiseries Stahl et ses objets emblématiques de l’art pharmaceutique utilisés pour préparer et conserver les remèdes d’apothicaire. La visite guidée organisée par Camille, la responsable du Pôle Patrimoine, est passionnante ! Qui plus est, elle est gratuite et accessible à tous. Environ deux sont organisées chaque mois, il est toutefois nécessaire de prendre rendez-vous pour vous y inscrire. Une curiosité à ne pas manquer !
Le Musée de la Pharmacie
Ordre national des pharmaciens
4 avenue Ruysdaël
75379 Paris cedex 08
Pour vous inscrire à l’une des visites guidées, c’est par ici !
Ou en envoyant un mail à cette adresse : contact_app@ordre.pharmacien.fr
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Image en Une : Musée de la Pharmacie © Paris Zigzag
Mélina Hoffmann