C’est une chose vieille comme le monde : avant de partir en voyage, impossible de ne pas s’arrêter sur un livre ou une carte pour repérer les endroits à voir absolument. Il y a ces villes dont on a beaucoup entendu parler sans jamais avoir eu l’occasion de les découvrir et ces villages, étonnamment plus discrets mais ô combien sublimes. Avec à peine plus de 200 habitants, Villefranche-de-Conflent n’est assurément pas le village le plus connu de la région Occitanie. Mais c’est pourtant ici que se cache l’un des patrimoines architecturaux les plus impressionnants de France…
Peut-être le plus beau témoignage du génie de Vauban
Cette ancienne cité marchande capitale du Conflent a gardé de très belles traces de son histoire et de son statut de site défensif. Une richesse patrimoniale qui fait logiquement de Villefranche-de-Conflent l’un des sites les plus visités en France. Il faut dire que, en plus d’être labellisée parmi les Plus Beaux Villages de France, Villefranche-de-Conflent est aussi reconnue pour être une cité médiévale fortifiée par Vauban, dont trois sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. À ce titre, Villefranche-de-Conflent est l’incontournable du Conflent pour tous les amoureux de l’œuvre de Vauban et du patrimoine. Les remparts de Villefranche-de-Conflent font en effet partie des 12 œuvres de Vauban, inscrits depuis 2008 sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Fondée en 1092 par le Comte Guillaume Raymond de Cerdagne, la cité a su conserver intactes ses fortifications. Mais pour réadapter ses défenses, Villefranche de Conflent a notamment connu, de 1669 à 1676, un renouveau sous la direction avisée de l’architecte militaire Vauban, ingénieur du Roi Soleil. Une fois à l’intérieur, difficile de ne pas être subjugués par ces couloirs traversés par les rayons du soleil, perçant à travers les ouvertures pour épier l’arrivée de l’ennemi, les échauguettes ou les salles de garde.
Une raison de s’émerveiller à chaque coin de rue
Mais les fortifications de Vauban sont (heureusement) loin d’être la seule merveille à admirer lors d’un passage à Villefranche-de-Conflent. Sentinelle perchée dominant le village et relié à la cité médiévale par un escalier de 799 marches, le Fort Liberia est un puissant témoignage du génie architectural de Vauban, construit à partir de 1680 et renforcé sous Napoléon III entre 1850 et 1856. Outre les chemins de ronde parfaits pour profiter d’une vue incomparable, le bâtiment abrite aussi quelques surprises, comme des reconstitutions historiques dans une douzaine de salles, une chapelle, un four à pain ou encore des canonnières. Pour y accéder, il faut toutefois s’armer de courage : à pied par un sentier pour 30 min de marche, par le souterrain pour les plus téméraires ou en véhicule 4 x 4. Dernier passage obligatoire toujours sur le thème de l’architecture militaire, avec la place forte de Mont-Louis. Villefranche étant située sur un itinéraire secondaire de pèlerinage vers Compostelle, difficile de ne pas faire un stop par l’église paroissiale, d’époque romane, consacrée à Saint Jacques. Cet édifice construit en bel appareil de marbre rose vaut le détour pour les deux portails de sa façade présentant de remarquables chapiteaux romans, illustrés d’animaux exotiques et de créatures fantastiques d’inspiration orientale. À gauche du grand portail subsistent les étalons des unités de mesure utilisées par le marché aux draps qui se tenait sur la place. L’intérieur abrite un abondant mobilier dont un Christ gisant, un Saint Pierre, un ensemble de stalles gothiques ainsi que de nombreux retables Renaissance ou Baroque.
Prendre de la hauteur ou plonger sous terre pour s’émerveiller
Puisqu’il s’agit sans aucun doute de l’une des plus complètes et des mieux conservées parmi les forteresses françaises, une simple balade à travers les ruelles de Villefranche-de-Conflet est l’occasion d’admirer d’autres merveilles architecturales, comme les portes de France et d’Espagne ou ces anciennes maisons catalanes du XIIIe et XIVe siècles, construites avec le marbre rose des montagnes alentours. Les montagnes font justement partie du programme lorsque l’on entreprend de visiter cette ancienne cité médiévale et le meilleur moyen d’en profiter se résume à deux mots : le Train Jaune. Inauguré en 1910, ce train emblématique de la région serpente dans la montagne de Villefranche-de-Conflent à Latour-de-Carol sur 63 kilomètres. Depuis la cité médiévale, il permet ainsi de rejoindre Mont-Louis et ses célèbres fortifications. En plus d’avancer sur de nombreuses œuvres architecturales parmi lesquelles le pont Séjourné et le pont Gisclard, tous deux classés monuments historiques, le Train Jaune sillonne avant tout un territoire d’une grande beauté au sein du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes. Et pour encore plus de sensations fortes, que diriez-vous d’un petit détour par “le Versailles des Pyrénées” ? C’est ainsi que l’on surnomme les grottes des Canalettes, un site privé familial situé au pied du Massif du Canigou, à 300 mètres de la Cité Médiévale fortifiée par Vauban. Stalactites, stalagmites, gours, colonnes, draperies, piliers attendent les plus curieux dans ce site séparé en deux parties : la Galerie des Deux Porches et le réseau d’Angkor. Preuve que l’émerveillement à Villefranche-de-Conflent a lieu à tous les niveaux…
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Image à la une : Villefranche-de-Conflent © JCMILHET – OTCC