Parmi les magnifiques villages que nous vous présentons régulièrement, certains sont labellisés “Plus Beaux Villages de France”, d’autres sont classés Monuments historiques, ou parfois estampillés du label Plus beau détour de France ou Petite cité de caractère. Et puis, chaque année, un village reçoit une reconnaissance, et non des moindres : celle de “Village préféré des français” ! Et l’élu de cette année, dont le nom signifie “la rivière aux glands”, ne l’a clairement pas volé ! Et il suscite bien des curiosités avec… son étonnant arrosoir géant !
Bienvenue dans le village préféré des français !
Nous vous avons récemment emmenés à Beaumont-en-Auge, sublime village cerné de collines, et à Pontrieux avec ses 50 lavoirs, deux villages qui ont failli devenir le préféré des français en se hissant dans le top 10 ! Mais c’est une destination de la région Hauts-de-France, dans le département du Nord, qui a, cette année, ravi la première place à la commune alsacienne de Bergheim dans ce classement établi à l’issue de la célèbre émission de Stéphane Bern diffusée chaque année au mois de juin sur France 2.
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Ce village, dont l’existence remonterait au 9ème siècle a vu passer cinq familles seigneuriales depuis le Moyen-Âge, et jusqu’en 1821. L’une d’elle l’eut en sa possession durant 225 ans : la famille Guernonval, qui restaura le château et l’église du village au début des années 1600. Louis de Gernonval, mort en 1633, fut d’ailleurs le dernier membre de la lignée à être enseveli dans la crypte de l’église Saint Folquin, en l’an X du calendrier républicain (calendrier créé par la Convention nationale le 5 octobre 1793, et qui correspond aux années 1801 et 1802 du calendrier grégorien). Le château fut finalement racheté en 1821 par un négociant lillois qui fut à l’origine de la construction d’une gare et de l’arrivée des premiers trains de la Compagnie du chemin de fer du Nord en 1848, permettant ainsi le développement du village.
Un joyau authentique de l’architecture flamande
C’est qu’il y en a des choses à découvrir dans ce joli village situé à 60kms de Lille, également labellisé “Village Patrimoine”, et traversé par l’Yser. À commencer par son “hallerkerke“, une église-halle à trois nefs, en briques, typique des Flandres, construite au 10ème siècle. Classée à l’inventaire des Monuments historiques depuis 1945, l’église Saint-Folquin, du nom du cousin germain de Charlemagne auquel elle rend hommage, a subi beaucoup de modifications jusqu’au 17ème siècle.
Son clocher est l’un des seuls à posséder un carillon où 23 cloches font retentir, toutes les 15 minutes, des mélodies traditionnelles de la région. N’hésitez pas à y monter pour contempler le panorama sur la plaine flamande. Une halte au 1er étage vous permettra par ailleurs de découvrir une exposition et de visionner un film relatant l’incendie qui dévasta l’église en 1976. Autre particularité des lieux : l’orgue mésotonique de 11 mètres de haut, un instrument très rare construit par les ateliers Garnier en 1982 sur le modèle des orgues flamand du 16ᵉ siècle.
Face à l’église, sur la grand-place du village, se tient un autre monument de toute beauté et non moins imposant : l’un des derniers châteaux flamands de la région. Entouré de douves, avec ses huit tourelles et ses superbes pignons à pas de moineaux (en escaliers), on y accède par deux ponts. L’édifice datant du 9ème siècle fut lui aussi classé Monument historique en 1987, suite à l’effondrement de son donjon trois ans plus tôt.
Si ses jardins à la flamande, avec leur potager cultivé selon les principes de la permaculture, et les intérieurs du château ne se visitent que de mai à octobre, on peut néanmoins apprécier, depuis l’extérieur, son architecture exceptionnelle de style renaissance. On peut également apercevoir son élégant pigeonnier de 1606, la conciergerie de 1590, ainsi que son immense parc.
Esquelbecq et l’arrosoir d’Alice !
D’autres curiosités sont à découvrir dans le charmant village d’Esquelbecq. Il y a ses bouquinistes et librairies qui prennent un peu plus possession des lieux lors des rendez-vous littéraires qui se déroulent tout au long de l’année, mais aussi son improbable musée des Gigotos automates, où des personnages caricaturés prennent vie. Également sa brasserie Thiriez où l’on peut découvrir les méthodes traditionnelles de brassage et profiter de dégustations, évidemment avec modération ! Le cimetière et le Musée mémorial de la Plaine au bois, créé en 2000, rendent quant à eux hommage aux 80 soldats britanniques massacrés dans une grange par des SS le 28 mai 1940, durant la Seconde Guerre mondiale.
Et puis, disposé dans les jardins du château (à sa place finalement !) il y a cet étonnant arrosoir géant sur l’anse duquel grimpe un escargot ! Une œuvre contemporaine impressionnante réalisée par le sculpteur français Philippe Thill (1937-2020) et visible depuis la grand-place ! L’arrosoir d’Alice y a pris place en 2016 pour symboliser le chantier de restauration du jardin qui venait alors d’être lancé. Un chantier qui n’a eu de cesse de magnifier le domaine qui a ainsi reçu, en 2017 et 2018, trois prix dont le Prix Villandry pour la restauration du jardin, et le Grand Trophée de la plus belle restauration de la Fondation Mérimée pour celle du château.
La barre est donc encore mise bien haut pour la prochaine élection du Village préféré des français. Mais qu’Esquelbecq se rassure et profite de son sacre : la passation n’est pas pour tout de suite !
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Photo en Une : L’arrosoir d’Alice, dans les jardins du château d’Esquelbecq © Flickr Yannick Hoofd
Mélina Hoffmann