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Derniers jours pour l'expo sur Foujita à Paris

Léonard Foujita, Autoportrait, 1929
Par Jade

Léonard Tsuguharu Foujita, c’est 60 années de création, un exil à Paris, des années folles à Montparnasse, une obsession du noir et blanc, des nus sensuels… Après le Musée Guimet et le Musée Maillol, la Maison de la Culture du Japon dédie à Foujita une rétrospective embrassant toute sa carrière, en présentant une dizaine d’oeuvres montrées pour la première fois à Paris. À voir jusqu’au 16 mars.

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Foujita, Bataille de chats, 1940, huile sur toile, 81×100 cm,
The National Museum of Modern Art, Tokyo.
© Fondation Foujita / Adagp, Paris, 2018

 Foujita, le plus français des peintres japonais

Cinquante ans après sa disparition, voici la première rétrospective française qui rend compte au public de toutes les périodes artistiques de Foujita (1886-1968) peintre japonais amoureux de Paris et des chats. Reconnu pour l’érotisme de ses nus, son trait fin et élégant, puis plus tard sa passion pour les grandes figures du catholicisme, il s’est tout particulièrement épanoui dans le Paris des années folles, années mythiques.

Picasso, Apollinaire, Soutine, Modigliani, telle était sa joyeuse bande. Arrivé à Paris en 1913, il sera naturalisé français en 1955 et baptisé à la cathédrale de Reims en 1959, ville qui accueillera sa dernière grande réalisation, la chapelle Notre-Dame de la Paix.

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Nu couché à la toile de Jouy, Foujita, 1929 – Crédit photo : Musée d’Art Moderne de la ville de Paris – Fondation Foujita Adagp 2018

Si les expositions précédentes on tenu à mettre en lumière les toiles de l’époque bouillonnante des années folles à Montparnasse, beaucoup occultèrent la période artistique beaucoup plus sombre que vécut les peintre dans les années 1930 et 1940. Comment traverser la seconde guerre mondiale lorsqu’on est artiste ?

Des années fastes à Paris à la période trouble de la guerre

Dans le cas de Foujita, de retour au japon dès 1933, le changement fut radical : dans un pays déjà consumé par le nationalisme et les désirs d’invasion de la Chine, l’artiste dût se résoudre dès 1938 à être incorporé comme peintre de guerre. Mettant alors son art au service de la propagande d’un pays en proie à la rage destructrice, il est envoyé sur le front en Chine au début des années 1940 pour réaliser des peintures historiques.

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Foujita, “Morts héroïques sur l’île d’Attu”, 1943, The National Museum of Modern Art, Tokyo (dépôt permanent) © Fondation Foujita / Adagp, Paris, 2018

Foujita a peint durant la seconde guerre mondiale quelques toiles représentant des scènes de guerre, totalement inédites pour le public français. Morts héroïques sur l’île d’Attu ou Nos frères de Saipan, fidèles jusqu’à la mort, sont pour la première fois exposées hors du Japon. Des toiles monumentales et terriblement inquiétantes, qui tranchent singulièrement avec les nus sur fonds laiteux qui avaient fait sa gloire vingt ans plus tôt. Certains y voient un plaidoyer contre la guerre, inspiré des tableaux de Géricault ou Delacroix.

Après la guerre, Foujita essuie un procès pour crimes de guerre. Innocenté en 1947, il rejoint d’abord les Etats-Unis avant de retourner en France, son véritable pays d’adoption. Il se consacrera dans les dernières années de sa vie à la peinture religieuse, un changement artistique radical.

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Foujita, “Adoration, 1962-1963, musée d’Art moderne de la Ville de Paris / Roger-Viollet © Fondation Foujita / Adagp, Paris, 2018

L’exposition révèle 36 oeuvres, une quantité certes modeste, mais l’exposition demeure riche par sa capacité à rendre hommage à toute la carrière d’un artiste qui a su réaliser sa propre synthèse entre l’art extrême-oriental et occidental.

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Crédit photo de Une : Foujita, Autoportrait, 1929, The National Museum of Modern Art, Tokyo, Fondation Foujita, Adagp 2018