Connaissez-vous ce somptueux château de la Renaissance à 1h de Paris ?

Par Alexandre M

Lorsque l’on habite à Paris ou ses alentours et que l’on est amoureux des grands espaces verts, il existe un moyen très simple de s’échapper de l’air parisien : prendre une voiture et rouler en direction de l’ouest. C’est là que se trouve notamment deux parcs naturels régionaux incroyablement riches et étendus : le Vexin français et la Haute Vallée de la Chevreuse. Mais entre ces deux trésors nationaux se trouve un lieu précieux pour la nature et les animaux : le ZooSafari de Thoiry. Ouvert depuis 1968, le parc zoologique fait le bonheur de plus de 400 000 curieux chaque année… mais les animaux exotiques sont loin d’être le seul spectacle du domaine.

Ce n’est pas un simple château…

Si le parc zoologique n’occupe “que” 150 des 380 hectares du domaine, c’est parce qu’il faut aussi compter sur un autre poids lourd : le château de Thoiry. Construit en 1559, ce château est une œuvre rare d’architecture de la Renaissance et un endroit étonnant, pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, le bâtiment a été construit en seulement cinq ans, véritable prouesse pour l’époque. Ensuite, il a été conçu comme le pivot d’un calendrier solaire avec un cadran et ses aiguilles. C’est en 1559 que Raoul Moreau, trésorier de l’épargne du roi Henri II, commande au célèbre architecte Philibert de l’Orme et au maître maçon Olivier Ymbert, la construction d’un château sur un site dont le relief a permis de faire du paysage un calendrier solaire grandeur nature. Au sommet d’une colline, le château sert de pivot, l’horizon de cadran et les perspectives d’aiguilles pour marquer les moments privilégiés de la course du soleil. Ainsi, au solstice d’été et au solstice d’hiver, on peut voir le soleil se lever et se coucher dans la transparence du vestibule central.

Intérieur Château de Thoiry © Les Chroniques des Amis de Versailles

Un château qui a traversé les siècles sans (presque) jamais fléchir

Moins de 50 ans après la construction du château, Raoul II de Moreau, petit-fils du premier propriétaire de la bâtisse, est à l’origine de la seule et unique vente du château de son histoire… à cause d’une erreur ! Prévenu que des ennemis de longue date étaient en approche, il provoque et tue en duel Ann le Blanc du Raulet le 1er mai 1612. L’ironie de l’histoire veut que Moreau ne savait pas que c’était du Raulet qui arrivait, ce dernier étant un ami proche de la famille. Condamné à mort pour ce meurtre, il s’exile à Rome et ses biens sont saisis, tandis que le château de Thoiry est confié par le roi à Guillaume Marescot. Depuis, le château de Thoiry est resté depuis treize générations la propriété de la même famille, la transmission se faisant souvent par les femmes. Figure notable du château, Angélique de Marescot a animé la vie du domaine au XVIIIe siècle par sa forte personnalité. Ses quelque 1500 lettres d’amour avec son mari Charles, soit 6000 pages au total, sont conservées dans les archives de Thoiry et demeurent une véritable mine d’or sur les petits détails de la vie quotidienne. Condamnés à la guillotine mais sauvés in extremis de la mort pendant la Révolution Française, la famille voit ensuite le château de Thoiry devenir un lieu de repos pour l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

Un saut dans le temps garanti à quelques kilomètres de Paris

Aujourd’hui, le château est une maison familiale toujours habitée, avec des objets d’art et des meubles qui embellissent la vie quotidienne, où les différentes générations ont fait évoluer l’art de vivre de leur époque. Visiter le château de Thoiry, c’est admirer des objets d’art tels que des fauteuils Louis XV ou Louis XVI, la tapisserie des Gobelins offerte par le roi Louis XVI ou encore un papier peint chinois classé monument historique. Autres trésors : le clavecin de Blanchet qui a gardé ses mécanismes anciens, et un piano sur lequel Frédéric Chopin a joué, offrant même le manuscrit de deux de ses valses. Au total, ce sont près de 400 000 pièces d’archives à venir admirer, qu’il s’agisse d’objets permettant de faire revivre des événements marquants de l’Europe ou des souvenirs affectifs. Une fois les nombreuses salles visitées, comme le Salon du matin, la Chapelle ou encore le Grand Vestibule, la dernière étape pour admirer au mieux le château consiste à sortir, à la découverte des jardins. Classés et inscrits à l’Inventaire monuments historiques et titulaires du label “Jardin Remarquable’’, ce sont de véritables paradis terrestres, pensés et conçus comme une vision idéale de la nature. Tandis que le jardin à la française, réalisé par Claude Desgot, petit neveu et successeur de Le Nôtre, joue avec les perspectives et l’horizon, le jardin à l’anglaise illustre une nature plus romantique, avec une certaine influence asiatique.