Dire de la ville de Paris qu’elle a bien changé au fil des siècles est un euphémisme… Ne serait-ce qu’avec le baron Haussmann, la ville a subi une grande quantité de changements. Paris n’a cessé de se transformer au fil des siècles et les nombreuses rénovations ont logiquement conduit à la destruction de certains vestiges plus ou moins étonnants, tels les cagnards.
Les bords de Seine n’ont pas toujours été des voies piétonnes, agréables pour une bonne promenade. Autrefois, on trouvait des imposantes voûtes longeant le bassin parisien. Les cagnards, ce sont donc des quais sombres et malodorants, que l’on retrouve principalement sous les bâtiments de l’Hôtel-Dieu. De tels édifices ont alors une fonction pratique pour cet hôpital historique. Ils servent en effet de débarcadère depuis la Seine, de déversoir des eaux usées et de lavoir pour le linge. Il est même dit que certains étudiants en médecine viennent dérober des cadavres pour parfaire leurs études d’anatomie. Cela change de notre balade du dimanche…
Malgré tout, ces galeries accueillent des promeneurs pendant la journée, mais leur mauvaise réputation est due aux heures plus sombres… En effet, la nuit, les lieux sont fréquentés par des brigands. Face à cette situation préoccupante pour les Parisiens, des grilles sont installées en 1727 pour y interdire l’accès la nuit.
L’histoire de ces cagnards reste définitivement associée à celle de l’Hôtel-Dieu. Alors que le bâtiment est entièrement démoli en 1878, pour laisser place au nouvel Hôtel-Dieu que l’on connaît aujourd’hui, ces voûtes parisiennes disparaissent elles aussi progressivement. Avec la nouvelle organisation de l’Ile de la Cité, les cagnards ne résistent pas et sont détruits en même temps que l’hôpital. Quant au canal, il est d’abord remanié en 1853 lors de la reconstruction du pont Notre-Dame puis entièrement remblayé en 1860. Il faut alors attendre près de 50 ans pour en entendre parler de nouveau. Le métro arrive à Paris et le tunnel de la ligne 7 passe justement dans l’ancienne galerie. Des vestiges sont d’ailleurs retrouvés lors de la construction de la ligne dans les années 1920.
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