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Comment sont protégés les monuments historiques ?

Le Musée et la Pyramide du Louvre à Paris
Par Cyrielle

Protégés, classés, inscrits, inventoriés… Les termes sont nombreux pour parler des “monuments historiques”. Mais sait-on vraiment à quoi correspond cette appellation ? On vous dit tout sur cette protection patrimoniale, en vigueur depuis presque 200 ans.

Des pillages, une prise de conscience

C’est aux dernières heures de la Révolution française qu’émerge l’idée de conserver et protéger le patrimoine architectural national. À cette époque, les révolutionnaires prennent conscience que les innombrables vols, pillages et saccages qui ont eu lieu pendant ces dix années d’instabilité ont détruit de nombreuses oeuvres héritées du passé. Ils entreprennent alors de créer un service tout dédié à leur préservation.

Cette volonté de sauvegarde se concrétise en 1830 par la création d’un service d’Inspection générale des Monuments historiques. La première liste est établie en 1840 : elle comprend 1082 entités dont 934 édifices, pour la plupart multi-centenaires et dont la restauration est jugée prioritaire. Étonnement, le département de la Seine est l’un des deux seuls, avec l’Ardèche, à n’avoir aucun édifice présent dans la liste ! La donne a changé puisque la ville de Paris compte désormais plus de 1800 monuments classés ou inscrits.

La protection des monuments historiques actuellement

Aujourd’hui, la protection au titre des monuments historiques est prévue par le livre VI du Code du patrimoine. Un monument historique est un édifice, un objet mobilier ou une partie d’édifice recevant un statut juridique particulier destiné à le protéger. Il peut s’agir d’une église, d’un ouvrage d’art, d’un escalier ou même d’une tapisserie. Dans tous les cas, l’entité est protégée car elle présente un intérêt historique, artistique, architectural ou technique, d’un point de vue régional ou national. Deux niveaux de protection existent, le classement au titre des monuments historiques et l’inscription sur l’inventaire supplémentaire.

La première protection, la plus efficiente sans doute, est le “classement au titre des monuments historiques”. Plus qu’un label constatant l’intérêt d’un édifice, cette protection est un véritable dispositif législatif. En effet, un bien classé ne peut être ni détruit, ni déplacé, ni être l’objet d’un travail de restauration, modification ou même réparation sans l’accord du ministère de la Culture. Seuls les biens les plus importants, ceux dont l’intérêt est national et public, sont classés au titre des monuments historiques. Le palais du Louvre et le jardin des Tuileries, la cathédrale Notre-Dame de Paris, la tour Saint-Jacques ou, plus étonnant, l’ancien appartement de Gabrielle Chanel au 31, rue Cambon figurent parmi les 440 édifices classés à Paris.

Le clocher de la Tour Saint Jacques à Paris
La Tour Saint-Jacques, dans le 4e arrondissement, est classée aux monuments historiques depuis 1862.

La seconde protection est l’“inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques”. Deux édifices protégés sur trois sont inscrits dans cette catégorie, plus souple et moins contraignante que la première. Ces derniers sont gérés par les préfets de région et présentent, selon le livre VI du Code du Patrimoine, “un intérêt d’histoire ou d’art suffisant pour en rendre désirable la préservation”. Les biens classés peuvent faire l’objet d’une restauration ou de travaux de réparation sur demande auprès du ministère de la Culture ou du préfet de région. À Paris, des édifices aussi variés que les fontaines Wallace de la rue Lépine, les vestiges de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Près, l’immeuble de la société théosophique situé Square Rapp ou la charcuterie du 75 rue Amelot sont inscrits, en partie ou intégralement, à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

L'abbaye de Saint-Germain-des-Prés au XVIIe siècle
L’Église abbatiale de Saint-Germain-des-Prés est classée aux monuments historiques depuis 1862, tandis que les vestiges de l’Abbaye qui n’ont pu être conservés sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1953.

Bon à savoir :

– Les monuments inscrits ou classés ne sont pas seulement protégés dans leur forme, mais également dans leur situation géographique et environnementale. En effet, les abords de ces bâtiments sont également protégés dans un rayon de 500 mètres. Toute modification architecturale réalisée dans ce périmètre nécessite une autorisation préalable de l’architecte des Bâtiments de France.
– Un monument inscrit ne peut pas être désinscrit, mais un monument classé peut être déclassé par décret du Conseil d’État. Un tel déclassement est très rare : il n’y en a eu aucun au cours des vingt dernières années !
– Certains édifices peuvent être à la fois classés et inscrits ! C’est le cas par exemple de l’Hôpital Saint-Louis, le plus ancien hôpital de la capitale : les puits et la pharmacie sont inscrits tandis que le réservoir et la chapelle sont classés.
– La plupart des monuments inscrits sur l’inventaire supplémentaire sont des biens privés, alors que l’immense majorité des biens classés sont des biens nationaux.

Cyrielle Didier