Au tournant du XXe siècle, près de 80 000 chevaux trottaient encore dans les rues de la capitale. Les équidés étaient essentiels au bon fonctionnement de la vie parisienne et les marchés aux chevaux des haltes habituelles pour de nombreux habitants. Encore aujourd’hui, on trouve quelques vestiges de ces anciens centres de la vie équine, témoins d’une époque où le cheval était la seule alternative à la marche à pied. On vous les fait découvrir.
Les premiers marchés dont il ne reste pas de traces
La présence d’un grand marché aux chevaux à Paris est attestée dès le XVe siècle, à l’emplacement des actuelles rues de Tournon et Garancière, dans le 6e arrondissement. Ce centre de commerce équin déménagera beaucoup au fil du temps et, dès le XVIe siècle, il s’installe rive droite, dans l’hôtel des Tournelles, un immense domaine royal édifié au nord de l’actuelle place des Vosges. Il n’y a plus de traces non plus de cet ensemble de bâtiments qui a été détruit au moment de l’édification de la plus ancienne place royale de Paris. Le marché sera encore déplacé deux fois avant de s’installer à la limite entre les faubourgs Saint-Marcel et Saint-Victor, au niveau de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire.
Les vestiges situés dans l’ancienne rue du Marché-aux-Chevaux
Au plus fort de son existence, vers la fin du XIXe siècle, ce marché du 5e arrondissement accueillera plus de 1 000 chevaux sur une surface de 18 000 mètres carrés. Deux vestiges de l’établissement peuvent, aujourd’hui, être retrouvés dans la rue Geoffroy-Saint-Hilaire. Le premier est l’édifice qui se trouve au numéro 5. Il a été construit entre 1760 et 1762 afin d’accueillir les contrôleurs et le poste de surveillance du marché dont l’entrée principale se situait à une dizaine de mètres de là . Ce pavillon de style Louis XV est inscrit aux monuments historiques depuis 1925.
Quelques mètres plus loin, on trouve un autre vestige du marché, plus anecdotique, mais pas moins intéressant. Sur la façade des numéros 11 et 13, on découvre ainsi une inscription, “Marchands de chevaux, poneys, doubles poneys de toutes provenances et chevaux de trait”, accompagnée d’une tête de cheval sculptée. L’immeuble a été construit au XXe siècle, après la disparition du marché, mais les architectes ont souhaité conserver un petit souvenir de l’établissement établi avant lui. Un joli clin d’oeil qui ravira les amateurs d’histoire parisienne !
Pavillon des contrôleurs du marché – 5 rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005
Frise de l’ancien marché – 11/13 rue Geoffroy SAint-Hilaire, 75005
Métro : Saint-Marcel (ligne 5), Gobelins (ligne 7)
Les vestiges du quartier Vaugirard
En 1907, pour des raisons pratiques (le 5e arrondissement n’a pas d’accès direct aux voies de chemin de fer) et parce que le vacarme et les odeurs commencent à déranger les voisins, le marché est déplacé dans le 15e arrondissement. Il s’établit aux côtés des abattoirs de Vaugirard, installés là depuis 1898. Il restera à cet endroit jusqu’à sa fermeture en 1976.
Au début des années 1980, les anciens hangars et halles qui accueillaient les animaux sont presque intégralement détruits, laissant place au Parc Georges Brassens. On peut néanmoins encore trouver quelques traces, plus ou moins visibles, de l’ancien marché dans le quartier. La crèche des Morillons, installée au numéro 44 de la rue du même nom, s’appuie en effet sur la structure d’un ancien hangar à fourrage, tandis que le marché du livre ancien et d’occasion ouvert depuis 1987 prend place dans une halle à chevaux. On peut également retrouver plusieurs hauts-reliefs représentant des chevaux sur la façade du théâtre Le Monfort, situé au 106 de la rue Brancion, là ou se trouvait l’une des entrées principales du marché.
Le vestige le plus remarquable (et remarqué) reste cependant l’ancienne porte monumentale qui donnait accès au marché et aux abattoirs hippophagiques de Vaugirard. En arcade et surmontée d’un sculpture en tête de cheval, cette porte trône à l’angle des rues Brancion et des Morillons :
Crèche des Morillons – 44 rue des Morillons, 75015
Marché du livre ancien et d’occasion – 104 rue Brancion, 75015
Théâtre Le Monfort – 106 rue Brancion, 75015
Porte monumentale de l’ancien marché – Angle des rues Brancion et des Morillons, 75015
Métro : Porte de Vanves (ligne 13)
Cyrielle Didier