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L’Hôtel Bourrienne, ancienne demeure d’une espionne de Napoléon

Hôtel Bourrienne

Une fois arrivés dans la rue d’Hauteville, il est difficile de le voir mais derrière l’immeuble du numéro 58, se cache l’Hôtel Bourrienne, un lieu assurément historique de Paris, qui abrite en plus des histoires insolites.

L’histoire de ce lieu commence en 1787 lorsque Justine Segard, femme de Préponnier de Bazin, entreprend la construction de l’hôtel. Celle-ci s’achève en 1793, au moment même où le quartier du Faubourg Poissonnière s’urbanise. Entre-temps, le petit hôtel est acquis par M. Lormier-Lagrave. Sa fille, Fortunée Hamelin, dite madame Hamelin, prend possession des lieux et opère à la décoration. Amie de Joséphine de Beauharnais, cette femme d’esprit hors du commun devient vite une figure de la mode et incarne l’idéal de “la merveilleuse”. Malicieuse, très entreprenante avec les hommes, elle est très vite surnommée “le plus grand polisson de France”. Belle et intelligente, elle parvient ainsi à séduire de grandes figures de son époque. De Victor Hugo à Chateaubriand, en passant par Napoléon Bonaparte, tous succombent au charme de madame Hamelin. On dit d’ailleurs de la jeune femme qu’elle fut espionne pour l’Empereur, pour sa “faculté” à s’attirer les faveurs d’un bon nombre de personnes.

Portrait de Madame Hamelin

Quant à l’hôtel, il est à nouveau vendu en 1798 à Louis Prévost. Ce dernier le revend dans la foulée 100 000 francs à Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne, secrétaire particulier et ami de Napoléon Bonaparte. En plus de lui donner son nom, Bourrienne entreprend d’importantes transformations de l’hôtel. Animés par sa femme, les salons de l’hôtel figurent rapidement parmi les plus brillants de Paris. Un succès pourtant de courte durée puisque la Révolution de 1830 fait perdre à Bourrienne sa fortune. L’hôtel est ensuite vendu à plusieurs reprises. En 1886, c’est Charles Tulen de Berny qui l’acquiert. L’homme dirige notamment une fonderie de caractères d’imprimerie et installe ses ateliers dans le jardin. Aujourd’hui, l’hôtel appartient toujours à sa famille et est classé au titre des monuments historiques depuis le 

Une architecture représentative de plusieurs époques

Les rares chanceux qui peuvent déambuler dans les nombreuses pièces de l’hôtel ont la chance de découvrir une décoration d’époque. À l’intérieur, on retrouve en effet un style antique qui illustre parfaitement l’époque du Directoire puis du Consulat. Un style que l’on ne retrouve presque plus dans Paris.

Chambre particulière de l'Hôtel Bourrienne

Dans les salons, les peintures murales sont inspirées de Pompéi et Herculanum. Deux villes redécouvertes au milieu du XVIIIe siècle, peu avant la construction de l’hôtel. L’ambiance nous transporte ainsi en pleine Antiquité romaine. Mais il est aussi question d’autres époques. Pour le comprendre, il faut alors se diriger dans le cabinet de toilette. Avec son faux marbre et ses glaces, le style renvoie au 19e siècle. C’est à cette époque que la capitale se prend de passion pour  la culture égyptienne. Finalement, le seul point négatif de l’hôtel est qu’il s’agit d’une propriété privée et qu’il ne se visite malheureusement pas.

Hôtel Bourrienne – 58 rue d’Hauteville, 75010 Paris
Métro : Poissonnière (ligne 7)

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