
Nous vous parlions récemment de la sublime cathédrale gothique de Metz, surnommée “lanterne du bon Dieu”, avec ses 6500m2 de vitraux. C’est à une autre somptueuse cathédrale, mais d’un style tout à fait différent, que nous nous intéressons aujourd’hui. Direction le sud de la France pour découvrir cet édifice classé, surprenant par ses formes et ses couleurs, et qui s’inscrit comme l’un des édifices orthodoxes russes les plus importants et les plus anciens hors de la Russie !
Un monument insolite au cœur de la ville
Impossible de ne pas remarquer cet édifice insolite, aussi superbe qu’inattendu, qui se dresse soudain au milieu des palmiers de cette ville de la Côte d’Azur. Ses formes, ses couleurs, sa taille, ses matériaux, ses coupoles surmontées de croix d’or… : le bâtiment attire l’œil par tous ses aspects. Et pour cause, il n’est pas habituel d’observer un tel monument dans un autre paysage que celui de… la Russie !

Cette cathédrale orthodoxe est un véritable patchwork de couleurs vives, choisies pour mieux s’harmoniser au bleu du ciel méditerranéen, mais aussi de matériaux ! En effet, on y trouve aussi bien du béton armé pour la construction de ses coupoles que de la pierre calcaire blanche de La Turbie, de la céramique, des briques ocres de Rhénanie, ou encore des tuiles vernissées de Florence ! Au centre du monument, la cathédrale est surmontée d’une coupole principale entourée de quatre autres plus petites. Dans le respect des plans d’une croix grecques, elle est également doté d’un clocher surmontée d’une coupole intégralement recouverte de feuilles d’or. Au total, ce sont donc six coupoles à bulbes, chacune accompagnée d’une croix dorée italienne, qui se dressent au-dessus de cette bâtisse de briques rouges, ornée de sublimes mosaïques.
L’édifice religieux orthodoxe le plus important d’Europe occidentale
Mais alors, comment cette cathédrale orthodoxe est-elle arrivée là ? Il faut remonter à la seconde moitié du XIXe siècle pour le comprendre. À partir de 1856, la destination était prisée par les membres de la famille impériale russe et par de nombreuses familles aristocratiques qui prirent l’habitude d’y séjourner pendant l’hiver. La tsarine Alexandra Fedorovna lança alors une souscription pour la construction d’une église russe, la première d’Europe de l’Ouest, qui vit le jour trois ans plus tard, au 6 rue Longchamp.
Mais la communauté russe se développa et, une trentaine d’année plus tard, cette église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra était devenue trop petite. Le projet de construction d’un nouvel édifice vit alors le jour dans le quartier Tzarewitch. Un quartier choisi car c’est là qu’en 1865 le fils du tsar Alexandre II, alors de séjour dans la ville, succomba à la tuberculose. Son père acheta alors la ville où résidait son fils, la fit raser et fit construire à la place une petite chapelle en mémoire de son fils disparu. C’est dans le parc attenant à cette chapelle qu’il fut donc décidé de bâtir la cathédrale.

Pour en dessiner les plans, l’architecte Michael Preobrajensky, professeur à l’Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg et architecte officiel de la Cour impériale de Russie, s’inspira des églises russes à cinq coupoles de la fin du 16e siècle, et notamment de la célèbre église Saint-Basile-le-Bienheureux, à Moscou. Entre les nombreux changements de maîtres-d’œuvre, les difficultés financières, et la situation politique compliquée avec la guerre entre la Russie et le Japon, puis la Révolution de 1905 en Russie, les travaux démarrés en 1903 s’éternisent jusqu’à son inauguration le 17 décembre 1912.
La cathédrale Saint-Nicolas de Nice, joyau de la Côte d’Azur
Gérée par l’Association culturelle orthodoxe russe de Nice à partir de 1923, celle que l’on surnomme “l’église russe” devient en 2011 la propriété de la Russie après une longue période de conflits. Cette dernière revendiquait en effet le fait que l’édifice était construit sur un terrain appartenant à la famille impériale russe. Elle récupéra également, quelques années plus tard, plusieurs reliques du tsar Alexandre II qui étaient exposées dans l’édifice, et effectua d’importants travaux dès 2014 avant de rouvrir l’accès au culte début 2016.

Si l’extérieur de la cathédrale, haute de 52 mètres, se laisse bien volontiers admirer avec son architecture “néo-russe”, la richesse de sa décoration intérieure a elle aussi de quoi faire son petit effet ! On y accède par l’un des deux immenses porches, et on est alors immédiatement frappé par les superbes fresques et boiseries témoignant du talent des peintres et architectes russes de l’époque. Depuis son superbe chœur, on peut aussi admirer l’impressionnant iconostase en bronze et cuivre, construit à Saint-Pétersbourg.

Devant cette grande cloison couverte d’icônes qui sépare la nef du sanctuaire, est disposée l’icône de Saint-Nicolas, l’un des saints les plus vénérés en Russie, qui a d’ailleurs donné son nom à la cathédrale. Cet édifice hors-normes a obtenu le titre de monument historique en 1987, puis en 2001 le label « Patrimoine du XXᵉ siècle » qui distinguait les monuments de notre patrimoine considérés comme “remarquables”. Située en dehors du centre-ville, non loin de la promenade des Anglais, au cœur d’un parc verdoyant, la cathédrale Saint-Nicolas de Nice est un lieu incontournable de la Cité des Anges.
Cathédrale Saint-Nicolas de Nice
Avenue Nicolas II
06 000 Nice
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Photo en Une : Cathédrale Saint-Nicolas de Nice ©AdobeStock_SvetlanaSF