Les Etangs de Commelles, situés sur le domaine de Chantilly (60), sont une promenade incontournable pour tous les amoureux de la nature. En plus d’abriter une faune et une flore diversifiées, c’est un lieu chargé d’histoire.
Un lieu séculaire
La plus ancienne mention des terres de Commelles remontent à l’an 1136, lorsque le roi Louis VI dit le Gros les offre à l’abbaye de Chaalis. Dès le début du XIIe siècle, les moines commencent à creuser le premier étang à partir de la rivière qui coule sur ces terres : la Thève. Le plan d’eau est alors mentionné comme un vivier à poissons.
Au début du XVe siècle, l’étang Commelles est divisé en deux. La seconde partie prend le nom d’étang Chapron. Il ne faut pas beaucoup de temps pour qu’un troisième, puis un quatrième étang soient creusés. A la fin du XVe siècle, les terres se composent de l’étang Commelles et l’étang Chapron donc, auxquels se sont ajoutés l’étang des Loges et l’étang de la Troublerie. Ce dernier sera asséché au XVIIe siècle et sera remplacé par l’étang Neuf.
En plus de servir de vivier à poissons, les étangs accueillent différents moulins, qui ont aujourd’hui disparu.
On sait que le lieu fut fréquenté par de nombreux artistes, dont Châteaubriand qui écrivit dans les Mémoires d’outre-tombe : « Quelques corneilles, volant devant moi, par-dessus des genêts, des taillis, des clairières, m’ont conduit aux étangs de Commelles. La mort a soufflé sur les amis qui m’accompagnèrent jadis au château de la reine Blanche […] j’aurais trouvé des mystères de la vie dans le ruisseau de la Thève […] il meurt dans ces étangs qu’alimente sa jeunesse, sans cesse expirante, sans cesse renouvelée »
Le château de la Reine Blanche
Le bâtiment le plus remarquable des Etangs, et dont parle Châteaubriand, est sans conteste le château de la Reine Blanche. Ce petit édifice tient son nom d’une légende qui dirait que la reine Blanche de Castille, mère de Saint Louis, y aurait résidé. Aujourd’hui, on sait que c’est impossible car il n’existait pas de son vivant, mais ce nom est resté.
Au fil des siècles, le château de la Reine Blanche a eu plusieurs fonctions comme logis de meunier, jusqu’à être transformé en 1825 en rendez-vous de chasses, par l’architecte de Louis Henri de Bourbon Condé, Victor Dubois. Le château prend alors un style néogothique et n’est utilisé que lors des parties de chasses de ses différents propriétaires. L’impératrice d’Autriche Elizabeth, mieux connue sous le nom de Sissi, s’y rendra lors d’une de ses visites en France.
En 1957, le château de la Reine Blanche connait sa petite heure de gloire. On l’aperçoit en effet dans l’une des séquences les plus connues du film Drôle de Frimousse (Funny Face en VO) avec Audrey Hepburn et Fred Astaire. Une petite plaque sur la façade du château indique le passage du tournage.
Aujourd’hui, le château est classé Monument historique, mais ne se visite malheureusement pas.
Une réserve riche en biodiversité
La faune et la flore des Etangs de Commelles sont très diversifiées et font de ce lieu une partie de la zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).
L’étang de la Troublerie, aujourd’hui transformé en marais, est la zone la plus intéressante d’un point vue écologique des Etangs. Il est devenu un habitat rare dans la région pour de nombreuses espèces et il est impératif de sauvegarder.
En raison de sa faible profondeur, les Etangs n’accueillent pas une grande variété de flores aquatiques mais on peut notamment y retrouver des nénuphars jaunes, magnifiques lors de leur éclosion.
Le premier étang, l’étang de Commelles, est en partie comblé par une île faite de roseaux, de saules ou de peupliers. Cela en fait ainsi l’habitant idéal de milliers de grenouilles et crapauds. Si vous vous y rendez en ce moment, vous pourrez apercevoir un nombre incalculable de têtards en train de nager dans cet étang, l’accouplement ayant eu lieu en mars.
De nombreux poissons vivent également dans les Etangs comme des carpes, des brochets, des tanches, des truites ou des perches.
Pour les passionnés d’ornithologie, les Etangs contiennent de grandes variétés d’oiseaux : poules d’eau, canards, hérons, grandes aigrettes et même plusieurs couples de cygnes. Malheureusement, un des couples est en ce moment porté disparu, après que ses oeufs aient été volés par un homme, déjà condamné pour le même méfait à Chantilly. Espérons qu’ils réapparaîtront rapidement sains et saufs !
Virginie Paillard
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