Depuis 2005, Paris s’est associée à plusieurs autres métropoles pour créer le C40, également applelé “Cities Climate Leadership Group”, qui soutient les villes membres dans l’élaboration et la mise en œuvre de programmes innovants pour lutter contre le dérèglement climatique. C’est dans cette optique qu’a vu le jour, au cœur de la capitale, un surprenant édifice. Avec ses façades miroitantes dont les nuances de vert se mêlent à la végétation qui l’envahit peu à peu, cet immeuble parisien surnommé “Tour de la biodiversité” s’élève à 50 mètres de hauteur !
Quand Paris prend de la hauteur
Si le tout premier gratte-ciel de la capitale, conçu au tout début du XXe siècle, a su se faire relativement discret avec ses 30 mètres de hauteur et sa localisation qui le rend invisible depuis la rue, de nombreux autres ont ensuite eu des envies de grandeur… ou plutôt de hauteur ! À commencer par la Tour Montparnasse, évidemment, plus haut immeuble de Paris intra-muros, avec ses 210 mètres de hauteur, mais aussi les tours de La Défense, dont la plus haute s’élève à 231 mètres, ou encore les Tours Duo, construites plus récemment dans le 13ème arrondissement, et qui culminent à 180 mètres.
Pourtant, à Paris, la hauteur est un sujet. Et les architectes n’ont d’autre choix que de réfréner leurs envies de grandeur depuis juin dernier. En effet, le Plan Local d’Urbanisme Bioclimatique adopté par la maire Anne Hidalgo pour réduire les émissions de carbone de la capitale réintroduit une règlementation qui existait déjà en 1977 et avait été annulée en 2010, à savoir l’interdiction de construire des bâtiments de plus de 37 mètres de haut. Une mesure dont l’objectif est de favoriser des constructions plus respectueuses de l’environnement.
La nature s’invite dans l’urbanisation
Comme toutes les règles, celle-ci n’échappe pourtant pas aux exceptions. C’est le cas de cette tour qui a bénéficié d’une dérogation pour se rapprocher un peu plus près du ciel. En effet, c’est un édifice de 50 mètres et de 18 étages avec balcons filants qui se dresse au-dessus du 13ème arrondissement, dans un complexe composé de plusieurs bâtiments en îlot, rassemblés autour d’un jardin protégé ou arbustes et bruyère se côtoient. La tour abrite ainsi des logements sociaux, tandis qu’à ses pieds se trouvent un foyer de jeunes travailleurs, une crèche et des commerces.
Construite en 2016, elle est l’œuvre d’Édouard François, à qui l’on doit également la Tower Flower qui se voulait jardin vertical, dans le 17ème arrondissement de Paris, et “l’immeuble qui pousse” à Montpellier. Deux constructions qui se distinguent également par leur étonnante architecture végétale. L’architecte français est en effet spécialiste du genre, mais également un fervent défenseur des immeubles hauts qu’il fait aussi bien pousser en France qu’à Moscou, Bombay ou encore Sao Paulo. Un sujet dont il s’est d’ailleurs emparé dans son ouvrage La hauteur pour tous, paru en 2014.
La Tour de la biodiversité et son architecture végétale
La tour M6B2, plus communément appelée Tour de la biodiversité, est immédiatement reconnaissable par les panneaux de titane vert recyclables qui la recouvrent, dont les nuances et la morphologie varient en fonction du moment de la journée et du soleil, et bien sûr par sa végétalisation. Pensé comme une “Tour semencière”, ses balcons sont encadrés de tubes en inox dans lesquels sont plantées des espèces sauvages, ce qui permet d’en diffuser les graines dans l’environnement grâce au vent.
Alors bien sûr, il faut laisser un peu de temps à la végétation pour pousser avant de pouvoir apprécier au mieux l’esthétique du cœur d’îlot et de la tour telle qu’elle a été pensée. Ce sont néanmoins des plantes grimpantes à croissance rapide qui se faufileront de plus en plus à travers les étages et contribueront, aux côtés d’arbustes également placés sur la façade, à cette impression d’un jardin vertical, précieuse à l’architecte. À noter également que les oiseaux n’ont pas été oubliés puisque sur le toit, un jardin doté d’une épaisseur de terre d’1,80m, leur est exclusivement dédié ! Une tour qui ne fait pas l’unanimité, mais qui a au moins le mérite de tenir compte des enjeux environnementaux de son époque…
Tour de la Biodiversité M6B2
Place Farhat Hached
75013 Paris
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Image en Une : Tour de la Biodiversité M6B2 Paris 13 ©Pierre LExcellent
Mélina Hoffmann