Ce village méconnu agrippé aux falaises est une merveille qui fait partie des plus Beaux Villages de France !

Après la célèbre Rocamadour, dans le Lot, construite à flanc de roche, Pont-en-Royans et ses maisons suspendues dans l’Isère, ou encore l’incroyable “cité des falaises” corse, Bonifacio, c’est dans un autre village qui semble agrippé aux falaises que nous vous emmenons aujourd’hui. Direction le magnifique département de l’Ardèche, en région Auvergne-Rhône-Alpes, pour découvrir l’un des Plus Beaux Villages de France.

Un “Village de caractère” au patrimoine riche

Ce petit village médiéval qui surplombe les Gorges de l’Ardèche est une merveille au patrimoine d’une grande richesse. C’est donc assez naturellement qu’il se trouve classé parmi “Les Plus Beaux Villages de France” et est labellisé “Village de Caractère”. Il est situé à une quarantaine de kilomètres de Montélimar, dans le Vivarais méridional, un territoire de 37 communes labellisé “Pays d’art et d’histoire” par le Ministère de la culture en 2011, et qui compte plus de 80 éléments protégés au titre des Monuments historiques.

Aussi, rien d’étonnant à ce que le village, dont l’activité était autrefois essentiellement concentrée autour de la viticulture, l’élevage et de la production de vers à soie, se consacre aujourd’hui en grande partie au tourisme. Il suffit de s’aventurer dans le dédale de ses ruelles de pierres étroites et escarpées percées d’escaliers, de passages voûtés taillés dans la roche et de petites places, pour tomber sous le charme. Parmi ces passages d’ailleurs, l’un d’eux, le Trou de la Fachinière (sorcière en Occitan), est célèbre pour sa légende selon laquelle une sorcière y vivait avant que la grotte ne soit percée en 1897 pour se changer en passage et permettre de rejoindre la rue principale.

Les falaises, une protection naturelle

C’est dans un site très minéral de falaises calcaires offrant un paysage de toute beauté que s’est construit le village, se frayant ainsi un chemin à travers les rochers, les failles, les cavités, jusqu’au percement de la route qui traverse le village à la fin du XIXe siècle. Et si les premières traces d’habitation du site remontent à l’époque néandertalienne, c’est à partir du XIe siècle que débute l’histoire des seigneurs de Balazuc. Et c’est au XIIIe siècle que ces derniers vinrent prendre leurs quartiers dans ce village qui leur permettait notamment de mieux garder la main sur la source principale de leur richesse : les mines d’argent de Largentière, située à une dizaine de kilomètres.

L’emplacement était d’autant plus stratégique que les falaises constituaient un rempart naturel face à l’ennemi. De plus, le village se situait au niveau d’un passage à gué naturel, c’est-à-dire dire d’un endroit où la rivière pouvait être traversée à pieds, qui fut longuement utilisé avant d’être remplacé, au fil des siècles, par un bac, dont on peut encore apercevoir la voie pavée menant à l’embarcadère, puis par le pont, construit en 1884 pour permettre aux enfants de la rive droite de se rendre de façon plus sûre à l’école alors devenue gratuite, laïque et obligatoire par les lois de Jules Ferry. Bien que submergé, celui-ci sortit miraculeusement indemne de la crue historique de l’Ardèche du 22 septembre 1890 qui éleva la rivière à environ 15 mètres de hauteur !

Les vestiges de la cité médiévale

Avec l’arrivée des seigneurs de Balazuc, la superficie du village fut multipliée par cinq, et de nouvelles fortifications furent édifiées pour renforcer le premier rempart existant et protéger le château surplombant le village. Ce dernier fut saisi à la Révolution, puis utilisé comme magnanerie au XIXe siècle, période où la culture des vers à soie connut ses heures de gloire dans la région, et est inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques en 1927. Racheté et restauré dans les années 2000, il fut transformé en chambres d’hôtes jusqu’en 2019. Il est aujourd’hui une résidence privée.

De ces fortifications on peut aujourd’hui encore observer quelques éléments, dont notamment la porte de la Sablière, et celle que l’on appelle ici la tour carrée, seul vestige du château tel qu’il existait au XIIIe siècle. Si on accède aujourd’hui à cette dernière assez classiquement par une entrée en rez-de-chaussée, pour visiter une exposition consacrée à l’histoire du village, celle-ci n’a toutefois été percée qu’au XIXe siècle. En effet, on peut encore observer la trace de la porte originelle qui se situait au niveau du premier étage, à l’arrière du bâtiment, et à laquelle on accédait à l’aide d’un escalier en bois qui pouvait facilement être retiré si le lieu était menacé d’attaque.

L’édifice était également protégé par la présence dans sa structure de pierres bombées, dites “à bossage”, qui permettaient de contrer les flèches d’arbalète, ainsi que par un rempart de 8 mètres de haut percé de meurtrières, dont ne subsiste aujourd’hui qu’un morceau. Situé au cœur du village, sur la place du même nom, le rempart de Portalas, a été ouvert au XVIIIe siècle pour permettre de rejoindre la route reliant le haut du village à la rivière, créée quelques années plus tôt.

Balazuc, l’un des Plus Beaux Villages de France

Impossible à manquer également à Balazuc, la tour de la Reine Jeanne, du nom du Roi René d’Anjou, édifiée au XIVe siècle face au village pour en assurer la défense. Ou encore, dans la partie basse du village, son ancienne église Romane, avec ses deux nefs, inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1927 et rénovée en 2007. Devenue trop petite pour accueillir tous les paroissiens qui abondaient depuis la construction de la route et du pont, elle fut remplacée en 1895 par l’église Sainte-Madeleine, plus vaste, construite en haut du village. Elle accueille désormais des concerts et des expositions de peintures durant la période estivale.

Période à laquelle il est d’ailleurs possible de profiter aussi de la superbe plage qui permet d’aller se rafraîchir dans la rivière, ou de se laisser glisser au fil de l’eau à travers les Gorges de l’Ardèche ! Balazuc est en effet une étape prisée des amateurs de canoë-kayak. Le village ne manque pas non plus de galeries d’art, de boutiques artisanales ni de restaurants… bref, il y en a pour tous les plaisirs !

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Mélina Hoffmann