Si nous avons souvent une vague idée de leur fonctionnement, nous savons peu quelle incroyable machinerie se joue réellement quelques mètres sous nos pieds, dans les égouts. Le réseau parisien est immense et a de passionnantes histoires à raconter. Et bonne nouvelle, il est possible d’en visiter une partie pour enfin visualiser quel chemin prennent nos eaux usées ! En attendant, voici 5 choses à savoir pour briller en société.
Un très grand réseau
Immense est un mot trop faible pour imaginer l’étendue du réseau. Voilà qui est plus parlant : ce dernier s’étend sur autant de kilomètres que les rues de Paris, soit environ 2400 ! C’est une sorte de ville sous la ville, où l’on se repère aux plaques de rues positionnées aux angles de chaque galerie, exactement comme en surface. Il y est même indiqué par endroits les numéros d’immeuble, ce qui permet aux 274 égoutiers ou chefs égoutiers qui y travaillent d’intervenir facilement en cas de problèmes de canalisation.
Bien plus que du recyclage d’eaux usées
Quand on parle des égouts, on pense immédiatement aux eaux souillées provenant de nos toilettes et nos éviers. Mais le rôle du réseau ne s’arrête pas là . En plus de collecter 285 millions de km3 d’eaux usées par an, il collecte et transporte les eaux de pluie, qui serviront à nettoyer les rues, les égouts eux-mêmes et à arroser les espaces verts de la capitale. Plus étonnant encore, on y trouve des câbles de télécommunication publics et privés, ainsi qu’un réseau de distribution d’eau glacée utilisée pour climatiser les immeubles.
Un système bien sécurisé
Paris a déjà été victime d’inondations importantes, notamment en 1910. Alors au fil du temps, le réseau des égouts de la capitale a appris à se parer contre la montée des eaux. Pour ce faire, des « déversoirs d’orages » ont été installés. En cas de pluies importantes, ces galeries reliant les égouts à la Seine permettent de rejeter l’excédent d’eau directement dans le fleuve. Si celui-ci est en crue, un système de pompes des usines « de crue », situé en bord de Seine, prend la relève, afin que l’évacuation puisse tout de même avoir lieu.
De drôles de rencontres
Égoutier est un métier à risque, pour des raisons plus ou moins évidentes. Exposés à de nombreux agents chimiques et biologiques, présents dans les eaux usées et dans l’air, les égoutiers sont plus susceptibles de développer des problèmes respiratoires ou digestifs. Et parfois, de drôles de surprises les attendent dans les galeries : en 1984, les agents parisiens sont ainsi tombés nez à nez avec… un crocodile ! Prénommé Eléonore, celui-ci s’était échappé d’une animalerie du Quai de la Mégisserie. On imagine leur frayeur…
Merci Haussmann
Jusqu’à la Révolution, les eaux usées étaient directement rejetées dans la Seine où était puisée l’eau consommée ! Malgré la mise en place d’un petit réseau d’assainissement sous Napoléon 1er, une épidémie de choléra fit 19 000 morts dans Paris en 1832. Ce n’est qu’en 1860 sous Napoléon III, qu’un véritable système d’évacuation est inventé. Le préfet Haussmann et les ingénieurs Belgrand et Alphand développent ensemble le réseau d’égouts actuel et l’approvisionnement en eau de Paris. Dès 1894, la loi du tout-à -l’égout oblige les propriétaires à raccorder leurs immeubles au réseau.
Bonus : si aujourd’hui, on peut arpenter un tronçon des égouts à pied, les visites se faisaient dans des petits wagons au XIXème siècle, puis sur des barques pendant une bonne partie du XXème siècle !
Musée des égouts de Paris
Pont de l’Alma, face au 93 quai d’Orsay – 75007
Tarif plein : 4€40 – tarif réduit : 3€60