Cinquième épisode de notre chronique sur les tueurs qui ont fait trembler les Parisiens au cours de l’Histoire : après Pranzini, Bouquiaux, Nozière et Paulin, nous dressons aujourd’hui le portrait de l’effroyable Guy Georges, violeur et tueur en série ayant sévi au cours des années 90.
Il faut remonter au début des années 60 pour connaître le début sinistre de l’histoire de l’homme qui le sera tout autant : Hélène Rampillon travaille alors au bouchon dans des bars, à côté de la base américaine de Marly-le-Roi. Ses liaisons successives avec des soldats américains lui donneront deux enfants non-désirés : Stéphane et Guy. Le premier partira avec sa mère en Californie rejoindre le père. Guy, lui, n’aura pas cette chance et sera successivement placé chez des nourrices, à la DDASS puis dans une famille adoptive angevine ayant déjà accueilli 12 enfants.
À 14 ans, Guy Georges révèle déjà un comportement imprévisible et violent en tentant d’étrangler à mains nues l’une de ses sœurs adoptives. L’incident sera passé sous silence par sa famille jusqu’au moment où il récidivera deux ans plus tard sur l’une de ses autres sœurs. Cette fois, il sera placé dans un foyer d’encadrement mais son cas ne s’améliorera pas : rejeté et seul, il commettra trois agressions, dont l’une très violente, sur des jeunes femmes, ce qui lui vaudra une condamnation d’un an qu’il purgera à la prison d’Angers. À sa sortie, il décidera de mettre le cap sur la capitale, grâce notamment au vol de 20 000 francs dans la caisse d’un des foyers l’accueillant.
Une vie d’errance et de violence, c’est ainsi qu’on pourrait décrire les premières années parisiennes de Guy Georges : le criminel alterne entre les agressions et les séjours en prison. À Nancy, en 1984, il violera une femme dans sa voiture pendant une de ses permissions et sera condamné à 10 ans de prison. En régime de semi-liberté, il s’échappe pour se rendre à nouveau dans la capitale et sévir : pendant l’hiver 1991, Guy Georges tuera pour la première fois. La victime, jeune femme de 19 ans, n’a pu lutter face à son agresseur s’étant introduit dans son domicile. Animé de pulsions, le meurtrier fou voudra récidiver l’année suivante, mais sa tentative étant ratée, il sera arrêté par les forces de l’ordre et conduit en prison.
À peine sorti en 1994, il s’en prendra en 1 an et demi à sept femmes, et tuera violemment quatre d’entre elles. L’affaire du “tueur de l’Est parisien” prend alors de l’ampleur et devient très médiatisée. Pourtant traqué, Guy Georges échappera successivement à la police de façon rocambolesque ! Tout d’abord, l’une de ses victimes dresse un portrait-robot très approximatif du tueur, ce qui ralentit l’enquête. Puis une erreur est cette fois commise par la police : les enquêteurs, ayant trouvé une trace de pas sur une scène de crime, confondent pied grec et pied égyptien. Enfin, l’assassin, témoin d’une chance incroyable, ne sera pas reconnu en photo par une autre de ses victimes.
Désormais surnommé “la bête de Bastille”, Guy Georges commettra 4 nouvelles agressions, dont deux fatales pour ses victimes. Nous sommes alors à la fin de l’année 1997 et ces crimes seront ses derniers. L’enquête prend un tournant quand le juge d’instruction Gilbert Thiel décide de mener une grande campagne de comparaison d’ADN à l’échelle nationale, Guy Georges quitte alors provisoirement Paris. Grâce à cette uniformisation, l’enquête avance et les traces trouvées sur les scènes de crimes mènent toutes au criminel : la traque du tueur de l’Est parisien est lancée !
De retour sur la capitale, Guy Georges finira par se faire coincer le 26 mars 1998 aux alentours de la station Blanche dans le 9e arrondissement, après une énième bavure policière : la presse annonce son identité le matin même de l’arrestation. Jugé en 2001, l’effroyable tueur sera condamné à une peine de perpétuité avec une période de sureté de 22 ans. Le tueur est éligible à une libération conditionnelle depuis mars 2020 mais n’en a pas fait la demande. Il avait déclaré à la fin de son procès : « Je vais m’infliger une peine. Je ne sortirai jamais de prison, vous serez tranquilles. »
Crédit photo à la une : Eric Hadj/SIPA
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