Les bouches de métro sont aussi emblématiques de la capitale que les fontaines Wallace ou les colonnes Morris. Toutes de vert vêtues, faisant habilement appel à la symbolique florale et dotées d’une typographie typique du style Art nouveau, elles ont été pensées par Hector Guimard en 1900. Mais qui se cache derrière ce grand architecte et designer du tournant du XXe siècle ? Où découvrir ses édifices dans la capitale ? On est parti à la découverte des oeuvres parisiennes majeures de cet architecte emblématique.
D’une architecture classique aux prémices de l’Art nouveau
Né dans une famille lyonnaise en 1867, Hector Guimard quitte très vite le cocon familial pour rejoindre le monde artistique parisien. À seulement quinze ans, il intègre la prestigieuse École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs située dans le 5e arrondissement. Il y apprend les fondamentaux de l’architecture aux côtés de Charles Génuys qui sensibilise le jeune homme à l’utilisation de matériaux modernes tels que le fer, le ciment ou le béton armé. Pendant ses études, le jeune Hector s’intéresse de près aux écrits d’Eugène Viollet-le-Duc, dont l’ouvrage “Entretiens sur l’architecture”(1863) jette les bases de ce que sera, près de 30 ans plus tard, l’Art nouveau. Pourtant, comme le dévoile l’une des premières réalisations de l’architecte, Hector Guimard est encore un architecte classique lorsqu’il répond à ses premières commandes à partir de 1888.
L’Hôtel Roszé, situé au 34 rue Boileau (16e) et construit en 1891, en est la preuve : mise à part la présence des matériaux (brique, fer et pierre meulière) et couleurs (ocre et vert d’eau) que l’on retrouvera plus tard dans sa carrière, la demeure ne dévoile rien d’extravagant.
Guimard faisant du 16e arrondissement son terrain de prédilection, cette demeure sera rapidement suivie par d’autres édifices, encore assez sobres : l’Hôtel Jassédé situé au 41 rue Chardon-Lagache est finalisé en 1894, peu de temps avant l’École du Sacré-Coeur, au numéro 1 de l’avenue de la Frillière.
Un architecte visionnaire… mais décrié
Son style évoluera beaucoup à partir de 1895 et sa rencontre avec l’architecte belge Victor Horta. C’est également à cette période qu’il crée l’une de ses oeuvres les plus emblématiques : le Castel Béranger, un immeuble pensé comme un véritable manifeste de l’Art nouveau. Aujourd’hui unanimement acclamé, cet immeuble sera surnommé le « Castel Dérangé » et la « maison du Diable » par ses détracteurs et vaudra à son architecte d’être qualifié de fou.
Devenu célèbre du jour au lendemain grâce à cet immeuble, Hector Guimard sera, dans la foulée, considéré comme la figure de proue de l’Art nouveau en France. Toutes les riches familles parisiennes, tous les nouveaux hommes d’affaires installés dans le 16e arrondissement, veulent leur hôtel particulier signé “Guimard”. La capitale lui doit ainsi plusieurs édifices remarquables, tels que l’Hôtel Mezzara, voisin du Castel Béranger au 60 rue Lafontaine, ou l’étonnante synagogue de la rue Pavée dans le Marais. Le style de cette dernière (très éloigné de celui du Castel Béranger !) n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de l’hôtel particulier du 3 Square Jasmin, l’une des dernières réalisations de l’architecte finalisée en 1921.
Et enfin… les bouches de métro !
Les commandes s’enchaînent jusqu’en 1900, date à laquelle l’architecte réalise les constructions qui lui vaudront sa renommée universelle : les édicules et entourages du tout nouveau métro parisien. La Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) organise un concours, mais les projets des participants sont tellement peu originaux qu’elle choisit de l’annuler et d’imposer Hector Guimard. Il dessine alors deux types d’entrées : des édicules dont il ne reste aujourd’hui que trois exemplaires au niveau des stations Porte Dauphine, Abbesses et Châtelet, et des entourages simples, ceux que l’on croise un peu partout encore aujourd’hui. De son style si caractéristique, il donnera ses lettres de noblesse à ce mobilier urbain désormais emblématique de la capitale.
Crédit photo de une : Anthony Rauchen