À Paris, le Triangle d’or désigne une petite partie du 8e arrondissement, délimitée par l’avenue des Champs-Élysées, au nord, l’avenue Montaigne, à l’est, et l’avenue George V, à l’ouest. Dans cette dizaine de rues, on trouve un nombre incalculable de maisons de haute-couture, boutiques de luxe, palaces et autres demeures majestueuses. Comment ce petit coin de Paris, établi sur seulement quelques rues à peine, est-il devenu le centre du luxe parisien ? Pour le comprendre, il faut remonter aux premières heures du XIXe siècle.
Dans les quartiers aisés, à chaque coin sa spécialité !
L’histoire de ce quartier devenu emblématique de la capitale n’est pas bien ancienne : elle trouve en effet ses origines après la Révolution française, suite à l’épanouissement des classes bourgeoises à Paris. Dès la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, la bourgeoisie parisienne prend progressivement la place de l’ancienne noblesse dans la haute-société et voit son pouvoir (et sa richesse !) se développer à une vitesse folle : en ce siècle industriel, les familles aisées quittent les quartiers historiques de Paris (les alentours de la place des Vosges en tête) pour s’installer dans des lieux très peu urbanisés, presque vierges d’habitation : l’ouest de Paris.
Ces nouveaux quartiers ont l’avantage de pouvoir être forgés selon le bon vouloir de leurs habitants : les plus riches se construisent de sublimes hôtels particuliers au coeur de la plaine Monceau ou dans les villages d’Auteuil et Passy, la place Vendôme attire les joailliers et les maisons de mode, les Champs-Élysées deviennent le centre de la vie mondaine grâce à une élégante promenade qui permet d’aller prendre le frais à Longchamp et de nombreux restaurants, tandis que la partie située au sud des Champs-Élysées, l’actuel Triangle d’or, devient un terrain privilégié pour les plus luxueux des hôtels particuliers.
Le Triangle d’or, un quartier né au début du XXe siècle
Si le lieu est déjà prisé des riches bourgeois parisiens, le Triangle d’or va connaître une évolution de taille au début du XXe siècle, cela grâce à trois choses : sa proximité avec les Champs-Élysées, la présence des Expositions universelles non loin et l’arrivée, en 1909, du couturier Paul Poiret dans le quartier. Ce dernier est alors l’un des plus grands noms de la haute-couture à Paris ; il sort tout droit de la maison Worth, la première maison de haute-couture au monde et la plus réputée d’entre elles à l’époque !
Alors, quand Paul Poiret décide de s’installer avenue d’Antin (actuelle avenue Franklin D. Roosevelt), tout le monde le suit… ou presque. Cette partie du quartier est déjà envahie par des structures gigantesques et monumentales, les édifices construits pour les expositions universelles, tels que le Grand et le Petit Palais ! Qu’à cela ne tienne, les couturiers décident de s’installer un chouïa à l’ouest de la maison de Paul Poiret, vers l’avenue Montaigne.
Et cela tombe bien, car c’est aussi ici, à deux pas des Champs-Élysées, que décident de s’installer plusieurs hôtels de luxe comme le Plaza Athénée en 1913 et les hôtels Prince de Galles et George V en 1928. Le mouvement est désormais lancé et ne s’arrêtera plus : Dior s’y installe en 1947, Givenchy en 1959, Yves Saint Laurent en 1974. Nina Ricci, Louis Vuitton, Balenciaga, Versace, Hermès, Chanel, Armani, Prada, Valentino… Et tellement d’autres maisons de luxe finiront également par s’installer dans ce coin de Paris, devenu le temple du luxe mondial en une petite cinquantaine d’années.
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