C’est dans ce charmant village, temple sacré de la truffe, qu’Édith Piaf venait régulièrement prier !

Par Alexandre M

Opportunités, développement économique, migratoire ou encore administratif… Pour mettre en lumière des villes en constante évolution, on parle souvent de “dynamique”. Ces dernières années, de nombreuses villes ont été primées pour leur développement, offrant par conséquent de nouvelles possibilités ailleurs que sur, ou autour, des grandes villes du territoire français.

Une ville “neuve” du Moyen Âge

Mais pour ce qui est de la dynamique, certains n’ont pas attendu le XXIe siècle pour la connaître. Bâtie sur le causse qui porte son nom, le village de Martel est l’une des rares communes qui ne doive pas son existence à un castrum ou une fondation religieuse. Il est en effet né d’une convergence de routes : un axe Nord-Sud, l’antique voie gallo-romaine reliant Paris au Midi de la France, croisant un axe Ouest-Est, de Bordeaux vers Aurillac, soit la route du sel vers l’Auvergne. De par sa position géographique, à proximité de la Dordogne et d’un port au sel où les gabariers déchargeaient le précieux sel de l’Atlantique et le vin d’Aquitaine et de la route du pèlerinage vers Rocamadour, Martel est ainsi devenu une cité carrefour prospère dès le XIIe siècle. De cette époque prestigieuse demeurent quelques traces, dont la plus notoire reste une maison “hors les murs”, destinée aux frères de l’abbaye d’Obazine et aménagée pour l’achat et la vente des marchandises. Un autre indice se trouve sur le blason du village : celui-ci est orné de trois marteaux, représentant ceux du forgeron, du charpentier et du maçon, indiquant qu’il était également peuplé de nombreux artisans. Et comme si une période de prospérité ne suffisait pas, Martel peut se vanter d’en avoir connu deux…

Le temple sacré de la truffe

Renforcé d’une seconde enceinte à cause de la Guerre de Cent Ans relégué au second plan au XVIe siècle suite à l’essor de nouvelles routes, Martel connaît un nouvel élan au XIXe siècle, grâce au commerce de la truffe. Une période faste dont il subsiste là encore de formidables vestiges. Outre le grand nombre de belles maisons datant de cette époque en lisière du centre médiéval, le plus marquant fait le bonheur des amoureux de plein air et de voyage dans le temps : le Truffadou. Taillée dans la falaise de Mirandol, surplombant la Dordogne de 80 m, cette partie de l’ancienne ligne ferroviaire Bordeaux-Aurillac fut mise en service en 1889 et le premier train de marchandise, qui acheminait les truffes vers la gare de Saint-Denis-près-Martel, direction Paris, fut ainsi nommé “le Truffadou”. Réputé comme l’un des plus importants de France, on pouvait trouver au marché aux truffes de Martel jusqu’à 10 tonnes de truffes. Depuis plus de vingt ans, le petit train touristique à vapeur le Truffadou embarque ainsi les curieux pour une heure de voyage dans le temps à flanc de falaise. En plus d’un magnifique panorama sur la vallée de la Dordogne, une embarcation à bord de la locomotive à vapeur est aussi l’occasion de découvrir le musée d’objets ferroviaires anciens, témoin de la riche histoire du rail, et le parc des locomotives vapeur et diesel.

Un train riche en histoire et panoramas © Vallée de la Dordogne Tourisme

Une riche histoire présente dans les moindres recoins

Ville d’art et d’histoire, Martel n’a donc jamais renié son passé, à l’image de son marché qui continue de régaler les habitants et les touristes, et de parfumer de ses nombreux produits les mercredis et samedis matin la superbe halle située au cœur du village. D’autant plus que Martel est également reconnu pour la production de sa noix AOP Périgord, ou noix de Martel, qui a valu au village le label Site Remarquable du Goût. En dehors de son marché, l’activité la plus plaisante reste assurément d’arpenter ses ruelles pavées et végétalisées à la découverte de jolies boutiques, de terrasses animées, de cafés et de très bons restaurants qui viennent compléter un patrimoine remarquable. Pour ce qui est d’ailleurs du patrimoine ancré dans le sol, les impressionnantes portes anciennes aux couleurs vives et les maisons élégantes ornées de pierres blanches émerveillent autant que les nombreux monuments de ce village de 1600 habitants. Depuis le Moyen-Age,Martel compte un nombre impressionnant de tours : si on en dénombrait une trentaine par le passé, elles ne sont plus aujourd’hui qu’au nombre de sept. D’où le surnom de “ville aux sept tours”, certaines ayant servi de tour de guet ou de prison et que l’on peut admirer au détour d’une balade. Parmi les monuments remarquables, difficile de ne pas évoquer l’église Saint-Maur de Martel, superbe exemple du “gothique du Midi”. Autre édifice religieux de renom : l’église du hameau de Gluges, à quelques kilomètres du bourg de Martel. Celle-ci est connue pour avoir été le lieu de prière d’Édith Piaf, qui finança d’ailleurs, de manière anonyme, le renouvellement de deux vitraux de l’édifice. C’est d’ailleurs après avoir exploré en profondeur Martel que l’on peut être tentés de découvrir les merveilles situées aux alentours, comme Collonges-la-Rouge, Rocamadour ou encore l’ancien village de pêcheurs Beaulieu-sur-Dordogne…