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Pourquoi le Sacré-Cœur de Montmartre est-il si polémique encore aujourd’hui ?

Par Cyrielle

10 millions. C’est le nombre de touristes qui visitent chaque année cet immense édifice catholique érigé sur la colline de Montmartre. Et pourtant, près de 100 ans après son achèvement en 1923, l’existence même de cette basilique continue d’être un sujet de controverse. En cause, les circonstances de sa construction. Car, si le vœu d’édifier une église dédiée au Sacré-Cœur de Jésus à Paris date de novembre 1870, la suite de son histoire la lie irrémédiablement à la Commune de Paris, survenue six mois plus tard.

La construction de la basilique n’a en effet été votée par l’Assemblée nationale qu’en 1873, dans un contexte particulièrement tendu : la France se remet à peine de sa défaite contre les troupes allemandes, les Parisiens ont encore le souvenir douloureux du siège de Paris à l’hiver 1870 et les plaies du sang qui a coulé lors de la Commune sont encore vives.

Un gouvernement et un lieu qui font polémiques

Or, premier sujet de controverse : les gouvernements et Présidents de la République (Adolphe Thiers jusqu’en mai 1873, puis Patrice de Mac Mahon jusqu’en 1879) qui ont décidé de cette construction en 1873 sont justement ceux qui ont écrasé la Commune de Paris. Alors Maréchal de France, Patrice de Mac Mahon était à la tête de l’armée versaillaise qui a réprimé dans le sang la Commune de Paris. Alors chef du gouvernement, Adolphe Thiers en était le principal donneur d’ordres.

Aussi, le choix du lieu ne pourrait être plus polémique. En effet, c’est dans le nord de Paris – à Belleville, Ménilmontant et Montmartre notamment – qu’a eu lieu, le 18 mars 1871, le gros de la bataille marquant le début de la Commune : c’est depuis l’emplacement actuel du Sacré-Cœur que les troupes d’Adolphe Thiers vont faire descendre les canons et armes confisqués aux insurgés en ce jour de mars 1871.

Une barricade lors du soulèvement du 18 mars 1871.

Cette récupération des canons – fabriqués pendant le siège de Paris, payés par souscription du peuple de Paris et conservés par la Garde nationale insurgée pour se protéger – entraîne le soulèvement des Parisiens contre le gouvernement Thiers qui fuit à Versailles ; la Commune de Paris, administration municipale autonome du gouvernement français, naîtra quelques jours plus tard. Cette dernière sera violemment réprimée lors de la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871 ; Montmartre sera, une nouvelle fois, le théâtre de quelques-unes des actions les plus violentes de cette répression.

Contrairement à ce que l’on entend souvent, le Sacré-Cœur de Montmartre n’a jamais eu vocation à “expier les crimes de la Commune”, mais il a bel et bien été construit par un gouvernement opposé aux révolutionnaires, à l’endroit même où, deux années plus tôt, des Parisiens étaient fusillés à leur demande.

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