Ce sublime et pittoresque village perché, à moitié abandonné, abrite un mystérieux « carré magique »...
C’est dans le Lubéron qu’est niché le joyau médiéval que nous vous emmenons découvrir aujourd’hui. Avec ses nombreux villages incontournables comme Gordes, élu plus beau village du monde, Lacoste, où vivait le Marquis de Sade, Roussillon ou encore Rustrel, surnommé le “Colorado” français, la région est le lieu parfait pour un moment d’évasion loin du tumulte de la vie citadine. Ce village à moitié abandonné allie charme et tranquillité, patrimoine historique et nature préservée, et abrite un mystérieux “carré magique” ! On vous en dit plus.
Un village médiéval entre ruines et trésors
Entouré de vignes et d’oliviers qui font partie intégrante du patrimoine culturel de la région, ce village provençal perché séduit autant par ses vieilles pierres, témoins de son passé médiéval, que par son environnement verdoyant. S’il ne subsiste que quelques vestiges de ses anciennes fortifications et de ses remparts, ses ruelles fleuries, pentues et escarpées, garantissent à elles seules un voyage dans le temps…
Mais avant de rejoindre le village, on vous conseille de le contempler depuis les Jardins de Sainte-Cécile, que vous devez ensuite traverser depuis le parking obligatoire. Le point de vue sur le village y est superbe. Puis, une fois au cœur du vieux bourg, sur la Place de la Croix, on peut observer les anciennes halles couvertes où se tenait les foires et marchés, mais surtout un beffroi, construit au XVIIIe siècle au-dessus d’une vieille porte du XIVe siècle, et surmonté d’un campanile en fer forgé. Il abrita par la suite, et jusqu’en 1909, l’ancienne mairie du village.
Depuis la place, des escaliers en pierre ou des calades, au choix, mènent vers le sommet du vieux village où se trouvent perchées les ruines du château médiéval, abandonné vers la fin du XVIIe siècle, pillé, et en grande partie détruit par le tremblement de terre de 1731. Le site, classé Monument Historique, n’en est pas moins superbe. En cours de restauration, il ne peut toutefois pas être visité pour le moment. Ce qui peut être visité en revanche c’est la superbe Collégiale Notre-Dame Dalidon, édifiée au XIe ou XIIe siècle, plusieurs fois remaniée et entièrement restaurée. Située à proximité du château, avec son clocher hexagonal, ses superbes fresques et peintures, elle est le seul vestige parfaitement conservé. Il faut aussi préciser que, de là-haut, la vue panoramique sur les Cévennes et le mont Ventoux est de toute beauté…
Un village perché… “déperché” !
Au sein du vieux village, d’autres sites valent le coup d’œil. Comme le moulin à huile troglodyte, l’imposante Chapelle des Pénitents Blancs, l’ancienne et unique fontaine du village, ou encore la maison dite Maison Gabrielli qui rassemble plusieurs maisons médiévales construites aux XIIIe et XIVe siècles autour d’une cour, et à laquelle d’autres bâtiments ont été ajoutés par la suite. Ce qui rend l’atmosphère de ce village assez unique et envoûtante c’est qu’il est à moitié en ruines et à moitié abandonné, même si des travaux de rénovation sont toujours en cours.
En effet, les conditions de vie dans le vieux village, comme dans beaucoup de villages perchés de Provence, étaient rudes, notamment du fait de l’absence d’eau potable jusqu’en 1957. En témoignent les 4 lavoirs du village. Si bien que du XVIe au XIXe siècle, le village fut progressivement déplacé de son éperon rocheux vers la plaine dans un processus appelé “déperchement”. Déserté en 1940, il fut ressuscité par une communauté d’artistes fuyant l’occupation allemande, parmi lesquels le sculpteur François Stahly et l’artiste et écrivain Consuelo de Saint-Exupéry, épouse d’Antoine de Saint-Exupéry. Par la suite, d’autres artistes et célébrités, dont Michel Leeb, tombèrent sous le charme du village et œuvrent toujours pour sa rénovation.
Oppède-le Vieux et son carré magique…
Mais le village d’Oppède-le-Vieux abrite aussi un mystère, dissimulé sur la façade de l’une de ses maisons du XVe et XVIe siècles. Des inscriptions en latin gravées dans un carré… on se demande ce que ça peut bien être. Il s’agit d’un carré magique, aussi appelé carré Sator. Il est constitué des cinq mots latins suivants : SATOR (laboureur, semeur, créateur), AREPO (nom propre ou charrue), TENET (tenir en son pouvoir), OPERA (travail, soin, œuvre), et ROTAS (roues), qui forment un palindrome, ce qui signifie qu’il peut se lire dans n’importe quel sens (de droite à gauche, de haut en bas, et inversement).
On retrouve ce carré magique dans différents lieux en France et à travers le monde, mais le plus ancien se trouve dans les ruines du site archéologique de Pompéi, ce qui nous renvoie à 79 après Jésus-Christ ! Pas tout jeune… Si de nombreuses traductions religieuses, alchimiques ou numérologiques ont été proposées au fil du temps, ce carré magique qui suscite toutes les passions depuis des siècles demeure en réalité un véritable mystère. Il a d’ailleurs inspiré le film de Christopher Nolan, Tenet. et fait d’Oppède-le-Vieux un village encore plus envoûtant.
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Photo en Une : Oppède-le-Vieux © AdobeStock_AnnaReinert
Mélina Hoffmann
